L’homme d’affaires et magnat des médias français, Vincent Bolloré, est enfin rattrapé par ses douteuses opérations d’investissement dans la logistique, la gestion des ports de pays de l’Afrique de l’Ouest où il s’est imposé par des tours de passe-passe mêlant corruption, trafic d’influence pour s’accaparer des marchés de ce segment du transport maritime. Toutes les tentatives de le déloger avaient échoué. Il avait son empreinte jusque dans l’orientation des choix politiques des électeurs des pays où il opérait. Les dividendes de ses ingérences dans les élections, a-t-il été démontré, par la preuve de témoignages, y compris de chefs d’Etat élus selon le système Bolloré, sont de juteux contrats de longue durée à l’avantage de Bolloré Logistics. Ce passé sulfureux vient de le rattraper à la faveur d’une plainte déposée contre lui par onze ONG panafricanistes, un collectif dénommé Restitution pour l’Afrique, devant le parquet national financier de Paris. Il est ainsi accusé de «recel et blanchiment d’argent» dans le cadre de ses activités logistiques en Afrique, précisément la gestion des ports.
Mais Vincent Bolloré qui, pour rappel, avait croisé sur son chemin africain un certain Bob Denard, qui défaisait les présidents élus – Bolloré les faisait par une corruption électorale – s’est vite débarrassé de sa filiale africaine de Bolloré Logistics au profit de l’armateur italo-suisse MSC, en 2022, dans une opération qui lui rapporta 5,7 milliards d’euros dont réclame la restitution la requête du collectif. Cette opération de cession concédée par Vincent Bolloré intervient dans le sillage des premières enquêtes et plaintes qui avaient commencé à le cibler et ses activités entourées de soupçons.
Une plainte inédite, ont évoqué des médias français qui ont cité le collectif d’ONG présentes au Togo, en Guinée, au Cameroun, au Ghana, en Côte d’Ivoire et en RDC contre un oligarque de l’extrême droite à l’ascension fulgurante et sa boulimie pour les médias dont il remodela les lignes éditoriales et remplaça nombre de professionnels pour mettre ces acquisitions – aujourd’hui dans le viseur de l’arbitre de l’audiovisuel français, l’Arcom – au seul service de son idéologie extrémiste la plus rétrograde et réactionnaire jamais connue par la droite. En effet, dans la panoplie des chaînes détenues par Bolloré, de Canal+ à CNews, C8 a dépassé les limites professionnelles et de déontologie, au point d’être interdite de fréquence par l’Arcom. Les premières auditions – il y en eu plusieurs dans le cas de C8 – devaient servir d’alerte pour Bolloré. Mais il a continué à encourager ses «engagés» pour maintenir le cap de sa ligne en décalage avec les «objets» de ses médias. En effet, les plateaux de divertissement sont devenus des tribunes politiques en usant de parades dont les animateurs excellent.
C’est dans ce contexte de difficultés de son groupe médias que les ONG ouest- africaines passent à l’offensive et déposent plainte contre l’homme qui ne recule devant rien, ne s’encombre nullement des méthodes et règles, pour ses intérêts. Il aurait, selon des sources, fait un passage chez la gendarmerie française avant son aventure africaine où il fait ses premières armes aux côtés du légendaire mercenaire français, le défunt Bob Denard.
«Nous tentons de condamner la méthode Bolloré, les pratiques et le système qui a été mis en place pour pouvoir faire gagner des élections et avoir des intérêts et des dividendes en gérant les ports en Afrique», a déclaré Jean-Jacques Lumumba, militant anti-corruption, le président du collectif Restitution pour l’Afrique, cité par la presse. Les plaignants citent précisément la vente de la filiale Bolloré Africa Logistics pour 5,7 milliards d’euros qu’ils considèrent comme des «biens mal acquis inversés».
«Grâce à tout ce système que nous avons pu documenter, de conflits d’intérêt, de blanchiment d’argent, de trafic d’influence, tout cela aboutit à des bénéfices et à la vente de Bolloré Logistics. Et cet argent atterrit en France. Nous sommes convaincus que cela fait partie d’un vaste système, d’une méthode Bolloré pour pouvoir blanchir les capitaux», a précisé le digne héritier de Patrice Lumumba, Jean-Jacques Lumumba.
Son procès, s’il est programmé, sera une épreuve pour la justice française et une occasion de mettre à nu le système de prédation mis en place par Vincent Bolloré.
Djilali B.