L’Algérie lance l’opération hydrogène

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Hydrogène bleu : L’autre carte maîtresse de l’Algérie

Face à la crise énergétique mondiale, les regards se tournent vers les énergies renouvelables et l’hydrogène en particulier. L’Algérie compte saisir cette opportunité qui se présente pour s’imposer sur un nouveau marché qui s’ouvre et devenir l’un de ses principaux acteurs sur le plan régional. La thématique de développement de l’hydrogène était, hier, au cœur des débats lors de la 26e journée de l’énergie qui a regroupé des ministres et des experts dans ce domaine. Les participants ont mis en avant «les atouts qui permettent à l’Algérie de devenir le plus important fournisseur de cette nouvelle source d’énergie dans le monde.»  

Selon le ministre de l’Energie Mohamed Arkab, «l’Algérie possède de grands atouts et un avantage compétitif, qui lui permettent d’occuper une bonne place pour investir dans l’industrie de l’hydrogène». Immense potentiel d’énergie solaire, de réseaux étendus et intégrés pour le transport de l’électricité et du gaz, de réserves hydriques considérables et d’importantes capacités en matière de recherche et de développement, ressources en gaz naturel disponibles pour appuyer la production de l’hydrogène bleu, sont là, des atouts qui permettront à l’Algérie de se placer sur le marché énergétique mondial et régional. «L’Algérie jouit d’une position stratégique, de ports et d’infrastructures pour le transport du gaz permettant de répondre à la demande locale, régionale et mondiale sur l’hydrogène, outre sa longue expérience dans les technologies utilisées dans ce domaine, ainsi que la disponibilité d’expertises techniques et de capacités de conception dans le secteur de l’énergie pour contribuer à la fabrication locale d’équipements de production d’hydrogène», explique M. Arkab.

«Créer un environnement économique idoine»

En effet, dans son évaluation des besoins du marché européen à l’horizon 2030, la Commission européenne estime les besoins des pays de l’UE en matière «d’hydrogène renouvelable à 15 millions de tonnes dont 10 millions de tonnes seront importées». De son côté, European Hydrogen Backbone (EHB), qui est un groupement européen des opérateurs activant dans le secteur énergétique, place l’Algérie dans la liste des fournisseurs favoris. Dans son rapport du mois d’avril dernier, l’EHB affirme qu’«en raison de ses potentialités de production, ses capacités d’acheminement de l’hydrogène vers le vieux continent, avec l’existence de l’infrastructure comme le Gazoduc Transmed qui assure l’approvisionnement de l’Italie en gaz, le défi de l’exportation de l’hydrogène vert pour l’Algérie ne posera pas de problème». Par ailleurs, pour se lancer dans la production de cette nouvelle ressource énergétique, dont le ministère de l’Energie est chargée de tracer la stratégie à suivre, il est question, selon Mohamed Arkab, de définir le cadre juridique permettant le développement de cette industrie. «Le développement de l’hydrogène en Algérie requiert un ensemble d’exigences essentielles et de relever plusieurs défis afin de créer un environnement économique idoine. Il s’agit précisément de la préparation d’un cadre législatif et réglementaire approprié, de la définition des secteurs prioritaires pour l’utilisation de l’hydrogène, de la préparation et la qualification du capital humain et de la recherche scientifique, de la réalisation des études nécessaires à la construction de projets pilotes, de l’examen des modes de financement ainsi que du développement des relations et des opportunités de coopération internationale», a souligné M. Arkab.

«Le développement de l’hydrogène renforcera la croissance de plusieurs branches industrielles»

En fait, le développement de l’hydrogène n’est pas uniquement du ressort du ministère de l’Energie, car sa production exige la mise en place de toute une industrie. Et pour l’accélération de la transformation de cette idée d’exploitation d’hydrogène en un projet industriel, le premier responsable du secteur de l’Industrie, Ahmed Zeghdar, juge qu’il est temps de mettre en place un «plan d’action à court et à long terme» visant à l’encouragement de l’investissement dans cette filière. «Le travail collectif est indispensable pour réaliser une transition énergétique efficace», affirme-t-il. Selon ce dernier, le développement de l’hydrogène «renforcera la croissance de plusieurs branches industrielles telles que l’industrie de l’ammoniac, les engrais, les tissus industriels, la chimie industrielle et l’électronique», a-t-il poursuivi. Abordant la question des investissements étrangers dans le développement de cette filière, le ministre de l’Industrie, a évoqué le cadre juridique régissant les investissements en Algérie et le nouveau projet de loi sur l’investissement qui sera présentée, aujourd’hui au conseil des ministres. «La nouvelle loi contribuera à améliorer le climat des affaires et facilitera l’acte d’investissement à travers l’assouplissement des procédures administratives», affirme-t-il. 

A. B.