Par M. Mansour
A l’orée de l’hiver 2025-2026, Air Algérie s’apprête à franchir un tournant avec l’ouverture de nouvelles lignes internationales. L’ambition est claire : transformer Alger en un hub incontournable reliant l’Afrique aux grands continents. Mais derrière cet objectif, c’est toute une politique d’expansion, d’investissement et de modernisation qui se dessine.
Dès l’hiver prochain, Air Algérie lancera plusieurs liaisons long-courrier, telles que celles reliant Alger à Guangzhou (Chine), Alger à Kuala Lumpur (Malaisie), ainsi qu’à plusieurs capitales africaines, comme N’Djamena (Tchad), Zanzibar (Tanzanie) et Libreville (Gabon). Cette dynamique inclura également la reprise de la ligne Alger-Addis-Abeba (Ethiopie) et le renforcement des vols vers Abuja (Nigeria).
Renforcement de la flotte
Cette offensive repose sur un renforcement massif de la flotte, amorcé dès 2023 avec la commande de 16 appareils auprès de Boeing et d’Airbus, notamment des Boeing 737-9 Max et des Airbus A330-900. Dès juin prochain, l’Algérie commencera à réceptionner de nouveaux avions dans le cadre d’opérations d’affrètement, avant l’arrivée, prévue pour fin août, des premières livraisons issues du programme d’acquisition. L’objectif immédiat est d’augmenter la flotte d’Air Algérie, aujourd’hui forte de 56 appareils, pour dépasser les 70 unités. Cette dynamique s’inscrit dans un plan plus large d’expansion, qui prévoit de nouvelles acquisitions afin de hisser la compagnie nationale aux standards requis pour la période 2030-2040, comme l’a récemment rappelé le ministre des Transports, Saïd Sayoud.
Cela dit, la construction d’un hub n’est pas qu’une question de lignes ouvertes et de nombre d’avions. C’est avant tout une question de connectivité fluide, de correspondances optimisées et de fiabilité opérationnelle. Air Algérie semble en être consciente, en témoignent les efforts en cours pour numériser ses services, réformer la gestion des bagages et réduire les retards, véritable talon d’Achille du transport aérien en Afrique.
Faire d’Alger un hub : plus qu’une ambition, une nécessité
Pourquoi les hautes autorités du pays parient-elles autant sur cette stratégie de hub ? Parce que le contexte l’impose. L’Afrique, en pleine explosion démographique et économique, a besoin de points de connexion efficaces vers l’Europe, l’Asie et l’Amérique. Pourtant, l’offre actuelle reste dominée par quelques grandes compagnies étrangères, principalement du Golfe et d’Europe.
L’Algérie dispose d’atouts naturels évidents, comme sa position géographique stratégique entre le nord du continent africain, l’Europe du sud et les grandes routes aériennes vers l’Asie. Mais ces avantages, jusqu’à présent, n’ont jamais été pleinement exploités. Air Algérie veut changer cela. Le projet n’est pas simplement de transporter des passagers algériens ; il s’agit d’attirer le transit international. Selon cette logique, un voyageur d’Abuja ou de Libreville passerait, plutôt que par Istanbul, Doha ou Paris, par Alger pour rejoindre Pékin, Kuala Lumpur, ou Londres.
Les défis à relever
L’un des défis à relever pour faire aboutir ce projet ambitieux sera celui de la ponctualité et de la qualité de service. La réputation d’une compagnie dans l’univers concurrentiel des hubs internationaux repose d’abord sur la fiabilité. En ce sens, la digitalisation de la gestion des bagages et l’investissement dans de nouveaux systèmes d’exploitation sont des signaux encourageants. Il sera également impératif d’imposer une image de marque forte. Dans ce contexte, le renouvellement de la flotte et la modernisation des services s’accompagneront sans doute d’une offensive marketing vigoureuse pour séduire un public international particulièrement exigeant.
Une opportunité en or
En définitive, Air Algérie tient entre ses mains une opportunité historique : devenir l’un des tout premiers hubs africains à rayonnement mondial. Ce projet ambitieux s’inscrit dans une dynamique de renouveau clairement engagée. Dès juin prochain, la modernisation de la flotte marquera une étape déterminante, suivie de l’ouverture de nouvelles lignes stratégiques dès l’hiver. L’amélioration continue des infrastructures viendra renforcer cette montée en puissance. L’ensemble de ces initiatives témoigne d’une vision claire et structurée, portée par la volonté ferme de s’imposer comme un acteur incontournable du transport aérien africain et international.