PAR DJILLALI B.
Sous le président Marcon et dans la nouvelle configuration de l’Assemblée nationale française et le personnel politique hétéroclite mêlant l’ancienne garde et des louveteaux propulsés plus haut que ne leur confère leur compétence, la pratique politique ressemble à bien des égards à un exercice d’amateurs. L’Assemblée nationale française est l’arène de tous les excès et des coups foireux entre les deux tendances lourdes qui la composent. Naturellement, cela donne des comportements où l’exagération l’emporte sur la raison.
C’est ainsi qu’une nouvelle carte géographique intégrant le Sahara occidental au territoire marocain, comme si la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française était une institution marocaine, faisant fi du droit international, des résolutions de l’ONU sur la question sahraouie et même des décisions de la Cour de justice européenne, des mains «élues» se sont permis de substituer la carte conforme par une nouvelle carte ne répondant à aucun droit ou à la légalité internationale. On y voit ainsi le Maroc incluant le Sahara occidental portant la même couleur alors que ces territoires sont distincts sur toutes les cartes, hormis celles établies par le Maroc.
Même l’appui du président Macron au plan d’autonomie préconisé par le Maroc porte en lui la reconnaissance du litige entre le royaume et le Front Polisario. Cela est suffisant pour ne pas donner raison d’envenimer davantage la situation en créant un précédent dans un but aussi douteux que tous les sujets controversés qui ont animé la vie politique française. Des sujets aux antipodes des attentes et des intérêts du peuple français.
Des députés montent au créneau
Cela n’a heureusement pas échappé à des députés qui se sont insurgés contre cette violation du droit international et de la diplomatie parlementaire. Des élus de l’Assemblée française ont ainsi dénoncé cet ajustement cartographique opéré concernant la représentation du Maroc qui inclut désormais le Sahara occidental occupé, soulignant la nécessité de respecter «le droit international qui considère les deux territoires séparés et distincts».
Le député Jean-Paul Lecoq (Gauche démocrate et Républicaine) s’est insurgé, lors d’une réunion de la commission des Affaires étrangères, contre cet ajustement cartographique. «Je voudrais m’insurger parce que la carte qui est derrière vous a été changée», s’est-il adressé au président de la séance en précisant que sa colère est dirigée contre «le président de la commission des Affaires étrangères (Bruno Fuchs)», a-t-on rapporté.
L’élu a affirmé : «Il y a un mois, ce n’était pas cette carte-là qui était ici. C’était la carte conforme (aux résolutions de) l’ONU, conforme au droit international». «Il y a un mois, (…) le Maroc et le Sahara occidental n’étaient pas de la même couleur et aujourd’hui le Maroc et le Sahara occidental ne forment qu’un pays. Quelqu’un ici dans cette commission a pris cette décision», a-t-il dénoncé. Il a appelé, par ailleurs, les membres de cette commission à «ne pas accepter cela». «La séparation des pouvoirs, c’est aussi de dire que les députés de la commission des Affaires étrangères décident de respecter le droit international…», a-t-il ajouté. Même son de cloche du côté de la députée écologiste et sociale, Clémentine Autin, indignée elle aussi par cet acte, qui s’est dite «très choquée de cette nouvelle carte» et a demandé «des comptes au président Fuchs sur le choix de ce changement de carte».