L’Algérie décidée à relever le défi de l’autosuffisance en sucre

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PAR NABIL M.

Dans le cadre de la politique des pouvoirs publics visant à relancer les unités industrielles stratégiques, l’Algérie franchit une étape majeure dans sa quête d’autosuffisance alimentaire.

A cet effet, le ministre de l’Industrie, Sifi Ghrieb, accompagné de la wali de Boumerdès, Naama Fouzia, a assisté, jeudi, avec satisfaction, à la réussite des essais de production de l’usine Tafadis, un complexe sucrier ultramoderne situé dans la zone industrielle de Larbaâtache (Boumerdès).

Il s’agit d’une étape importante pour stimuler la production locale du sucre et réduire la dépendance à l’égard des importations, contribuant à la sécurité alimentaire et à la création d’emplois. Dans sa déclaration, le ministre de l’Industrie a assuré que l’usine en question «entrera en service dans les délais impartis», saluant au passage «la compétence des responsables du projet et leur conformité aux directives du président de la République».

Cette visite du ministre fait suite à celle effectuée le mois de février dernier au même complexe, lors de laquelle M. Ghrieb avait indiqué que «l’usine entrera en phase d’essai d’ici la fin du mois de mars, avant de démarrer officiellement sa production», ce qui contribuera à la sécurité alimentaire et au renforcement du développement économique du pays.

Ce projet s’inscrit dans une dynamique de relance industrielle et de diversification économique, répondant aux besoins croissants du marché national en produits sucriers tout en créant des opportunités d’emploi significatives, avec 1200 postes prévus, dont 500 directs et 700 indirects.

 

Une production annuelle prévue de plus de 600 000 tonnes

L’usine, qui s’étale sur 14 hectares dont 7 de bâti, représente un investissement de 30 milliards DA comprenant des équipements de dernière génération garantissant une production aux standards internationaux les plus exigeants. Le complexe prévoit de commercialiser 660 000 tonnes de sucres, tous produits confondus, à savoir le sucre blanc avec 445 500 t/an, le sucre roux 66 000 t/an et enfin le sucre liquide avec 148 500 t/an.

Ce complexe industriel ultramoderne utilise du sucre de canne brut importé du Brésil, transformé grâce à un processus de raffinage sophistiqué, un processus qui inclut des étapes de nettoyage, de clarification et de cristallisation, assurées par des équipements de haute technologie comme des centrifugeuses et des chaudières à vapeur. La raffinerie fonctionne en autonomie énergétique grâce à sa centrale électrique de 8000 kVA et recycle intégralement l’eau utilisée, minimisant ainsi son impact environnemental.

A travers cette raffinerie, qui vise à répondre aux besoins nationaux, Tafadis ambitionne de positionner l’Algérie comme un acteur majeur sur le marché international du sucre, tout en adoptant des pratiques éco-responsables certifiées ISO 9000 et ISO 14000.

Vers une filière betteravière 100% algérienne

Mais l’ambition ne s’arrête pas là. En août dernier, le groupe Madar Holding a dévoilé un projet de production de sucre à partir de la betterave sucrière dans la wilaya de Ouargla, qui sera réalisé par sa filiale sucrière Tafadis. Une première réunion de travail s’est tenue le même mois avec l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI) afin de discuter des détails du projet.

Il s’agit de la construction d’une usine de production de sucre à partir de la betterave sucrière dans la wilaya de Ouargla, un investissement qui devrait dépasser les 80 milliards DA et entraîner la création de plus de 600 emplois directs, ainsi que de milliers d’emplois saisonniers et indirects.

En janvier 2024, l’entreprise Tafadis avait signé un mémorandum d’entente avec l’entreprise américaine Reasol, visant à développer conjointement un projet intégré d’industrie sucrière. «Ce mémorandum jettera les bases d’un partenariat stratégique entre Tafadis et Reasol, firme texane réputée dans le domaine agroalimentaire», avait expliqué Madar Holding dans un communiqué.

L’objectif est de développer conjointement un projet intégré allant de la culture à grande échelle de la betterave sucrière jusqu’à sa transformation industrielle, afin de produire un sucre blanc 100% algérien répondant aux meilleurs standards internationaux.

Force est de constater qu’en quelques années, l’Algérie a opéré une mue industrielle remarquable dans le secteur sucrier. Entre la raffinerie high-tech de Boumerdès et le projet betteravier de Ouargla, le pays écrit une nouvelle page de son indépendance alimentaire, tout en offrant des débouchés économiques prometteurs. Preuve que la relance des unités confisquées, couplée à des investissements audacieux, commence à porter ses fruits.