Le ministre de la Justice déclare la guerre aux «interventions»

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Par Brahim Aziez

 Le ministre de la Justice, garde des Sceaux avertit hier les intermédiaires, imposteurs et autres opportunistes qui profitent de la détresse des gens pour monnayer leurs services dans les sociétés, administrations, mais aussi et surtout dans les arcanes des tribunaux et cours de justice.

 

Lotfi Boudjemaâ, qui était, hier, à Adrar où il a inauguré, entre autres, une nouvelle cour de justice, est revenu sur le phénomène, devenu une culture des «interventions» ou «la Maârifa», qui a pris une certaine dimension dans notre pays, lequel disparaîtra, selon lui, avec une écoute et une prise en charge des préoccupations des citoyens à tous les niveaux. A cet effet, il a instruit les présidents des cours ou des tribunaux,  les procureurs, les juges d’instruction et les greffiers à une prise en charge réelle et effective des citoyens dans les tribunaux et autres cours de justice, à leur réception. L’occasion pour sensibiliser les fonctionnaires de son département ministériel sur l’importance d’être à l’écoute des justiciables et autres personnes qui se rendent dans leur institution, de les prendre en charge et les orienter. «Les gens ont besoin d’être écoutés», dira-t-il en soulignant que «si les justiciables viennent et reviennent dans tribunaux, c’est que leurs problèmes n’ont pas été réglés». Et pour lui, une prise en charge ne veut pas forcément dire donner gain de cause, mais une simple écoute règle parfois 50% des problèmes.

Le ministre signalera que l’un des points nodaux sur lesquels le président de la République a toujours été insistant est la prise en charge du citoyen, et l’amélioration de son quotidien, rappelant que «l’Etat a déboursé d’importantes sommes d’argent pour construire ce genre de structures qui servent le citoyen algérien».

«Aucune compassion!»

Mais là où le ministre s’insurgera, c’est lorsque des intermédiaires se proposent pour régler des problèmes, interférer auprès de tel ou tel responsable ou de pouvoir prendre un rendez-vous avec untel contre rémunération ou service. Le ministre de la justice, qui avouera avoir eu des écho sur des pratiques dénonciables de certains imposteurs qui agissent dans d’autres domaines pour s’enrichir en profitant de la crédulité des gens, ou de leur détresse, appellera à combattre ce genre de pratiques et les personnes y ont recours pour se remplir les poches. «Il se propose, il te dit je connais tel PDG, tel ministre, tel haut gradé de l’armée, ou tel procureur… non, il faut mettre un terme à cela !» tonnera-t-il. Il en est de même pour les usurpations d’identité pour soutirer de l’argent aux gens. «J’ai donné des instructions pour prendre les mesures les plus fermes contre ces escrocs, sans aucune compassion», dira-t-il en substance.

Il est vrai que l’interventionnisme est présent dans tous les domaines, que ce soit pour décrocher un rendez-vous avec un responsable, bénéficier d’avantages, faire avancer un dossier, avoir une autorisation, ou tout simplement régler un problème. Nombreuses sont les affaires de pots-de-vin qui ont éclaboussé divers secteurs d’activité, mais aussi d’usurpation d’identité. Le dernier en date a vu un jeune se faire passer pour un officier supérieur de l’armée pour intervenir auprès de diverses autorités contre de l’argent.

Et aucun secteur n’échappe à cette règle, chose que le ministre de la Justice a bien relevée hier, s’engageant à y remédier au niveau de son secteur en premier lieu, à travers l’ouverture des portes aux citoyens, auxquels les fonctionnaires devront consacrer plus de temps et d’écoute.