Le hawzi, une symphonie patrimoniale

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Par-delà les tumultes urbains et les rythmes effrénés de la vie moderne, le hawzi se dresse comme un sanctuaire musical, une ode à la tradition et à l’âme algérienne. Né dans la cité millénaire de Tlemcen, ce genre musical puise ses racines dans la poésie arabo-andalouse et le gharnati.

Par Delloula Morsli

Le hawzi dépasse le simple cadre musical pour s’ériger en voyage initiatique à travers les émotions humaines. Ses mélodies lancinantes, portées par des instruments traditionnels tels que le oud, le violon et la derbouka, transportent l’auditeur dans un univers onirique où joie, peine, amour et nostalgie se côtoient et s’entremêlent. Les poèmes chantés reflètent la sagesse populaire et la beauté de la langue arabe, abordant des thématiques universelles qui trouvent un écho en chacun de nous.

Le hawzi constitue un élément essentiel de l’identité musicale algérienne. Il représente un pont entre le passé et le présent, un symbole de la richesse culturelle du pays. Face à la modernité et aux influences extérieures, la préservation de ce trésor patrimonial devient une nécessité impérieuse.

Des initiatives louables sont mises en œuvre pour garantir la pérennité du hawzi. L’organisation de festivals et de concerts permet de faire découvrir cette musique au grand public et aux nouvelles générations. L’enseignement du hawzi dans les écoles et les conservatoires joue également un rôle crucial dans la transmission de ce savoir-faire ancestral.

Au-delà de sa ville natale Tlemcen, le hawzi a connu une diffusion remarquable à travers l’Algérie, donnant naissance à des déclinaisons locales uniques. Alger et Constantine se sont particulièrement distinguées dans l’adaptation et l’enrichissement de ce genre musical. L’arrivée du hawzi à Constantine reste imprécise, mais son intégration profonde dans la culture locale est indéniable. Une citation célèbre de cheikh Toumi et de ses prédécesseurs illustre parfaitement cette relation symbiotique : « Tlemcen a créé le hawzi et Constantine l’a remodelé. »

De plus, l’école d’Alger a également joué un rôle important dans l’adoption et la diffusion du hawzi. Ce dernier a inspiré l’apparition de nouvelles formes musicales algériennes, témoignant de sa richesse et de son influence. Parmi les plus notables, on retrouve le aroubi et le chaâbi, qui s’inspirent des rythmes et des mélodies du hawzi, tout en développant leurs propres caractéristiques distinctives.

Le hawzi dépasse le simple genre musical pour s’ériger en hymne à l’Algérie, une ode à sa culture millénaire et à son peuple. Sa beauté intemporelle et sa profondeur émotionnelle continuent de toucher les cœurs. Un voyage initiatique, un héritage précieux et une identité affirmée. Sa sauvegarde et sa transmission constituent des missions essentielles pour garantir la pérennité de ce trésor culturel.

D.M.