Le Mali, le Niger et le Burkina s’éloignent de la Cédéao et de la France : L’AES mutualise ses armées face au terrorisme

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PAR DJILALI B.

« Nous devons impérativement coopérer pour relever les défis sécuritaires », a affirmé le général Moussa Salaou Barmou, après l’annonce de la mutualisation des armées des trois pays de l’AES, Alliance des Etats du Sahel, Mali, Burkina Faso et Niger. L’annonce a été faite à l’issue de la première rencontre entre les chefs des armées des trois pays de l’AES. Une force conjointe pour combattre le terrorisme, est-il indiqué. Cette mutualisation des forces armées pour créer une force conjointe de lutte contre le terrorisme annoncée par le chef d’état-major de l’armée du Niger est devenue nécessaire pour deux raisons essentielles. La menace de l’intervention de la force de la Cédéao brandie devant la junte qui a pris le pouvoir au Niger pour rétablir le président déchu, Mohammed Bazoum a provoqué une réaction de solidarité des deux autres pays dirigés par des putschistes, le Mali et le Burkina qui avaient affiché leur solidarité avec Niamey et menacé d’une riposte collective pour contrer l’intervention de la force de la Cédéao.

Les bases de cette alliance sécuritaire étaient déjà établies par l’AES qui est passé à un autre stade, que peut justifier amplement la recrudescence ces dernières semaines des attaques terroristes, notamment au Mali et au Burkina Faso. Cette force conjointe sera mise sur pied dans les plus brefs délais, a souligné l’officier nigérien. L’autre raison est liée à la détérioration de la situation sécuritaire, notamment au Mali et au Burkina Faso qui ont enregistré plusieurs attaques terroristes meurtrières. Des attaques qui ont ciblé des convois et des infrastructures des services de sécurité, notamment de l’armée.

Des dispositifs installés aux frontières

Pour combattre efficacement les groupes terroristes qui frappent en Afrique de l’Ouest, les trois pays de l’AES ont décidé d’unir leurs forces armées, est-il souligné de même source. Les trois pays qui ont déjà installé des dispositifs à leurs frontières communes devraient les renforcer afin de limiter les mouvements des groupes armés et de les couper autant se peut de leurs sources de soutien et de financement. Les répliques des services de sécurité,
selon les bilans établis au Burkina Faso et au Mali, ont enregistré des résultats efficaces, dans la mesure où ils ont eu l’initiative et ont entrepris d’investir les fiefs terroristes. Des résultats qui tranchent nettement avec les bilans de la présence occidentale, notamment la Minusma pour le Mali et les forces françaises de l’opération Serval et Barkhane, les responsables des trois pays estimant qu’elle n’a rien apporté de positif à la situation.

Bien au contraire, estiment les nouvelles autorités maliennes, notamment, les forces françaises n’ont pas réduit, comme elles le prétendent, les capacités des groupes terroristes. En effet, les derniers bilans des opérations militaires au Burkina Faso et au Mali font état de centaines de terroristes éliminés et neutralisés. Par ailleurs, cette annonce intervient comme une nouvelle étape dans le processus d’intégration des trois pays qui se sont rebellé contre la Cédéao qu’ils ont d’ailleurs fini par quitter pour entamer des discussions pour lancer une initiative économique commune avec éventuellement la création d’une monnaie commune pour sortir du FCFA (franc CFA) considéré comme une monnaie de la colonisation française.

Toutefois, le processus en cours risque d’isoler davantage ces trois pays dirigés par des putschistes sans légitimité et semblent s’accrocher au pouvoir dans la mesure où aucun calendrier électoral n’est envisagé pour remettre le pouvoir aux civils comme ils s’étaient engagés. De là, il est difficile d’envisager la réussite des processus mis en branle sans l’adhésion populaire, cette même adhésion étant tributaire d’un retour à des institutions légitimes. Cela est aussi valable dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. A plus forte raison pour les pays voisins de l’AES avec lesquels la collaboration est indispensable pour éradiquer les groupes armés.

D. B.