Le mégaprojet de Gara Djebilet passe à une étape cruciale

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Fer de Gara Djebilet et phosphates de Tébessa : Le FNI met 3 milliards $ sur la table

La valorisation du gisement de Gara Djebilet (Tindouf) passe inéluctablement par une étape cruciale, celle de la déphosphoration du minerai de fer. Une manière d’améliorer la rentabilité du projet en conformant la production aux normes internationales pour faire de
l’Algérie l’un des acteurs clés du marché international, avec une capacité de production à terme de 40 à 50 millions de tonnes par an.

DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL À TINDOUF ET BÉCHAR ABDELLAH B.

POUR ÉLIMINER la teneur la plus élevée du phosphate dans le minerai qui est actuellement de l’ordre de 0,8% et de la ramener à 0,1%, la société nationale Feraal (filiale du groupe public Manal) a procédé hier à la signature d’un mémorandum d’entente avec l’un des acteurs mondiaux très connus dans ce domaine, à savoir le consortium chinois CMH.

L’accord en question consiste en la mise en place d’une unité de traitement de minerai de fer d’un volume de deux millions de tonnes par an, d’ici à 2026, avant de revoir à la hausse les capacités du traitement de l’unité.

En effet, en termes de processus de déphosphorisation de minerai de fer, le consortium chinois affirme qu’il existe deux techniques innovantes, la première avec l’utilisation du « gaz » et la deuxième par « fusion ».

Dans les premiers temps, « nous allons commencer par le transport de la marchandise par la voie routière, en attendant l’achèvement du projet de réalisation d’une ligne ferroviaire reliant le gisement de Gara Djebilet de Tindouf au nouveau pôle sidérurgique de Béchar », explique Ahmed Benabbas, président-directeur général de Feraal.

A ce propos, le PDG de FERAAL a annoncé la signature d’un contrat pour la réalisation d’un tronçon de 200 km de cette voie à partir de Béchar, faisant état d’un autre contrat qui sera signé dans deux semaines pour la réalisation de 170 km de Tindouf à Béchar.

Béchar s’apprête à accueillir le nouveau pôle sidérurgique

Implanté sur une superficie de 100 ha, le nouveau pôle sidérurgique de Béchar est
destiné à accueillir de potentiels investisseurs dans le secteur de la sidérurgie. De ce
fait, le consortium chinois qui est composé de trois grandes sociétés, à savoir CWE, MCC
et Heyday Solar, est le deuxième investisseur à rejoindre le site après le turque
Tosyali.

« Ce n’est que le début, d’autres jointventures avec des partenariats étrangers qui seront créées prochainement », annonce Mohamed Sakhi Harami, PDG de Manal.

Dans ce sens, le directeur de Feraal indique que la première phase de ce projet vise à la fois la production minimale du gisement de Gara Djebilet de l’ordre de 20 millions de tonnes, à partir de 2026, destinée essentiellement à répondre aux besoins du marché local en la matière, notamment les deux importants sites sidérurgiques d’Oran et de Jijel.

Entre 80 et 100 $ la tonne

« L’année dernière, nous avons importé pour 1,2 milliard de dollars de matière première pour alimenter les sites en production. Dans les années à venir, nous arriverons à répondre à la totalité des besoins du marché local et viser le marché extérieur. Le prix de commercialisation de la production de l’usine de Bechar oscillera en moyenne entre 80 et 100 dollars la tonne, ce qui rend le projet très rentable, par rapport aux coûts  » .

Et de poursuivre :  » L’exploitation de la mine est superficielle ; Il ne dépasse pas 12 mètres
de profondeur  » explique-t-il. La même source a souligné que cette question  » rend
le prix de la production nationale de fer – après l’étape de conversion – compétitif au
niveau du marché mondial, compte tenu des coûts inférieurs par rapport au fer extrait des mines situées dans des terrains difficiles comme les montagnes, ou celles qui nécessitent forage à grande profondeur.

Ahmed ben Abbas a estimé le pourcentage de fer dans la mine à environ 57% par tonne,
tandis que le pourcentage de phosphore ne dépasse pas 1%. Il est estimé à 0,8 % de
phosphore, et malgré cela, le complexe de Ferral cherche à réduire ce pourcentage
dans le cadre de la gestion de la production minière.

Retour à la source : Sonarem ressuscitée

Pour accompagner cette dynamique qui caractérise le secteur minier ces dernières
années en Algérie, les pouvoirs publics ont décidé de changer la dénomination du
groupe public chargé des activités minières, à savoir le groupe Manal, qui est devenu officiellement société nationale algérienne de recherche exploration (Sonarem).

« Une manière de permettre à l’entreprise de recouvrer sa notoriété », après avoir mis
dans le passé les fondations du secteur des mines en Algérie, et ce, à travers les opérations de recherche exploration qui ont été faites durant les années 70.

« La société a réalisé de grands projets de recherche en Algérie dans le passé et de recouvrer sa position importante dans le domaine minier et dans la création d’une valeur ajoutée à l’économie nationale », explique son PDG.

Enfin, le mégaprojet d’exploitation de la mine de Gara Djebilet commence à prendre
forme avec des signaux beaucoup plus positifs, soit en termes de production, ou encore
concernant le captage des investissements étrangers, notamment avec les Chinois qui
marquent une entrée en force dans le secteur des mines en Algérie.

A. B.