L’Algérie, de la faillite au développement

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Par Nabil M.

 

Après des années de défaillances économiques, «l’Algérie commence à reprendre le vrai sens du développement dans l’intérêt des entreprises et des travailleurs», a indiqué hier le président de la République.

Lors de la cérémonie de célébration de la journée internationale des travailleurs, organisée au siège de la centrale syndicale (UGTA), à la maison du peuple (Alger), Abdelmadjid Tebboune n’a pas manqué de rappeler la situation dramatique qu’a vécue le pays avant le Hirak. «En 2019, nous avons trouvé le pays dans un état déplorable dû à une décennie mafieuse, avec des salaires impayés, une économie en faillite, un déficit du trésor public, des réserves de change dévorées, soit un dérapage inédit», a-t-il indiqué.

Cette situation, explique le chef de l’Etat, a été surtout caractérisée par un délaissement total de la catégorie des travailleurs et de la couche moyenne, au cours de laquelle le riche s’est enrichi davantage et le pauvre s’est appauvri de plus en plus. «C’était un plan bien étudié pour faire baisser le moral des Algériens, pour les pousser à abandonner le pays au profit de ceux qui ne le méritent pas», a-t-il martelé. Il a ajouté que le pays allait directement vers l’endettement et «nous allions perdre totalement notre souveraineté nationale, jusqu’à ce que le Hirak béni vienne sauver la situation».

 

Plus de 900 entreprises étaient à l’arrêt

Revenant toujours sur la situation d’avant le Hirak, le président de la République a indiqué que l’économie s’appuyait sur une base fragile, favorisant l’importation d’une manière abusive, en gonflant les factures au détriment de la caisse publique et en défavorisant la production nationale. «L’argent du trésor public était dépensé à l’étranger pour l’achat d’hôtels de luxe et des résidences prestigieuses. Les fonds publics ont été ainsi dispatchés entre eux pour qu’il n’y ait pas de production nationale», a-t-il expliqué.

En 2022, après avoir enquêté sur la situation de notre économie, il s’est avéré que plus de 900 entreprises étaient restées suspendues pour ne pas gêner le processus d’importation massive. «Ces unités de production étaient prêtes à produire, alors qu’elles étaient bloquées en raison d’une bureaucratie tenace.» En six mois seulement, «ces entreprises ont pu se relancer et offrir plus de 22.000 postes de travail», a-t-il dit.

Concernant l’endettement, le président de la République a fait savoir qu’il avait décidé de rétablir la situation économique, sans pour autant revenir à l’endettement. «Je considère que l’endettement est une trahison pour nos martyrs», a-t-il souligné. Pour le chef de l’Etat, la bénédiction et les richesses du pays se sont transformées par les mains de la Issaba en malédiction. Il a assuré, à ce propos, que ceux qui ont pillé l’argent des pauvres et ont mené le pays à la situation d’avant seront poursuivis par la justice, affirmant par l’occasion : «Nous nous sommes débarrassés définitivement de l’économie de rente.»

 

Les PME et PMI, la numérisation, les hydrocarbures…

 

Pour la relance de l’économie, Tebboune dit avoir décidé de s’appuyer sur les petites et moyennes entreprises, en raison de leur coût de financement qui est plus bas par rapport aux grandes entreprises, et leur attractivité en matière de création de postes d’emploi. «Aujourd’hui, nous avons plus de 7000 startups qui activent en Algérie et, nombre d’entre elles, sont même parvenues à exporter.»

Sur un autre chapitre, le chef de l’Etat a indiqué que la décision d’interdire l’importation du carburant visait à «forcer la production de cette matière et nous sommes parvenus à relever le défi», s’est-il réjoui, ajoutant que, dans une année, «nous pourrons exporter ce produit grâce aux raffineries dont disposerait le pays».

Concernant les investissements, le président a rappelé que ce processus n’est plus entre les mains des pouvoirs publics, mais un organisme spécialisé, en l’occurrence l’agence algérienne de la promotion des investissements (Aapi), qui est chargé de l’exécuter en distribuant le foncier économique aux porteurs de projets. Ceci en parallèle au nouveau code d’investissement, dont la réglementation est inchangeable pour une durée de 10 ans.

Il annonce à ce propos que 100 demandes d’investissements étrangers ont été déposées à l’Aapi, et plus de 7000 de la part d’investisseurs nationaux, dont des Algériens résidant à l’étranger.

Le chef de l’Etat n’a pas oublié, dans son discours, de mettre l’accent sur la numérisation, assurant que c’est le seul moyen pour enlever le flou et d’avoir de véritables chiffres sur l’économie, assurant que «l’économie, ce sont des chiffres réels».

 

«En 2024-2025, nous produirons notre propre sucre»

 

Le président a mis en avant l’industrie de la transformation qui représente, selon lui, une grande partie du secteur industriel. A ce propos, il annonce que d’ici fin 2024 et début 2025, nous produirons notre propre sucre qui ne s’appuie pas sur de la matière importée, comme c’est le cas pour la production de l’huile à Béjaïa. «C’est cela la vraie indépendance», a-t-il affirmé, ajoutant que cela ne peut se faire que si nous consommons de ce que nous produisons.

Toujours au sujet de la production nationale, Abdelmadjid Tebboune a affirmé que l’Algérie a commencé à produire une véritable industrie, notamment dans l’électroménager, assurant que lors de la prochaine foire de la production nationale, tout le monde va constater le made in Algeria, soulignant que c’est cela l’économie qui absorbe le chômage.

Sur cette même lancée, le chef de l’Etat a donné plusieurs exemples sur les matières autrefois importées et qui sont aujourd’hui produites en grandes quantités et même exportées, ce qui est le cas notamment pour le ciment. D’autres produits, comme le fer, ont également connu une forte hausse de production et d’exportation, rappelle le président, affirmant que pour la première fois de son histoire, l’Algérie a pu augmenter ses exportations hors hydrocarbures.

Concernant le PIB de l’Algérie, le président dira que le pays a connu un bond qualitatif, en passant à 164 milliards de dollars en 2015-2016, à 260 et 270 milliards USD en 2023, assurant qu’il passera en 2026-2027 à 400 milliards, ce qui classera l’Algérie à la première ou deuxième place de l’économie africaine.

Au sujet de la revalorisation du dinar, Abdelmadjid Tebboune a indiqué que la dernière hausse de la monnaie nationale est certes minime, mais elle annonce le début d’une augmentation qui est appelée à s’accroître dans l’avenir. 

 

N. M.