L’Algérie en passe d’obtenir la certification internationale de l’OMS

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Industrie pharmaceutique: nouvelle procédure d'agrément

PAR NABIL M.

Le secteur pharmaceutique national s’apprête à franchir un grand pas dans son intégration sur les marchés internationaux et la reconnaissance internationale de son industrie.

Actuellement en pleine auto-évaluation sous la supervision de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le système national de réglementation pharmaceutique s’apprête à décrocher, d’ici septembre, la certification de «maturité 3», un label convoité qui ouvrirait grandes les portes des marchés internationaux aux médicaments «made in Algeria».

Cette évaluation, rendue publique par le ministre de l’Industrie pharmaceutique, Ouacim Kouidri, lors d’une rencontre avec les représentants de l’OMS et de l’Agence nationale de la sécurité sanitaire, marque une accélération des efforts de l’Algérie en matière de conformité aux normes internationales, «ce qui renforcera la compétitivité du produit local sur les marchés internationaux», selon les déclarations du ministre, lors d’une conférence de presse organisée en marge de cette rencontre.

Pour M. Kouidri, cette évaluation «contribuera à la promotion de la production pharmaceutique génératrice de la valeur ajoutée au niveau local et à l’exportation d’un produit compétitif répondant aux normes internationales». Une démarche, poursuit le ministre, qui «s’inscrit dans le cadre de la concrétisation des orientations du président de la République, visant à atteindre le succès escompté dans le domaine pharmaceutique».

Cette opération, appuyée techniquement par l’OMS, vise également, selon le ministre, «à renforcer les capacités nationales en matière de réglementation pharmaceutique, améliorer la transparence et l’efficacité des procédures en vigueur en la matière, et garantir aux citoyens un accès à des produits pharmaceutiques sûrs, efficaces et de haute qualité». Il s’agit aussi de contribuer à «la mise en place d’un système réglementaire reconnu sur le plan international», a-t-il aussi ajouté.

 

Un tournant stratégique

Pour les autorités du pays, l’enjeu de cette certification est double. Il s’agit d’asseoir la souveraineté sanitaire tout en positionnant l’Algérie comme un acteur compétitif sur le marché pharmaceutique global. La certification de maturité 3 permettrait à l’Algérie de devenir le 9e pays africain à obtenir ce niveau de reconnaissance, qui atteste de la robustesse des systèmes de réglementation en matière de sécurité, qualité et efficacité des médicaments.

M.Phanuel Habimana, représentant de l’OMS en Algérie, salue une «progression exceptionnelle depuis la précédente évaluation en 2022», soulignant que «les responsables de l’opération accomplissent un travail acharné, à travers une révision globale du système national, comprenant 260 indicateurs inclus dans neuf fonctions réglementaires».

La quête de la certification de l’OMS s’inscrit dans les orientations stratégiques définies par les hautes autorités du pays, visant à transformer un secteur longtemps dépendant des importations en une filière exportatrice, génératrice de valeur ajoutée, capable de rivaliser avec les standards internationaux.

 

Une industrie en quête de reconnaissance

Le secteur de l’industrie pharmaceutique, faut-il le rappeler, avait déjà entamé des opérations de modernisation et d’adaptation de ses produits aux normes internationales. En janvier dernier, un projet pilote de sérialisation des médicaments a été lancé par la tutelle en coordination avec le Haut-Commissariat à la numérisation, permettant d’identifier chaque boîte de médicament de sa sortie d’usine jusqu’à l’officine. Un outil de transparence et de lutte contre la contrefaçon, qui s’inscrit pleinement dans les exigences des marchés internationaux.

Cette mise en place de la sérialisation des médicaments constitue un tournant stratégique pour les producteurs locaux, notamment le groupe public Saïdal, pilier du secteur, qui ambitionne d’ores et déjà de réaliser 10% de son chiffre d’affaires à l’export, ciblant prioritairement l’Afrique (Libye, Sénégal, Afrique du Sud…). Le groupe vise une présence renforcée sur le continent avec l’enregistrement de ses produits dans une dizaine de pays africains, tout en lorgnant vers les marchés européens, asiatiques et américains.

Avec 30% des usines pharmaceutiques du continent et une production couvrant déjà 72% des besoins nationaux, l’Algérie s’impose progressivement comme un pôle pharmaceutique régional. Le taux de couverture est d’ailleurs appelé à grimper à 80%, avec une production renforcée notamment pour les médicaments contre le cancer et les pathologies chroniques.

Ainsi, à travers cette opération de mise à niveau, l’Algérie ne cherche pas seulement à exporter davantage, mais elle affirme une volonté politique de garantir un accès équitable à des médicaments sûrs, efficaces et de qualité pour sa population, tout en se taillant une place sur un marché mondial en pleine mutation.