L’Algérie a décidé de mener seule la bataille du phosphate en confiant le mégaprojet de phosphate intégré aux deux compagnies publiques, Sonatrach et la Sonarem.
PAR ABDELLAH B.
Hier, à l’occasion du coup d’envoi de l’exploitation de l’une des plus grandes réserves mondiales de phosphate estimée à 3 milliards tonnes, dont 1,2 milliard de tonnes dans la mine de Bled El Hadba, le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, a annoncé un changement dans la stratégie de réalisation de ce grand projet structurant. Désormais, le projet sera chapeauté par la Sonatrach avec le soutien de la Sonarem. «Sonatrach et Sonarem ont les compétences et le savoir-faire nécessaires pour mener à bien ce projet structurant et nous allons réussir notre démarche visant à faire de l’Algérie l’un des plus importants fournisseurs du marché mondial en ce produit indispensable pour la sécurité alimentaire du pays et dans le monde» affirme-t-il. Selon ce dernier, les raisons de ce changement de cette stratégie s’expliquent par les besoins de l’accélération de la mise en œuvre de ce projet et «la lenteur constatée chez le partenaire chinois» dans l’entame des travaux de réalisation.
Relever le défi avec des compétences 100% algériennes
Selon le PDG du groupe énergétique, il s’agit d’une nouvelle étape franchie avec le lancement officiel des travaux d’exploitation de la mine de phosphate qui est «cruciale» pour un projet qui revêt une importance capitale pour l’économie nationale et pour le groupe Sonatrach. «La Sonatrach est chargée par les autorités publiques de mener à bien ce projet stratégique et nous sommes bien déterminés à le livrer dans les délais précis, et ce, avec le soutien de notre partenaire Sonarem», indique M. Hachichi. «Au début, la Sonatrach s’est engagée dans ce projet avec une de ses filiales, aujourd’hui le dossier est géré par la Direction générale du groupe, ce qui relève l’importance accordée à ce projet et notre détermination à le livrer dans les délais», explique-t-il. Revenant sur ce sujet, Mohamed Arkab n’a pas manqué l’occasion pour mettre en avant les compétences locales de la Sonarem et de la Sonatrach qui disposent aujourd’hui d’un savoir-faire reconnu sur la scène internationale. «Ce projet stratégique sera réalisé à 100%, par des compétences algériennes sous l’égide de la Sonatrach. Il sera réceptionné dans les délais précis», indique le ministre.
Un projet stratégique d’envergure internationale
En fait, la mine de Bled El Hadba représente un intérêt stratégique pour la région et pour l’économie nationale en général. Sur ce point, la Sonatrach affiche sa détermination «à bien mener ce projet» très attendu dans le pays. Implanté sur une superficie de plus de 4800 ha, la mine de Bled El Hadba dispose d’une réserve de plus de 1,2 milliard de tonnes. La nouvelle stratégie tracée par les pouvoirs publics pour la mise en œuvre de ce projet de phosphate intégré consiste en sa réalisation en deux phases, et ce, à partir de 2026. En fait, cette première étape qui a été entamée hier est celle de la préparation de la mine avec une extraction de 2,5 millions de tonnes de la roche phosphatique, et ce, avant son entrée en production en 2027 pour atteindre un volume de production de 5 millions de tonnes de phosphate brut, soit 3,5 millions de tonnes de phosphate enrichi. Cette première phase de projet 2027-2030 coïncidera avec l’entrée en production de la première partie du complexe de transformation et de production dont le coup d’envoi des travaux de préparation du terrain a été donné hier par le ministre de l’Energie. La deuxième phase de ce projet qui devrait être entamée en 2031 est celle de la production maximale, soit 10,5 millions de tonnes, ce qui donnera un volume de 6 millions de tonnes de phosphate enrichi. D’une durée de vie de 80 ans, le gisement de phosphate de Bled El hadba est considéré comme l’un des plus importants dans le monde avec une réserve de 3 milliards de tonnes pour un retour sur investissement de 1,5 milliard de dollars par an.
Les travaux ont été lancés hier : Un grand complexe de transformation et de production de fertilisants à Oued Keberit (Souk Ahras)
Après l’entame des travaux de réalisation de l’infrastructure de transport, notamment le chemin de fer et le port d’Annaba, Sonatrach a donné le coup d’envoi de la mise en place de l’un des plus importants projets de transformation et d’enrichissement de phosphate dans la région de Souk Ahras. Les travaux de réalisation de ce nouveau complexe seront lancés prochainement, d’après le PDG de la Sonatrach pour la production des engrais phosphatés azotés, l’urée, l’ammoniac et les acides sulfuriques des produits indispensables pour le développement du secteur de l’agriculture dans le cadre de la stratégie de l’Etat visant la création d’un grand nombre de périmètres agricoles qui requerront la fourniture de grandes quantités de fertilisants pour préparer le sol, et ce, dans un contexte local et international marqué par une demande croissante sur ces produits. Une production abondante de ces produits d’abord pour satisfaire la production nationale, et ensuite diriger l’excédent de la production sur le marché international via le port d’Annaba. «Le projet est devenu une réalité et aura un impact socioéconomique sur la région et sur l’économie nationale en général à travers la création des postes d’emploi. Ce projet constitue la pierre angulaire pour l’autosuffisance de l’Algérie en matière de production de fertilisants agricoles et assurera des milliers d’emplois pour les jeunes de la région. D’après les données de la compagnie publique ce nouveau complexe sera réalisé en deux phases de 4 ans pour chacune. «Au mois de décembre, on procédera à la signature de contrat de réalisation de ce grand projet qui sera équipé en équipements de haute technologie», indique le patron de Sonatrach.
A.B.