L’appel d’Alger des parlementaires français à Macron

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Par Amar.R

80 ans après, et alors que la France officielle tergiverse à reconnaître explicitement sa responsabilité dans les massacres du 8 mai 1945, commis par ses militaires et colons à Sétif, Guelma et Kherrata, une trentaine de parlementaires français ont demandé à ce que crime colonial soit reconnu comme un crime d’Etat.
La trentaine de sénateurs et de députés de différents obédiences politiques françaises, ayant séjourné en Algérie pour partager les commémorations des massacres du 8 mai 1945, dans le contexte des relations tendues entre l’Algérie et la France ont fait cette demande explicite au gouvernement français pour « regarder le passé avec lucidité». À l’instar de Danielle Simonet, députée du groupe Écologiste et Social, ils ont souligné l’impératif de «restaurer la dignité de toutes celles et ceux qui ont les leurs massacré dans ces terribles événements de répression qui ont impliqué à la fois l’armée française، la police française et aussi des milices françaises soutenues par le sous-préfet de l’époque».
« La France doit reconnaître la vérité »
Sabrina Sbaihi, députée du groupe Écologiste et Social ira dans ce sens, indiquant « nous avons écrit au président de la République Emmanuel Macron pour lui demander une reconnaissance officielle de ce crime comme étant un crime d’Etat », arguant qu’il « s’est fait avec l’autorisation voir l’armement de certains colons qui sont devenus des milices à Guelma par exemple et qui ont massacré des personnes ».
Elle a rappelé également que « Ça faisait un an qu’on travaillait sur cette date. On a fait plusieurs auditions des historiens des familles de victimes pour pouvoir faire toute la lumière sur ce qui s’est passé le 8 et les semaines qui ont suivi à Guelma, Sétif et Kherrata ».
Dans un contexte de relation diplomatique extrêmement tendu entre les deux pays, la présence en Algérie, en ce 8 mai de la délégation de parlementaires, était destinée à « apporter un certain message d’apaisement et surtout délivrer un message de paix et d’espoir que les relations pourraient se reconstruire plus sereinement » a expliqué, en outre, Sophie Briante Guillemont, membre du Sénat. Insistant sur l’impératif de « regarder l’histoire en face », elle a estimé que « L’histoire n’est pas monolithique. Elle est complexe avec ces différentes facettes et il faut la regarder telle qu’elle est ».
Laurent Lardy, député et président de l’association France-Algérie a affirmé, aussi, que « la France doit reconnaître les faits historiques tels qu’ils sont », soutenant que « c’est important d’avoir cet acte de reconnaissance » car, le travail de mémoire n’est pas aujourd’hui suffisamment avancé et qu’il faut le poursuivre ». d’où a-t-il rappelé la mission qui échoit au groupe d’amitié France-Algérie à l’assemblée nationale.
Messages d’élus franco-algériens
Sur ce sujet, en tant qu’élue franco-algérienne, Kouba Benamara Fatima, a également souligné, la volonté des politiques français et des institutions françaises à avancer sur le devoir mémorial, notant, dans que, Benjamin Stora va publier d’ici quelques temps au 1er juillet les premiers récits sur ce devoir mémoriel.
« Une pierre après l’autre sur l’édifice que nous sommes en train de construire. Mais il est essentiel que l’on puisse clairement commencer à travailler sur ce devoir de mémoire. Les choses se feront et je suis persuadé que ça sera de bon augure », a-t-elle souligné en outre.
Karima Khatim, élue locale en Seine-Saint-Denis, a, aussi, réclamé que dans les livres d’histoire en France « on puisse rétablir la vérité sur les massacres du 8 mai 1945, pour le bien de tous et pour les Algériens qui sont établis en France et pour tous ceux qui ont un lien particulier avec l’Algérie». Elle a émis le souhait que les travaux que des historiens vont remettre le 1er juillet, déboucheront à la reconnaissance de ces massacres comme des crimes d’Etat.
Cependant, ces confessions de parlementaires français tranchent nettement avec les déclarations du président français Emmanuel Macron qui a évoqué dans un récent discours les massacres du 8 mai 1945.
En parlant de « violences et des massacres qui venaient préfigurer l’Histoire : Sétif, Béjaïa, Kherrata, Guelma en Algérie »», le président français n’est pas allé pourtant jusqu’à faire une reconnaissance officielle des crimes coloniaux. Ce qui va à l’encontre des demandes des représentants du peuple qui sont les auteurs d’une proposition de loi criminalisant les massacres du 8 mai 1945.