L’artiste Meriem Aït El Hara dévoile «Le Blanc, et après»

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L’artiste Meriem Aït El Hara dévoile «Le Blanc, et après»

Par Latifa Abada

 

Aux Ateliers sauvages, l’artiste plasticienne Meriem Aït El Hara expose «Le Blanc, et après». Cette absence de couleurs devient, à travers les œuvres de l’artiste, une invitation à une infinie suggestion. A travers des peintures, sculptures et installations, Meriem Aït El Hara explore la fragilité et la résilience humaines.

«J’ai abordé le blanc en tant que couleur non-couleur, une vision, une existence…Je dirais que le blanc dans mon œuvre est un concept. Tout mon travail est basé sur le blanc comme une entité. Le blanc, on peut le voir comme un paradoxe ; le vide et le plein. D’où l’«après», qui laisse à chacun la liberté d’interprétation. Le papier et le textile sont deux matériaux très présents dans mon travail. Il y a également différents textiles par rapport à leur texture ; du granulé et du brillant… pour montrer que le blanc est différent à chaque fois. Il n’y a pas de blanc absolu», décrit Meriem Aït El Hara.

L’exposition est pensée comme un parcours. Pour initier le visiteur, l’artiste expose le travail préparatoire. Sur un établi, on découvre quelques matériaux : du textile, des pinceaux, et sur le mur des esquisses et les étapes de réalisation des œuvres.

«L’art conceptuel demande une grande réflexion et l’artiste se doit de partager avec son public une partie du travail invisible qui précède la réalisation de l’œuvre. Les textes emploient un langage simple pour rapprocher l’œuvre du public tout en lui laissant un espace suffisant pour sa propre interprétation de l’œuvre. Je souhaite que chacun projette sa propre histoire dans le blanc», indique l’artiste.

Deux installations accueillent le visiteur : le cocon et le cube. Le premier comme une sculpture blanche suspendue avec une lumière à l’intérieur. L’artiste le décrit comme un espace de protection et de confinement.

«Dans le contexte spirituel, le cocon peut être utilisé de manière métaphorique pour désigner un espace intérieur de transformation personnelle. Le cocon symbolise un lieu où l’individu se retire de l’extérieur pour se concentrer sur son développement intérieur, un peu à la manière du processus de métamorphose de la chenille en papillon», explique-t-elle.

Le cube blanc transparent réalisé à partir de voilage est un espace de quiétude. Un passage rythmé par une bande sonore de chuchotements dont «les textes sont à définir».

Une œuvre particulièrement esthétique attire les visiteurs. Une sculpture faite de coton enduite de colle. Il s’agit d’une marmite en terre qui s’est cassée et que l’artiste a reconstituée et décorée d’une plante morte repeinte en blanc. Le projecteur lumineux placé en face de la sculpture permet de projeter l’ombre sur le mur.

«Les expériences que l’on vit sont comme des ombres qui nous accompagnent partout. L’ombre est donc ce qui raconte nos histoires».

 

Un travail de guérison

L’artiste confie d’emblée que cette thématique s’est imposée à elle. Avec pudeur et résilience, elle évoque la perte de son enfant et le travail de deuil qui se reflète en partie dans cette exposition.

«C’est un travail très personnel et en faisant cette résidence je ne m’attendais pas à un résultat. Après la mort de mon fils, j’ai traversé une période de vide et de stagnation. Je voyais blanc. C’est donc un travail de guérison. Aller au-delà de la douleur».

Dans un texte qui accompagne une peinture aux différents textiles, l’artiste écrit : «Cette pièce d’un blanc éclatant remplit l’espace de lumière comme pour éclairer mon intérieur assombri par un deuil qui hurle au fond de mon âme. L’art, c’est aussi ébranler le spectateur.

Meriem Aït El Hara utilise les couleurs, les formes et les textures pour évoquer les émotions qui la traversent. «Je veux montrer que la mort n’est pas une fin et parfois c’est une délivrance. Le travail a été fait profondément et sans pudeur, car on a souvent du mal à parler de ce que l’on ressent lorsqu’on traverse une douleur intense».

Cette exposition singulière et profondément personnelle résonne finalement en chacun d’entre nous. Le Blanc de Meriem Aït El Hara est finalement la couleur d’une palette d’émotions.