Le président de la République a inauguré, ce jeudi, le premier tronçon de la méga-ligne ferroviaire Béchar-Tindouf-Gara Djebilet, marquant ainsi une étape décisive dans la concrétisation de ce projet structurant.
PAR NABIL M.
Sur cette ligne destinée à désenclaver le sud-ouest du pays et à exploiter pleinement les richesses minières nationales, le tronçon de 100 km, reliant Béchar à Abadla, constitue la première pierre d’un corridor logistique de 950 km, conçu pour dynamiser l’économie nationale et intégrer les régions reculées dans le développement global.
Inscrit dans le cadre du plan de relance économique et d’infrastructures du gouvernement, ce projet ferroviaire revêt une triple dimension, économique, industrielle et sociale. Il permettra notamment l’exploitation du gisement de fer de Gara Djebilet, l’un des plus importants au monde, tout en facilitant le transport des voyageurs et des marchandises vers des zones longtemps marginalisées.
Lors de la cérémonie d’inauguration, en marge de sa visite de travail et d’inspection dans la wilaya de Béchar, le chef de l’Etat a salué le travail des ouvriers et des cadres ayant contribué à cette réalisation, soulignant que «cette ligne est le prélude à une nouvelle ère de développement». Précisant que des efforts sont en cours pour permettre à l’Algérie de rejoindre les pays émergents, Abdelmadjid Tebboune a exprimé le souhait de «continuer à travailler avec la même dynamique afin d’étendre la ligne ferroviaire jusqu’à la wilaya d’Adrar, et d’El Ménéa jusqu’à Tamanrasset», affirmant que «notre génération aura accompli son devoir, après que celle de la glorieuse Révolution de libération eut accompli le sien en libérant le pays».
La gare d’Abadla, symbole de modernité
Joyau architectural au cœur du désert, la gare ferroviaire d’Abadla incarne la dimension innovante du projet. S’étendant sur 1783 m², elle comprend des espaces commerciaux, administratifs et une horloge urbaine visible de loin. Dotée de deux quais couverts, d’un vaste parking et d’espaces verts, cette infrastructure est conçue pour répondre aux normes internationales tout en s’intégrant harmonieusement dans son environnement.
Les défis techniques relevés pour ce tronçon témoignent de l’ampleur des travaux. Le projet a nécessité 1,4 million de m³ de déblais, 8 millions de m³ de remblais, 14 653 tonnes de rails et
102 031 traverses spéciales, capables de supporter des charges lourdes allant jusqu’à 32,5 tonnes.
Pas moins de 181 ouvrages hydrauliques, cinq viaducs et douze passages inférieurs ont été construits pour garantir la durabilité de la ligne face aux conditions climatiques extrêmes. L’ensemble de ces travaux et réalisations a été assuré par des entreprises publiques, à savoir le groupement ferroviaire Béchar-Hammaguir qui comprend Cosider, EPTP-Alger, SeroEst, ENGOA, Cosider-OA et Infrarail.
Un levier économique et logistique
Une fois achevée, la ligne Béchar-Gara Djebilet permettra le passage quotidien de huit trains de fret minier, un train de voyageurs et un autre dédié aux marchandises. Avec une capacité de transport atteignant 22 100 tonnes par convoi, elle positionnera l’Algérie parmi les pays disposant d’infrastructures ferroviaires adaptées aux industries lourdes.
L’Agence nationale d’étude et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires (Anesrif), maître d’ouvrage du projet, table sur une réception globale avant mars 2026. Selon les dernières nouvelles, les travaux progressent à un rythme soutenu sur les trois tronçons. Le premier, Béchar-Hammaguir (200 km), est déjà bien avancé avec l’inauguration de 100 km de ligne. Les travaux de réalisation du deuxième tronçon Tindouf-Oum El Assel (175 km) progressent à un rythme soutenu pour la réalisation des ouvrages d’art et la pose de la voie ferrée, outre l’avancement des travaux de construction des gares d’Oum El Assel et de Tindouf.
En ce qui concerne le troisième tronçon Hammaguir-Oum El Assel et Tindouf-Gara-Djebilet (575 km), la première partie Hammaguir-Oum El Assel (440 km) connaît une grande dynamique en termes de travaux, notamment pour le terrassement et la construction des ouvrages techniques.
Quant à la deuxième partie Tindouf-Oum El Assel (135 km), les travaux des ouvrages techniques et de terrassement ont atteint des stades avancés, en attendant la réception des rails pour achever l’opération sur toute la distance du tronçon.
Ainsi, cette ligne s’inscrit dans une vision de connectivité transsaharienne, ouvrant la voie à de futures interconnexions avec les pays voisins, ce qui reflète la volonté de l’Algérie de se doter d’infrastructures pérennes, capables de soutenir son industrialisation et son intégration régionale.