Le ministère de la santé met à jour la liste des psychotropes

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Holding pills

PAR ZINE HADDADI

La prégabaline, le tramadol et le trihexyphenidyl sont désormais classés comme psychotropes par le ministère de la santé et de la réforme hospitalière. Dans un arrêté daté du 14 février 2024, paru au journal officiel n°37 du 5 juin dernier, le ministère de la santé a inscrit, dans la liste des produits classés comme psychotropes, la prégabaline, utilisée pour traiter l’épilepsie ; le tramadol, un analgésique ; le trihexyphenidyl, utilisé pour traiter la
maladie de Parkinson.

Ces médicaments sont détournés de leur usage thérapeutique. Ils sont d’ailleurs les plus consommés comme drogues, bien que connues chez les consommateurs sous d’autres noms comme « Saroukh » et bien d’autres appellations données à ces produits. Le ministère évoque des substances présentant un risque d’abus, de pharmacodépendance et d’usage détourné. En plus du trafic de stupéfiants classiques, certaines personnes dépendantes
utilisaient de fausses ordonnances afin de se procurer ces produits auprès des pharmacies.

Renforcement de l’arsenal juridique

Dans l’incapacité de déceler les fausses ordonnances des vraies, les pharmacies d’officine trouvaient des difficultés et se trouvaient face à un dilemme. Une plateforme numérique devait voir le jour, selon le ministère de la santé, dans le but de mieux contrôler les mouvements des produits pharmaceutiques reconnus psychotropes, comme la prégabaline, le tramadol et le trihexyphenidyl.

Au mois de mars dernier, un décret exécutif signé par le premier ministre Nadir Larbaoui a porté sur la création d’une nomenclature nationale des psychotropes. La mission de l’établissement de la nomenclature nationale, qui servira de référence en plus de celle internationale prise en considération jusque-là, a été confiée à une commission créée auprès du ministre chargé de la production pharmaceutique. Le classement de la prégabaline, du tramadol et du trihexyphenidyl n’est pas anodin.

En effet, il ressort des différentes saisies réussies par les services de sécurité que ces produits sont ceux qui font le plus l’objet de trafic. Cette donnée renseigne sur le degré de consommation de ces produits en particulier. Pas plus tard qu’hier, le service régional de lutte contre le trafic de drogue d’Ouargla a réussi une saisie de 105.350 comprimés de psychotropes de type prégabaline. Les services de sécurité sont habitués à saisir des quantités par millions de comprimés, c’est dire la portée du trafic et ce qu’il génère comme revenus pour les barons.

Pourquoi la prégabaline, le tramadol et le trihexyphenidyl ?

Pourquoi la prégabaline, le tramadol et le trihexyphenidyl connaissent-ils autant de succès chez les consommateurs. À cette question, Dr Bekkat Berkani, médecin, explique les effets que procurent la consommation de ces produits. « Ces médicaments donnent une sensation de légèreté, d’indolore mais une fois l’effet passé, le corps en devient dépendant.

Les consommateurs tombent dans le piège de l’addiction et de l’accoutumance à ces produits et font tout pour en consommer de nouveau », a-t-il déclaré. Ces médicaments ont un effet tel qu’il font faire aux consommateurs des actes dont ils ne sont pas tout à fait conscients. « Sous l’effet de ces produits, les consommateurs peuvent être auteurs d’actes d’une certaine gravité sans s’en rendre compte. Le corps relâché, la légèreté mène dans un état second durant lequel les consommateurs ne contrôlent pas leurs actes », a-t-il ajouté.

Z. H