L’Algérie ferme son espace aérien au Mali : Chronologie d’une série de provocations inacceptables

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Par Zine Haddadi

 

Derrière l’escalade de tension qui marque les relations algéro-maliennes ces dernières heures, un long feuilleton de provocations de la part de la junte militaire au pouvoir à Bamako auquel l’Algérie a fini par répondre de la plus ferme des manières.

Si l’abattage par l’armée algérienne d’un drone malien ayant violé l’espace aérien de l’Algérie la semaine dernière a été instrumentalisé par la junte malienne pour exacerber les tensions avec Alger, il faut remonter à plus dans la chronologie des événements pour comprendre l’ampleur de la crise actuelle entre les deux pays.

La junte menée par le colonel Assimi Goïta a accusé ouvertement l’Algérie, dans la soirée du dimanche dans un communiqué d’avoir abattu un de ses drones au niveau de l’espace aérien malien, contredisant le premier communiqué diffusé par l’Armée algérienne au lendemain de l’incident dans lequel elle avait clairement indiqué que l’engin abattu avait pénétré l’espace aérien algérien dans la région de Tinzaouatine.

Ne se contentant pas de ces accusations, la junte malienne a tenté d’embarquer dans sa nouvelle provocation le Niger et le Burkina Faso avec qui elle forme l’Alliance des Etats du Sahel (AES) dans un second communiqué au nom de cette entité formée par les trois pays voisins.

 

Alger répond par la diplomatie et par les actes

La réponse d’Alger n’a pas tardé. Elle s’est déclinée en deux phases. Une réponse diplomatique via un communiqué du ministère des Affaires étrangères qui a été suivie par la décision de la fermeture de l’espace aérien algérien à tous les avions de et vers le Mali annoncé par un communiqué du ministère de la Défense nationale.

Dans son communiqué, le ministère des Affaires étrangères a apporté des éléments tangibles sur les circonstances de l’abattage du drone malien par l’armée algérienne. Le MAE algérien a donné des détails d’ordre technique retraçant point par point l’incident du drone abattu durant la nuit du 31 mars au 1er avril dernier.

L’Algérie, à travers le ministère des Affaires étrangères, a annoncé détenir toutes les preuves de la violation de l’espace aérien national cette nuit-là. «Toutes les données se rapportant à cet incident sont disponibles dans la banque de données du ministère algérien de la Défense nationale, en particulier les images radar qui établissent clairement la violation de l’espace aérien de l’Algérie», a indiqué le MAE dans son communiqué.

La violation de l’espace aérien la nuit du 31 mars au 1er avril n’était pas un fait inédit. L’Armée algérienne a recensé d’autres incidents de ce genre par le passé. «Il ne s’agit pas de la première violation par un drone malien de l’espace aérien de l’Algérie, mais bien de la troisième en l’espace de seulement quelques mois», a précisé le MAE algérien.

Deux autres cas de violation de l’espace aérien national sont survenus ces derniers mois au niveau de la frontière avec le Mali, selon le MAE.

 

Trois violations de l’espace aérien algérien depuis août 2024

«Les deux premières violations sont intervenues respectivement le 27 août 2024 et le 29 décembre 2024. Toutes les données se rapportant à ces violations sont disponibles dans la banque de données du ministère de la Défense nationale», a expliqué le ministère des Affaires étrangères.

S’attardant sur le volet technique de l’incident du 31 mars dernier, le MAE a indiqué que «toutes les données disponibles dans la banque de données du ministère algérien de la Défense nationale, y compris les images radar, établissent qu’il y a eu violation de l’espace aérien de l’Algérie à minuit huit minutes sur une distance de 1,6 km».

«Le drone en question a, dans un premier temps, violé l’espace aérien national, il s’est ensuite éloigné, avant d’y retourner en prenant une trajectoire offensive», relate le ministère des Affaires étrangères au sujet de l’incident en question.

Face au comportement du drone, les services concernés ont été amenés à considérer qu’il était en train d’opérer une manœuvre hostile.

Dans ce sens, le ministère des Affaires étrangères a précisé que «l’entrée du drone malien dans l’espace aérien algérien, son éloignement, puis son retour offensif sur zone ont entraîné sa qualification de manœuvre d’hostilité caractérisée».

«Suite à cette qualification, le commandement des Forces de défense aérienne de l’Algérie a ordonné sa destruction», ajoute le communiqué du MAE.

Avec trois violations de l’espace aérien en quelques mois, l’intention de la provocation semble claire et évidente du côté malien. Des provocations qui ne pouvaient pas rester éternellement sans réponse de la part de l’Algérie qui a décidé d’agir en interdisant désormais son espace aérien au trafic aérien en provenance ou à destination de l’Etat du Mali, à compter du  7 avril 2025.

Cette mesure signifie que tout avion à destination ou en provenance du Mali quelle que soit sa nature, sa destination ou son pays d’immatriculation est interdit de survoler l’espace aérien algérien jusqu’à nouvel ordre.