Par Zine Haddadi
L’appel au dialogue lancé par le président de la République à l’occasion de son investiture n’a pas manqué de faire réagir la classe politique.
Entré en fonction après avoir prêté serment avant-hier comme l’exige la Constitution, Abdelmadjid Tebboune a officiellement entamé son second mandat à la tête du pays à la suite de sa victoire à l’élection présidentielle anticipée du 7 septembre.
Dans son discours d’investiture, Abdelmadjid Tebboune a estimé que les conditions étaient réunies pour le lancement d’un dialogue national ouvert.
«Ce second mandat commence dans des conditions propices pour lancer des consultations et une concertation avec les partenaires politiques, économiques et sociaux dans le cadre d’un dialogue national ouvert», a déclaré le président de la République à ce sujet.
La démarche présidentielle a été globalement bien accueille par les différentes composantes de la classe politique nationale avec des nuances dans les positions des uns et des autres.
Chez les formations politiques ayant soutenu le président Tebboune durant sa campagne électorale, l’initiative a naturellement suscité l’adhésion et a été fortement saluée.
Dans un communiqué publié hier, le Front de libération nationale a loué l’initiative du dialogue national ouvert lancé par le chef de l’Etat. « Cette initiative traduit l’engagement du Président à consacrer le dialogue avec la scène politique pour concrétiser la démocratie participative », pouvait-on lire dans le communiqué du FLN.
Le vieux parti a annoncé son soutien à la démarche présidentielle et s’est dit prêt à s’investir pour la faire réussir estimant qu’il s’agissait d’une « occasion propice » pour rassembler « l’ensemble des forces nationales » dans le but de la poursuite de la marche de l’Algérie vers son « développement » et son « progrès ».
L’idée accueillie positivement
De son côté, Abdelkader Bengrina, le président du mouvement El Bina, voit en l’initiative de dialogue lancée par le président Tebboune une « vertu de grandeur » soulignant que le Président a parlé d’un dialogue suivi de planification commune.
L’ancien Premier ministre Abdelaziz Belkhadem, dont la présence à la cérémonie d’investiture, n’est pas passée inaperçue, a salué l’appel au dialogue national ouvert lancé par le président Tebboune lui suggérant de « mener les consultations les plus larges possibles pour trancher les questions nationales ».
Chez les partis politiques hors de la sphère de soutien au président Tebboune, l’initiative est également bien accueillie même si ces formations attendent des mesures d’accompagnement au dialogue annoncé.
C’est le cas du Front des forces socialistes, ayant participé à l’élection présidentielle par le biais de son candidat Youcef Aouchiche.
Lors d’une conférence de presse animée au siège du parti, M. Aouchiche a salué l’engagement du président de la République, dans son discours prononcé mardi au terme de sa prestation de serment, à lancer « un dialogue national visant à consolider la démocratie et l’Etat de droit », mettant en avant l’importance de construire un Etat national fondé sur les principes de justice et de démocratie et en mesure de faire face aux différents défis.
Pour sa part, le Rassemblement pour la culture et la démocratie s’est montré favorable à l’appel au dialogue lancé par le Président en posant toutefois ses remarques le concernant.
Ainsi, le RCD a déclaré prendre acte de l’appel du Président et s’en est « félicité » dans une déclaration rendue publique mardi dans la soirée. Le Rassemblement a estimé qu’il était « urgent d’aller vers des mesures d’ouverture et d’apaisement avec la libération des champs politique et médiatiques ainsi que des détenus d’opinion ».
Même son de cloche chez Jil Jadid, dont le président Sofiane Djilali a accordé, hier, une déclaration à « l’Algérie Aujourd’hui ». « L’initiative en elle-même est à saluer. Néanmoins, l’appel au dialogue doit s’accompagner de mesures comme l’ouverture des médias et du champ politique. Les Algériens boudent les médias et sont une proie facile pour des médias émettant de l’étranger qui diffusent des discours nocifs déclamés par des soi- disant opposants dangereux. »
On peut remarquer que dans l’ensemble, l’idée du dialogue n’est rejetée par aucun parti de la scène politique nationale. Il reste à en connaître les contours.
Maintenant que le Président a pris note des réactions et des remarques des uns et des autres, il devra tracer la feuille de route à travers laquelle il mènera le dialogue dont il a annoncé le lancement.