Par Amar R.
Un haut responsable du mouvement palestinien Hamas a déclaré hier que les otages israéliens ne pourraient être ramenés de Ghaza que si le fragile cessez-le-feu était respecté, rejetant le «langage des menaces» après que le président américain Donald Trump a déclaré qu’il «laisserait l’enfer éclater» s’ils n’étaient pas libérés.
«Trump doit se rappeler qu’il y a un accord qui doit être respecté par les deux parties, et c’est le seul moyen de ramener les otages (israéliens). Le langage des menaces n’a aucune valeur et ne fait que compliquer les choses», a déclaré en effet à Reuters Sami Abu Zuhri, haut responsable du Hamas.
Trump menace de déchaîner l’enfer
Le président américain Donald Trump, proche allié de l’entité d’occupation, a déclaré lundi que le Hamas devait libérer tous les otages détenus par le groupe militant palestinien d’ici samedi midi, faute de quoi il proposerait d’annuler le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, entré en vigueur le 19 janvier. «En ce qui me concerne, si tous les otages ne sont pas ramenés d’ici samedi midi, je pense que c’est une date convenable, je dirais : annulez (l’accord) et rien ne va plus, qu’un véritable enfer se déchaîne», a déclaré Donald Trump.
Le président américain a provoqué la colère des Palestiniens et des dirigeants arabes et bouleversé des décennies de politique américaine qui soutenait une possible solution à deux Etats dans la région en essayant d’imposer sa vision de Ghaza, qui a été dévastée par une offensive militaire sioniste et un manque de nourriture, d’eau et d’abris, et a besoin d’aide étrangère.
Il a déclaré que les Etats-Unis devraient prendre le contrôle de Ghaza – où de nombreuses maisons ont été réduites à des tas de gravats, de poussière et de métal tordu après 15 mois de guerre – et en expulser plus de 2 millions d’habitants afin que l’enclave palestinienne puisse être transformée en «Riviera du Moyen-Orient».
Il menace aussi de réduire l’aide à la Jordanie alliée des Etats-Unis si elle refuse de réinstaller des Palestiniens. Le royaume hachémite a réagi à son tour en proposant d’accueillir 2000 enfants palestiniens malades en attendant ce que proposera de son côté l’Egypte.
Aussi, le Premier ministre sioniste Benjamin Netanyahu a déclaré que l’entité qu’il dirige restait déterminée à récupérer tous les otages. Mais Netanyahu semble avoir perdu le pouvoir de décision en ce qui concerne Ghaza au profit de Trump, et est sous une pression interne croissante de la part des familles des otages, qui demandent la poursuite de la mise en œuvre de l’accord de trêve jusqu’à la libération de tous les otages.
L’accord de trêve a permis jusqu’ici la libération de 16 otages israéliens et 5 thaïlandais, en échange de quelque 700 Palestiniens détenus par l’occupation. Au total, 33 otages sont censés être libérés pendant la première phase de la trêve s’achevant le 1er mars 2025. Mais, un octogénaire sioniste enlevé par le Hamas le 7 octobre 2023 est mort en captivité dans la bande de Ghaza, a annoncé hier le kibboutz de Kissoufim dans le sud de la Palestine occupée, où vivait l’otage.
Les chiffres du désaccord
Cette nouvelle donne vient s’ajouter à l’annonce par le Hamas qu’il reportait «jusqu’à nouvel ordre» le prochain échange devant avoir lieu samedi, accusant l’occupation de violer les conditions de l’accord de trêve en procédant à plusieurs fusillades meurtrières et en bloquant certaines livraisons d’aide dans la bande de Ghaza. Autant d’arguments qui prouvent que le Hamas n’a pas violé l’accord de cessez-le-feu, ce dont même les autorités sionistes sont conscientes.
L’accord de trêve prévoyait dans sa première phase d’une durée de 42 jours l’entrée dans la bande de Ghaza de 12 000 camions d’aide, 50 camions citernes de carburant par jour, 60 000 unités d’habitation mobiles et 200 000 tentes.
Or, ce qui est réellement entré ne dépasse guère 8500 camions d’aide. L’occupation a autorisé seulement 15 camions citernes par jour au lieu de 50, aucune des 60 000 unités d’habitation mobiles prêtes à emménager n’est entrée, et seulement 20 000 tentes ont été livrées sur les 200 000 prévues. Il manque 180 000 tentes que l’occupation n’a pas voulu laisser passer.