Le Maroc élu à la présidence du CDH de l’ONU : l’affront aux droits de l’homme

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PAR AMAR R.

« L’ONU a fait le choix de l’impunité », tel est le commentaire qui revient le plus après l’élection « ubuesque » à la présidence du conseil des droits de l’homme de l’ONU, du représentant du régime alaouite qui est connu de tout le monde comme l’antithèse des droits de l’homme.

L’ambassadeur du royaume alaouite vient, en effet, d’être élu à la présidence du conseil des droits de l’homme des nations unies pour l’année 2024. Sa candidature a récolté 30 sur les 47 voix des pays membres du conseil face à celle de l’Afrique du sud, qui n’a recueilli
que 17 votes, lors d’un vote à bulletin secret qui a eu lieu hier. Bien avant cette élection, l’ambassadeur du régime du makhzen se targuait d’avoir reçu le soutien de la ligue arabe comme seul candidat depuis des mois.

Mais point de mystère pour les défenseurs des droits de l’homme dans le monde pour lesquels Rabat représente un régime autocratique aux multiples atteintes aux droits de l’homme. En effet, le Maroc occupe militairement le territoire du Sahara occidental depuis 1975, soumet son peuple à une répression systématique, use régulièrement des moyens sophistiqués pour tuer des civils des pays voisins dont 80 Sahraouis, 66 Mauritaniens, 3 Algériens et 3 Soudanais, tue des migrants sub-sahariens aux frontières de Ceuta et Melilla. Et pour boucler la boucle, le régime de Rabat est le seul du continent à ne pas avoir ratifié la charte africaine des droits de l’homme.

Les mouvements des droits de l’homme alarmés

Le choix porté sur le Maroc a en effet déclenché l’alarme auprès des mouvements pour la défense des droits de l’homme, notamment les mouvements de solidarité avec le peuple sahraoui dans le monde, et plus particulièrement les activistes dans les territoires occupés du Sahara occidental qui ont mené une campagne internationale contre la candidature du Maroc.

Ces derniers estiment qu' »avec ce choix, l’ONU et la communauté internationale récompensent l’impunité d’un pays qui viole systématiquement les droits de l’homme des Sahraouis et du peuple marocain lui-même ». Cela représente aussi « la victoire de l’impunité d’un régime oppresseur face au pays de ‘Madiba’, qui a mené la lutte la plus noble contre l’apartheid et l’oppression », s’indignent-ils. Le Front Polisario a d’ailleurs prévenu que le Maroc, pays qui viole toutes les résolutions de l’ONU et occupe militairement le Sahara occidental, ne peut pas présider le conseil des droits de l’homme des nations unies.

Le représentant du Front Polisario, Oubi Bouchraya Bachir, a indiqué lundi que le Maroc « n’aurait pas osé se présenter à un poste de cette importance, sans son sentiment chronique d’impunité, malgré son terrible bilan en matière de droits de l’homme, que ce
soit au Maroc même, ou au Sahara occidental, territoire qu’il occupe militairement depuis 1975 et où il impose un état de répression absolue et des violations systématiques des droits de l’homme ».

Une preuve du dysfonctionnement structurel des institutions internationales

L’élection du Maroc à la présidence du conseil des droits de l’homme est « une preuve supplémentaire du profond dysfonctionnement structurel des institutions internationales, a enfin souligné Oubi Bouchraya Bachir. Sinon comment interpréter le fait que ce pays puisse prendre la présidence d’un organe des nations unies alors qu’il traîne comme un boulet un registre rempli de violations. « En plus d’être fortement condamné et dénoncé par toutes
les organisations internationales de défense des droits de l’homme, le Maroc est le seul pays africain qui refuse toujours de ratifier la charte africaine des droits de l’homme et des peuples.

C’est aussi le pays africain qui continue à violer systématiquement la charte fondatrice de l’union africaine, notamment l’article 4 qui stipule l’obligation de respecter les frontières héritées au moment de l’indépendance », a-t-il rappelé. Enfin, depuis 2015, les missions techniques de l’ONU ont été empêchées de se rendre au Sahara occidental par l’occupant
marocain, qui refuse aussi d’accepter tout mandat de la mission des nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) incluant parmi ses prérogatives la surveillance du respect des droits de l’homme.

A. R.