L’Algérie s’impose à l’UA : un retour couronné de succès

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Union africaine

Par M. Mansour

 

L’Algérie effectue un retour affirmé au cœur des instances stratégiques de l’Union africaine, décrochant la vice-présidence de la Commission africaine ainsi qu’un siège au Conseil de paix et de sécurité, deux succès qui confirment sa volonté de redevenir un acteur central du continent. Loin d’un simple coup diplomatique, ces avancées s’inscrivent dans une stratégie de long terme, fondée sur la conviction que l’Afrique doit désormais peser de tout son poids dans l’équilibre mondial, à travers une coopération fondée sur la transparence et le respect mutuel.

Ce tournant marque bien plus qu’un regain d’activité, il consacre une bascule historique dans la manière dont l’Algérie se positionne sur la scène continentale. Lors du 38ᵉ Sommet de l’Union africaine en février dernier, l’élection de Selma Malika Haddadi à la vice-présidence de la Commission de l’UA, face à une candidate marocaine, a traduit un retour de la confiance en l’Algérie, qui a su rallier 33 voix en sa faveur. Ce vote, loin d’être purement technique, a envoyé un signal politique fort : Alger est à nouveau perçue comme un acteur rassembleur, crédible et stable, dans un contexte où le continent manifeste un besoin urgent de sérieux, de constance et d’engagement à long terme.

 

Une diplomatie active et une influence croissante

La dynamique ne s’est pas arrêtée là. Quelques semaines plus tard, l’Algérie faisait son retour au Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, portée par son expertise reconnue en matière de médiation, de lutte contre le terrorisme et par une diplomatie cohérente, respectée pour sa constance et sa capacité d’écoute. A travers ce positionnement, Alger renoue avec une influence naturelle, forgée dans l’expérience et consolidée par une approche résolument pragmatique.

Rien de cela n’est improvisé. Ce retour dans les hautes sphères africaines est le fruit d’un travail patient et ciblé, mené notamment à travers les visites de l’envoyé spécial du président Tebboune à Abuja, en janvier dernier, le renforcement de l’axe Alger-Pretoria, ainsi que la présence du chef de l’Etat lors de la 38ᵉ session ordinaire du Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine à Addis-Abeba, en février. Cette séquence a projeté une image renouvelée : le discours algérien s’est clarifié, délaissant les slogans au profit de l’essentiel. L’image projetée est celle d’un pays souverain, non-aligné, qui refuse les rôles subalternes et choisit de jouer sa propre partition, dans le respect des principes qui l’ont toujours guidé.

L’engagement algérien ne se limite pas aux enceintes africaines. A l’ONU, au sein du Conseil de sécurité, l’Algérie se positionne comme un relais des intérêts du continent et revendique sans détour l’attribution de deux sièges permanents pour l’Afrique, considérant qu’il est temps de corriger un déséquilibre qui relègue encore le continent au rang d’observateur dans des décisions qui le concernent au premier chef. Ce n’est pas un slogan, c’est une exigence fondée sur la légitimité.

Et cet engagement pour l’Afrique se traduit par des actes concrets. Alger a impulsé la création d’un groupe de travail africain dédié à la réforme de l’ONU, tout en proposant un mécanisme de coordination entre les membres africains du Conseil de sécurité et en militant activement pour la participation de l’Union africaine au G20. Loin d’une agitation sans lendemain, il s’agit là d’un travail structuré, constant, aligné avec une vision à long terme.

 

Renforcement de la présence économique et diplomatique

Cependant, l’Algérie est consciente que l’influence diplomatique ne peut se suffire à elle-même sans un socle économique solide. C’est pourquoi elle s’engage résolument dans la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), longtemps restée théorique, mais qui devient aujourd’hui pour Alger un chantier concret et stratégique. En parallèle, plusieurs projets structurants sont relancés. Le gazoduc transsaharien, resté en suspens durant des années, est remis sur les rails, avec à la clé des milliers d’emplois directs. Dans le même élan, 4350 kilomètres de fibre optique sont en cours de déploiement dans le cadre de la dorsale transsaharienne à fibre optique (DTS), destinée à interconnecter l’Algérie, le Niger, le Nigeria et le Tchad. Le secteur de l’aviation, lui aussi, connaît un redéploiement vers le continent, avec une première liaison Alger-Abuja déjà opérationnelle, et d’autres connexions prévues pour renforcer une connectivité jusqu’alors insuffisante.

 

Une politique de solidarité active

L’Algérie progresse sans volonté de domination, mais avec la détermination d’apporter des réponses concrètes, en s’imposant comme un partenaire crédible, constant et engagé. Les formations militaires dispensées aux officiers africains, les bourses allouées aux étudiants du continent, ainsi que les projets de développement menés au profit des populations – notamment la construction d’infrastructures sanitaires, éducatives et sociales dans la région du Sahel – illustrent de manière tangible cette politique de solidarité active. La stratégie algérienne repose sur un principe clair, formulé par le président Abdelmadjid Tebboune : «Le succès de l’Afrique sera celui de l’Algérie.»