Par M. Mansour
Deux semaines après la visite de Rodolphe Saadé, président-directeur général du groupe CMA CGM en Algérie, la vice-présidente exécutive de l’armateur français, Christine Cabau, a été reçue hier par le ministre des Transports, Saïd Sayoud. Selon un communiqué du ministère, la réunion a porté sur « certains dossiers en relation avec le transport maritime de marchandises et de voyageurs ».
Cette réunion s’inscrit dans le prolongement direct des échanges de haut niveau tenus le 2 juin dernier, lors de l’audience accordée par le président Abdelmadjid Tebboune à Rodolphe Saadé au palais d’El Mouradia. Si l’ensemble des axes de coopération a été abordé, la rencontre n’a débouché sur aucune signature formelle. Selon une source interne à CMA CGM citée par le quotidien français L’Opinion en début de mois, les négociations restent en cours et pourraient aboutir d’ici la rentrée de septembre.
Un intérêt exprimé pour le port d’Oran
Pour mieux comprendre les enjeux de la rencontre entre la vice-présidente du groupe et M. Sayoud, l’Algérie Aujourd’hui a sollicité Michel Bisac, président de la Chambre de commerce et d’industrie algéro-française (CCIAF). Ce dernier a confirmé l’intérêt exprimé par CMA CGM pour la gestion du port d’Oran, une information également relayée par L’Opinion dans son édition du 4 juin. Le quotidien français évoque même la possibilité pour le groupe de prendre en charge l’exploitation complète d’un terminal stratégique, mais, à ce stade, aucune confirmation officielle n’a été apportée.
Outre sa volonté de gérer un port stratégique, CMA CGM, qui détient la première part de marché du transport de conteneurs en Algérie et est présente dans neuf ports du pays s’intéresserait également à la décongestion de certains terminaux, notamment ceux d’Alger et d’Oran, où les délais d’attente peuvent atteindre entre sept et dix jours.
Deux liaisons maritimes en projet
L’ambition de l’armateur français dépasse le seul cadre de la gestion portuaire, puisqu’il envisage également d’introduire sa filiale de transport de voyageurs, La Méridionale, comme l’a confirmé M. Bisac. Celle-ci étudierait actuellement l’ouverture de deux liaisons maritimes régulières pour les passagers entre Marseille et les ports d’Oran et d’Annaba, bien qu’aucun calendrier de lancement n’ait été communiqué à ce stade.
Un réseau portuaire en transformation
Parallèlement, des investissements dans la construction et la gestion de terminaux portuaires sont évoqués. Ces projets s’inscriraient dans une dynamique plus large, impulsée par les autorités, visant à renforcer les capacités des infrastructures existantes, expliquait déjà la source citée par L’Opinion, rappelant que la plupart des ports algériens présentent actuellement un tirant d’eau inférieur à 12 mètres. Des opérations de dragage sont en cours afin d’atteindre une profondeur de 17 mètres, seuil considéré comme nécessaire pour accueillir des navires de plus grande capacité.
Des discussions en cours, sans formalisation
Reste que, pour l’heure, aucun calendrier n’a été communiqué, aucun protocole n’a été signé. Les projets évoqués relèvent encore du registre des intentions. Lors de son passage à Alger, Rodolphe Saadé a cependant promis de « continuer à se développer en Algérie » après trente-sept ans de présence, sans livrer de détails sur les contours ou les échéances des investissements envisagés. L’ampleur de l’engagement du groupe en Algérie reste donc à préciser.