PAR NABIL M.
Dans l’entretien exclusif accordé au journal français «L’Opinion», le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a détaillé sa vision pour l’Algérie de demain.
Une nation émergente, économiquement prospère et résolument tournée vers l’avenir, avec des projets structurants et une stratégie claire, telle est la vision affichée par le chef de l’Etat dans son entretien médiatique, dans lequel il a exprimé une ambition sans précédent pour hisser l’Algérie au rang des économies les plus dynamiques de la région méditerranéenne. Il insiste également sur la nécessité de réviser les accords commerciaux avec l’Union européenne pour favoriser des échanges plus équitables et mutuellement bénéfiques.
Ainsi, le président de la République a dressé un tableau ambitieux pour l’Algérie de demain. «Si Dieu le permet, peut-être dans deux ans maximum, l’Algérie sera un pays émergent du niveau des pays du sud de l’Europe, avec un PIB de plus de 400 milliards de dollars», a-t-il déclaré. Cette projection repose sur une série de réalisations et de projets en cours, qui témoignent d’une transformation profonde de l’économie nationale.
Parmi les priorités figure la résolution des défis structurels, tels que la crise du logement et la pénurie d’eau. «Début 2027 tout au plus, nous aurons achevé la construction de notre programme de 3,5 millions de logements – deux millions sont déjà livrés -, nous en aurons aussi terminé avec la crise de l’eau», a-t-il assuré. Ces efforts s’accompagnent d’une stratégie visant à réduire la dépendance aux importations de matières premières et à renforcer la production locale. «Notre objectif est de fabriquer le maximum de produits sur place», a-t-il souligné.
L’Algérie mise également sur le développement de secteurs clés, tels que les phosphates et leurs dérivés, où elle ambitionne de devenir l’un des plus grands exportateurs mondiaux. Par ailleurs, le pays investit massivement dans les énergies renouvelables, notamment l’énergie solaire et la production d’hydrogène vert, une ressource stratégique qui pourrait renforcer son attractivité industrielle et sa capacité à fournir de l’énergie à l’Europe.
Des conditions «préférentielles» pour les produits algériens en Europe
L’un des points forts de l’entretien a été l’insistance du président Tebboune sur la nécessité de réviser l’accord d’association avec l’Union européenne, entré en vigueur en 2005. «Notre ambition exportatrice s’affirme. En 2005, nous n’avions guère de production en dehors des hydrocarbures. Aujourd’hui, nous avons une production industrielle nationale», a-t-il expliqué. Il a cité l’exemple de l’électroménager, désormais entièrement fabriqué en Algérie, ainsi que le secteur agricole, qui génère 37 milliards de dollars par an, selon la FAO.
Le président de la République réclame des conditions préférentielles pour l’accès des produits agricoles et de l’acier algériens au marché européen. «Il faut réviser l’accord pour que nos produits agricoles et notre acier accèdent au marché européen dans des conditions préférentielles», a-t-il plaidé. Cette demande s’inscrit dans une volonté plus large de rééquilibrer les relations commerciales avec l’Europe, en tenant compte des progrès économiques réalisés par l’Algérie.
Une ouverture stratégique aux investissements étrangers
Abdelmadjid Tebboune a également évoqué la diversification des partenariats économiques de l’Algérie, soulignant le rôle croissant des investisseurs étrangers, notamment chinois et italiens. «L’Algérie est aussi en train de faire ses propres investissements et a ouvert son économie à d’autres investisseurs étrangers», a-t-il déclaré. Il a salué la nouvelle loi sur l’investissement, qui facilite l’arrivée de capitaux étrangers, et a mentionné près de 11 000 projets déposés auprès de l’Agence algérienne de promotion des investissements (AAPI).
Les investissements chinois, en particulier, couvrent des secteurs variés, allant des technologies de pointe à l’électronique, en passant par le numérique et les batteries au lithium, selon le chef de l’Etat, qui a également rappelé les liens historiques entre l’Algérie et la Chine, marqués par un soutien mutuel et une coopération politique de longue date.
Du côté européen, l’Italie apparaît comme un partenaire privilégié, selon le président Tebboune qui a salué la fiabilité de ce partenariat. Il a également mentionné le Fonds Mattei pour l’Afrique, dont l’Algérie est le principal contributeur sur le continent, et a loué l’engagement de la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, en faveur de la coopération économique.