«Le fléau des prothésistes apprentis dentistes prend des proportions alarmantes»

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Par Zine Haddadi

L’Ordre des médecins dentistes en Algérie met en garde contre le phénomène des prothésistes dentaires qui s’improvisent dentistes jouant avec la santé de clients attirés par des prix «attractifs».

Dépassant le cadre de leurs compétences, certains cabinets de prothèses dentaires s’adonnent à des pratiques douteuses qui constituent un danger pour la santé des patients, alerte Mohamed Réda Dib, président du Conseil de l’Ordre des médecins dentistes en Algérie dans une déclaration accordée à «L’Algérie Aujourd’hui».

Dans une correspondance adressée au ministère de la Santé, le Conseil de l’Ordre des médecins dentistes fait état de plus en plus de plaintes contre des prothésistes qui s’adonnent à des pratiques réservées normalement aux dentistes, comme les soins et les implants dentaires.

L’Ordre des médecins dentistes évoque des dangers considérables sur la santé des citoyens et de grandes pertes financières pour les citoyens victimes de ces pratiques. Dans ce sens, l’instance saisit le ministère de la Santé pour l’appeler à intervenir afin de mettre fin à ce fléau qui menace la santé des Algériens.

 

Le ministère appelé à réagir 

Le Conseil de l’Ordre des médecins dentistes indique dans sa lettre que des cas d’une certaine gravité ont été enregistrés suite à ces pratiques illégales de la part de prothésistes.

Le Conseil cite des cas d’infections chroniques, des pertes de dents, des malformations durables provoquées par les pratiques de prothésistes d’activités devant être menées par des médecins dentistes, en plus du préjudice financier important pour les patients cherchant à réparer les dégâts causés.

Devant cette situation, le Conseil de l’Ordre des médecins dentistes invite le ministère de la Santé à intensifier les contrôles sur le terrain afin de démasquer les prothésistes qui s’improvisent dentistes et qui jouent avec la santé des patients, et ce, pour les empêcher de poursuivre d’activer dans l’illégalité.

La fermeture des cabinets des prothésistes impliqués dans les pratiques illégales dénoncées est exigée par le Conseil de l’Ordre qui appelle le ministère de la Santé à prononcer des sanctions fermes.

Voulant briser la chaîne d’approvisionnement des prothésistes faisant office de dentistes illégalement, le Conseil de l’Ordre des médecins dentistes appelle à faire appliquer les lois afin d’interdire la vente des produits réservés aux médecins dentistes à des gens non autorisés qui les utilisent dans leurs activités illégales.

Le ministère est également saisi pour organiser des campagnes de sensibilisation à grande échelle pour mettre en garde les citoyens contre le fait de s’adresser à des prothésistes quand il s’agit de soins dentaires.

La justice est intervenue à Skikda 

Le phénomène est toutefois suivi par les services de justice et de sécurité. A Skikda, huit prothésistes officiant comme «dentistes» ont été ciblés par des actions judiciaires. Quatre d’entre eux ont été condamnés à des peines de prison avec sursis, indique le président du Conseil de l’Ordre des médecins, le Dr Mohamed Réda Dib.

Ce dernier a également pointé l’absence d’un organisme représentant les prothésistes puisque ceux-ci ne dépendent pas du Conseil de l’Ordre des médecins mais sont chapeautés par les Directions de la santé à travers le territoire national.

Il met également en relief le fait qu’il y a un vide juridique concernant cette profession. «Il faut un statut pour cette profession. Jusqu’à présent, le vide juridique complique la tâche pour trouver les solutions face au fléau des prothésistes qui s’improvisent dentistes», a-t-il expliqué.

Le ministère de la Santé est ainsi appelé à trouver les solutions qui s’imposent pour endiguer ce fléau qui prend des ampleurs «inquiétantes», aux dires du président du Conseil de l’Ordre des médecins.

«Il faut agir et vite. Le fléau prend des proportions alarmantes au niveau national. Une intervention du ministère s’impose. Les gens sont séduits par les prix plus bas que ceux pratiqués par les dentistes. Les prothésistes se déplacent même chez leurs clients, ce qui ajoute à l’illégalité de la pratique, l’absence du minimum d’hygiène avec les risques que cela fait courir pour la santé des citoyens», déplore Mohamed Réda Dib.