Par Delloula Morsli
Durant le combat libérateur pour l’indépendance de l’Algérie, l’art est devenu un véritable champ de bataille, où les artistes algériens ont utilisé leur créativité pour dénoncer les atrocités coloniales, sensibiliser l’opinion internationale et galvaniser les esprits de leurs compatriotes.
La lutte pour l’indépendance de l’Algérie n’a pas été uniquement militaire. En effet, le Front de libération nationale était sur tous les «fronts». Sur le terrain culturel, les artistes algériens ont joué un rôle déterminant. Du théâtre à la poésie en passant par le cinéma et les arts plastiques, chaque discipline a été mise au service de la cause nationale.
L’art au cœur de la résistance
Créée en 1958, la troupe artistique du FLN a sillonné le monde avec des pièces de théâtre telles que «Vers la lumière» et «Les enfants de La Casbah», dénonçant les horreurs de la colonisation et appelant à la solidarité internationale. Les chants patriotiques, notamment «Min djibalina» ou encore, «Qassaman» qui deviendra notre hymne national, ont également joué un rôle essentiel dans la mobilisation des Algériens. Mohamed Laïd Al-Khalifa et Moufdi Zakaria sont d’ailleurs considérés comme les plus grands poètes d’expression arabe de l’époque moderne de l’Algérie. Ces chants, qui s’élevaient des quatre coins du pays, était également déclamés en tamazight à l’image de «A Yemma Azizen Ur tsru» de Farid Ali.
L’image, un témoignage accablant
Le cinéma et la photographie ont permis de documenter les atrocités commises par l’armée coloniale. Des réalisateurs comme Djamel Chandarli et des photographes comme René Vautier ont porté la voix de la lutte des Algériens jusqu’aux quatre coins du monde, révélant au grand jour les tortures, les massacres et les exactions dont était victime le peuple algérien.
Par ailleurs, les artistes-peintres algériens, tels que M’hamed Issiakhem, Mohamed Khedda, Choukri Mesli et Abdellah Belanter ont été de véritables soldats de l’art, engagés corps et âme dans la lutte pour l’indépendance. Leurs toiles, empreintes d’une profonde émotion et d’un patriotisme ardent, ont transcendé les frontières pour faire résonner le cri du peuple algérien. En 1957, Issiakhem, à travers son tableau «A ceux qui voulaient passer et sont restés», a rendu un vibrant hommage aux jeunes Algériens tombés en martyrs sur la ligne Morice, symbole de la lutte pour la liberté.
La littérature, miroir d’une société en lutte
Les écrivains algériens, tels que Mouloud Mammeri, Mohamed Dib et Kateb Yacine, ont donné une voix à ceux qui n’en avaient pas. Leurs œuvres, souvent empreintes de réalisme et de poésie, ont exploré les thèmes de la colonisation, de l’aliénation et de la résistance. Des ouvrages comme «La grande maison» de Mohamed Dib et «Nedjma» de Kateb Yacine sont devenus des références incontournables de la littérature algérienne et au-delà.
Grâce à leur engagement et à leur talent, les artistes algériens ont contribué à faire connaître la cause nationale. Leur œuvre, riche et variée, constitue un témoignage précieux sur une période charnière de l’histoire de l’Algérie. Aujourd’hui encore, leur art continue d’inspirer et de toucher les cœurs des Algériens.