Le chef de l’Etat l’a ordonné hier en Conseil des ministres : Augmentation « substantielle » de l’allocation touristique

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Par Brahim Aziez

 

Parmi les principales décisions prises, hier, par le président de la République durant le Conseil des ministres, l’augmentation «substantielle» de l’allocation touristique. Celle-ci, dont le montant est fixé à 15 000 DA (environ 95 euros) par instruction de la Banque d’Algérie depuis 1997, est plus que dérisoire. Outre le fait de donner plus de considération aux voyageurs algériens, sachant que cette somme représente à peine une nuitée dans un hôtel en Europe, cette mesure devra, sans nul doute, permettre de combattre, même partiellement, le marché parallèle de la devise étrangère auquel recourent les Algériens qui voyagent à l’étranger pour des soins, des études, faire du tourisme ou pour les affaires. Un marché qui impose, ces derniers temps, des hausses record de la monnaie européenne, creusant encore plus l’écart entre la cotation du dinar algérien en banque (1 euro pour 147 DZD) et sur le marché informel (1 euro pour 260 DA).

Le montant de l’allocation touristique a été fixé par l’instruction de la Banque d’Algérie N° 08-97 du 08 août 1997 relative au droit de change pour voyage à l’étranger. L’article 2 de cette instruction stipule que «le montant annuel du droit de change pour dépenses liées à des voyages à l’étranger est fixé à la contre-valeur en devises de 15.000 dinars algériens pour chaque année civile. Ce montant est de moitié pour les enfants de moins de 15 ans portés sur le passeport de l’un des deux parents ou disposant de leur propre passeport, et ne peut être cumulable d’une année sur l’autre». Malheureusement, ce montant n’a pas évolué depuis, malgré les divers appels à sa révision.

Aujourd’hui que la décision a été prise pour sa révision, on ne sait encore si elle le sera par une instruction de la Banque d’Algérie ou par le biais de la loi de finances 2024, et encore moins si elle sera appliquée dans les jours à venir ou l’année prochaine.

Un débat qui date

Le débat sur la réévaluation de l’allocation touristique est ouvert depuis plusieurs années déjà. Plus récemment, il avait été ravivé par les déclarations du ministre des Finances, Laaziz Faïd, lors d’une session au Conseil de la nation en mai 2023, reconnaissant que celle-ci était loin de couvrir les besoins des voyageurs à l’étranger. Ce sujet avait également été abordé, alors, par Hamour Mahou, président de l’Organisation nationale du tourisme, qui avait évoqué des discussions, à ce propos, avec le ministre des finances et le gouverneur de la Banque d’Algérie. Il avait même donné l’exemple de la Tunisie, où les voyageurs bénéficient d’une allocation annuelle de 1500 euros. La révision (à la hausse) du montant de l’allocation touristique était même attendue à travers la loi de finances 2024.

Instaurée en 1997, l’allocation touristique qui était de 350 FF jusqu’alors, permettait aux Algériens de voyager correctement à l’étranger.

A titre illustratif, cette somme permettait à un jeune Algérien de passer une semaine de vacances en Espagne ou 15 jours dans une auberge de jeunesse. Mais l’allocation touristique, aujourd’hui, représente à peine une nuitée dans un hôtel en Europe.

Mais les choses ont vite basculé, depuis, avec les différentes crises qui ont fini par ébranler la valeur de la monnaie nationale.

 

Le marché parallèle qui dicte sa loi

Depuis 1997, l’écart entre les cotations des monnaies étrangères (surtout le franc français, puis euro, et le dollar) n’a cessé de se creuser, le marché parallèle s’étant instauré de facto.

A titre illustratif, si 1 euro était coté en banque, en 2001, à 69,20 dinars algériens, il avoisine les 147 dinars algériens aujourd’hui. Sur le marché parallèle, l’euro est passé, alors, de 30 à 35% de cotation supérieure par rapport au dinar algérien, à plus de 56% aujourd’hui. C’est dire l’impact du marché parallèle sur la cotation du dinar algérien, lequel impact ne trouve aucune logique économique ou financière, obéissant plutôt à des conjonctures (hadj, vacances estivales, retour des importations des véhicules d’occasion…) et autres effets d’annonce (rumeurs sur le changement des billets de banque ou la décote du dinar algérien).