Par Brahim Aziez
«2024 a vu la balance de la CNAS passer au vert». Telle est la principale annonce du premier responsable de la Caisse nationale des assurances sociales (CNAS) qui intervenait hier sur les plateaux de la télévision nationale. Nadir Kouadria révélera qu’«en matière de rentrées, nous avons enregistré 1827 milliards DA en 2024, en progression de 10% par rapport à l’année précédente, dont 13% pour le secteur privé, ratio qui se situerait entre 30 et 40% si l’on comparait ce chiffre à celui de 2022».
Des résultats qui doivent la part belle à la numérisation, «quoiqu’il nous reste du chemin à faire malgré les étapes franchies ces dernières années», avouera-t-il en reconnaissant que «cela nous a permis d’avoir une meilleure visibilité sur les activités de notre Caisse, et même d’améliorer son rendement et sa rentabilité.»
«Il est vrai que ce résultat n’est pas le seul fait de la numérisation, car il y a aussi les nombreuses titularisations et autres recrutements décidés par le gouvernement algérien dans la Fonction publique, sans oublier les mécanismes mis en place pour la relance économique qui commence à porter ses fruits», dira-t-il à ce propos. Il soulignera qu’avant 2022, la Caisse était en situation de déficit de près de 155 milliards DA. Les voyants sont ainsi passés au vert, et les résultats devraient encore évoluer en 2025, «ceci d’autant que la bonne santé de la CNAS a des répercussions sur la Caisse de retraite (CNR), la caisse chômage et le fonds national de péréquation des œuvres sociales (FNPOS) et les aides au logement, créant ainsi une dynamique positive à travers les mécanismes d’aides mis en place par l’Etat», ajoutera-t-il.
Pour ce qui est des remboursements, Nadiar Kouadria indiquera que «nous avons dépassé les 329 milliards DA en matière de médicaments, 17 milliards DA pour les dialyses, plus de 6 milliards DA pour les maladies cardio-vasculaires, plus de 5 milliards DA pour les maternités, sachant que la CNAS prend en charge 5 maladies chroniques». Cela fait plus de 600 milliards DA de remboursements, soit plus de 90% de la part de la CNAS. «Car sur les 1827 milliards DA de recettes, la quote-part de la CNAS et 793 milliards DA, plus de 734 milliards DA vont à la Caisse de retraite, 74 milliards DA vont la caisse chômage, et 21 milliards DA à la FNPOS, alors que 123 milliards DA sont versés en complément aux hôpitaux», précisera le Directeur général de la CNAS.
Et la liste des maladies à prendre en charge par la CNAS serait à l’étude au niveau du ministère de tutelle pour éventuellement ajouter d’autres maladies ou en supprimer certaines. A titre illustratif, il révèlera : «Nous comptons plus de 5,8 millions de malades chroniques, alors que le remboursement des maladies chroniques a dépassé les 230 milliards DA».
La numérisation et le recours à l’IA pour une meilleure gestion
Au niveau de la CNAS, le travail aurait été, ainsi, axé sur la numérisation qui est devenue incontournable aujourd’hui, que ce soit dans les relations avec les prestataires de la CNAS, avec ses partenaires, ou dans son organisation interne.
Sur le chapitre de la relation avec les prestataires, le responsable de la CNAS souligne le lancement de plusieurs portails, dont El Hana qui aurait reçu plus de 37 millions de visites, et permis de délivrer 20 millions d’attestations d’affiliation, mais aussi des attestations d’allocations familiales, et plus de 600 000 demandes de cartes Chifa. «A ce jour, nous comptons 3 millions d’utilisateurs, lesquels y recourent pour faire leurs déclarations d’arrêt de travail pour maladie, de congé de maternité», soulignera t-il, reconnaissant que cela reste faible par rapport aux 14 millions d’assurés que compte la Caisse.
La nouvelle carte Chifa, qui est de la seconde génération, sera désormais fabriquée en Algérie, et plus précisément à l’imprimerie officielle, alors qu’auparavant elle était fabriquée à l’étranger. Outre sa sécurisation, elle dispose d’une plus grande capacité de stockage des informations (plus de 400 ordonnances) par rapport à sa devancière, et permet au pharmacien d’avoir la photo de l’assuré pour éviter son usage par autrui. «Nous avions produit 20 millions de cartes Chifa d’ancienne génération, et nous avons remplacé 1 million de ces cartes par les nouvelles pour le moment» indiquera-t-il en précisant : «Nous y procédons graduellement, surtout qu’avec la nouvelle carte, le seuil de remboursement passe de 3000 DA à 5000 DA».
Par ailleurs, le DG de la CNAS annonce le lancement prochain, avec les médecins et pharmaciens partenaires de la CNAS, les ordonnances numériques, «surtout que nous avons commencé à recourir à l’intelligence artificielle dans le traitement des ordonnances où des anomalies sur la prescription de certains médicaments peuvent être automatiquement détectées». Des cycles de formation pour le personnel auraient été entamés pour mettre à jour nos personnels par rapport aux nouvelles donnes de la numérisation, surtout qu’il sera question d’intégrer le contrôle des chefs d’entreprises par le biais de l’intelligence artificielle à partir de 2025.
Un autre travail a, aussi, été entamé pour la dédomicilialisation de l’usage de la carte Chifa pour permettre aux assurés d’Alger de pouvoir utiliser leurs cartes dans d’autres régions du pays ou effectuer leur contrôle médical, et vice et versa, et cela devra se faire dans les 2 prochaines semaines.