L’Allemagne se tourne vers le gaz algérien

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Selon la revue Energy Capital Power : «L'Algérie, un modèle à suivre pour les pays africains»

L’intérêt pour l’Algérie et ses ressources en hydrocarbures, le gaz particulièrement, se confirme avec l’annonce des Allemands de vouloir acquérir du gaz liquéfié algérien à partir de 2024.

Ne voulant plus dépendre de la Russie pour alimenter son marché en gaz naturel, l’Allemagne entend importer du gaz algérien à partir de 2024. Mais pour cela, il faudrait que ce pays ait terminé l’installation des stations de liquéfaction du gaz naturel. C’est ce qu’a déclaré, lundi dernier, le ministre allemand de l’Economie, Robert Habeck, lors d’une rencontre avec les industriels locaux. Pour le ministre allemand, «la fin proposée des importations énergétiques russes conduira à une augmentation permanente des prix du gaz pour les consommateurs et l’industrie allemande». Il avouait que «c’est la réalité amère et dure», à laquelle est convié son pays, ajoutant que l’ère de l’énergie bon marché sera désormais révolue, en référence au gaz russe. L’Allemagne qui importe 45% de son gaz de Russie subit une forte pression de la part des Etats-Unis pour cesser ses importations de gaz, tandis que les industriels allemands refusent cette option qui conduira à une crise économique sans précèdent depuis la première guerre mondiale. Le prochain paquet de sanctions proposées par l’Union Européenne contre la Russie devrait, à la demande des Etats-Unis, prévoir un arrêt des importations de pétrole brut et de produits pétroliers raffinés russes d’ici la fin de l’année. C’est ce qu’ont laissé entendre plusieurs responsables européens. Mais selon Robert Habeck, il faudra attendre l’année 2024 pour que l’Allemagne puisse importer de grandes quantités de gaz naturel chez d’autres fournisseurs tels que l’Algérie, les Etats-Unis et le Qatar. Seulement, l’importation du gaz américain coûtera trois fois plus cher que son prix sur le marché mondial, ce qui poussera, le cas échéant, les Allemands à privilégier le gaz algérien et qatari, selon des responsables énergétiques européens qui ont fait savoir que des pourparlers entre responsables algériens et allemands seront engagés avant la fin du mois de mai 2022. Car ces importations qui se présentent sous la forme de gaz naturel liquéfié sont congelées et transportées via des navires spéciaux (méthaniers), alors que l’Allemagne ne dispose pas, pour le moment, de stations de regazéification pour recevoir de tels approvisionnements, contrairement à l’Espagne qui passe pour un leader européen en la matière. Du coup, le gouvernement allemand affirme qu’il faudra une moyenne de trois ans pour construire l’infrastructure nécessaire sur la côte allemande de la mer du Nord pour recevoir, en premier, le gaz algérien. «L’Allemagne peut devenir totalement indépendante du pétrole russe en quelques semaines, tandis que l’abandon complet du gaz naturel russe prendra plus de temps», ont déclaré des responsables. L’ensemble des industriels et de l’économie allemande devront partager le fardeau des conséquences de la coupure de l’approvisionnement énergétique russe si les nouvelles sanctions sont imposées, a indiqué Robert Habeck, avouant qu’«il n’y a pas d’autre moyen de s’en sortir». Jusqu’à présent, la Russie exporte du gaz naturel vers l’Allemagne et l’UE via un réseau de gazoducs qui a permis aux Européens d’acheter du gaz bon marché.

Sous la menace d’une interruption des livraisons de gaz russe

Outre l’Allemagne, l’Italie avait déjà décidé de renforcer ses importations de gaz naturel algérien dans l’espoir de combler le déficit prévu suite à l’interruption des approvisionnements tel qu’exigé par Washington.

En visite au Japon, le chancelier allemand Olaf Scholz avait rappelé que «spéculer» sur les éventuelles prochaines cibles de représailles énergétiques du Kremlin avait «peu de sens», car le pays doit d’abord construire des terminaux méthaniers pour accueillir et transformer du gaz naturel liquéfié (GNL) livré par bateaux. Cela signifie-t-il que l’Allemagne ne votera pas en faveur d’un embargo énergétique total sur le gaz russe, réclamé par l’administration de Joe Biden. Par ailleurs, les ministres de l’Énergie de l’Union Européenne se sont réunis lundi dernier pour discuter de la menace russe de couper les livraisons de gaz pour les pays qui ne payent pas leurs approvisionnements en rouble. Cette menace est intervenue au lendemain de la rupture des livraisons de gaz russe pour la Pologne et la Bulgarie, décidée par la compagnie russe Gazprom, car ces pays refusent de payer en rouble leurs achats énergétiques à la Russie. La Pologne et la Bulgarie dépendent, respectivement, de 45% et à 77% du gaz russe. La sanction devra paralyser les économies de ces deux pays et conduira à des pénuries et des hausses des produits énergétiques.  Un scénario qui a paniqué les bourses européennes, en chute ces derniers jours, à l’image de l’euro qui a perdu de sa valeur deux semaines de suite face au dollar américain.

Nouvelles découvertes en Algérie

Si les capacités actuelles de l’Algérie en matière de production de gaz sont limitées, elles sont appelées à augmenter. En visite en Algérie au mois d’avril dernier, le Premier ministre italien, Mario Draghi, a chapeauté la signature d’un accord entre le groupe énergétique algérien, Sonatrach et l’italien ENI, portant sur l’augmentation des importations de l’Italie en gaz algérien, mais aussi sur de nouveaux investissements du groupe italien dans l’exploration et l’exploitation d’hydrocarbures avec son partenaire algérien. Par ailleurs, l’Algérie avait annoncé l’investissement de 39 milliards de dollars, tout comme des découvertes importantes de nouveaux gisements ont été annoncées par la compagnie pétrolière.

B. A.