PAR NABIL M.
Le commerce du plomb en Algérie, en tant que matière première utilisée principalement par les fabricants de batteries, connaît un désordre que l’Etat compte bien régler.
Au cours de sa visite de travail dans la wilaya de Constantine hier, le ministre du Commerce et de la Promotion des Exportations, Tayeb Zitouni, a insisté lors de l’inauguration du Salon national de la production et de l’exportation, sur l’importance pour les producteurs locaux de s’approvisionner à partir des matières premières disponibles localement.
En interrogeant un producteur de batteries d’automobiles et de motocycles présent au Salon, le ministre s’est assuré de la disponibilité du plomb en tant que matière première pour la fabrication de batteries, au niveau local, ce qui l’a poussé à mettre l’accent sur le motif de l’interdiction d’exportation de cette matière. «C’est par rapport à la disponibilité de la matière première, à savoir le plomb, qu’on a interdit son exportation, a rappelé le ministre.
Poursuivant dans ce sens, M. Zitouni, qui n’a pas nié le fait que la décision de stopper l’exportation du plomb a «fait du mal à certains opérateurs économiques», a expliqué qu’il était plus raisonnable de profiter de la production locale. «Est-il logique d’exporter une tonne de plomb recyclée à un prix dérisoire, pour importer la même matière de l’autre côté à un autre prix doublement plus fort ?», s’est-il interrogé.
Il est à noter que l’exportation abusive de plomb avait menacé, au début de l’année dernière, l’activité de 14 usines de fabrication de batteries, dont trois entreprises publiques, pour un secteur qui compte plus de 5000 employés couvrant une grande partie des besoins nationaux en ce produit.
Encourager le recyclage de plomb
Par ailleurs, le ministre du Commerce a mis en avant dans son intervention au sujet du commerce de plomb, la nécessité de faire profiter les fabricants de batteries du recyclage de la matière première, en orientant les exportateurs de plomb vers la vente de leurs produits aux producteurs nationaux. «Nous avons pris la décision de pousser les gens qui font du recyclage du plomb afin qu’ils puissent le vendre aux fabricants de batteries», a déclaré le ministre.
M. Zitouni a également rappelé qu’il existe des industriels qui préfèrent ne pas s’approvisionner sur le marché national, en optant pour l’importation du plomb. «Mais il y a aussi, malheureusement, certains producteurs de batteries qui ne veulent pas acheter du plomb localement produits ou recyclé, mais préfèrent plutôt l’importer à un triple prix», a indiqué le ministre, avant d’ajouter : «Pour ceux-là, on va prendre des décisions».
Le premier responsable du secteur du Commerce a sous-entendu que des importations déguisées s’opèrent dans l’obscurité alors que l’importation du plomb a été interdite par la tutelle depuis le mois de mai dernier. Cette décision s’explique par la capacité de production nationale de 2000 tonnes de plomb par an, assurée par 3 entreprises privées et 10 entreprises publiques.
En attendant la production de la mine d’Amizour
Dans ce même contexte, le ministre du Commerce a assuré que si l’approvisionnement du marché en plomb local venait à manquer, l’Etat pourrait dans ce cas rouvrir l’importation de cette matière. «Le jour où on aura consommé le plomb récupéré ici, en Algérie, avec son prix très réduit, à ce moment on donnera des autorisations d’importation pour assurer le complément», a-t-il assuré.
En parallèle, M. Zitouni n’a pas manqué de rappeler le mégaprojet minier qui, une fois mis sur rail, approvisionnera non seulement les producteurs nationaux, mais aussi ceux du monde entier. «On espère que les producteurs de batteries ne vont plus importer du plomb jusqu’au lancement de production de la mine d’Amizour de la wilaya de Béjaïa», a souligné M. Zitouni qui a assuré que la production de l’usine de cette mine pourra non pas seulement répondre largement à la demande locale de plomb, «mais aussi inonder les marchés internationaux de cette matière ».
Rappelons que ce gisement minier permettra à l’Algérie de disposer d’une mine de référence mondiale. Situé à la frontière des daïras de Tichy et d’Amizour, et divisé par les communes de Tala Hamza et d’Amizour, près du village d’Aït Bouzid (Izghaine), le gisement s’étend sur une superficie de 234 hectares avec des réserves estimées à 34 millions de tonnes, pour une production annuelle de 30 000 tonnes de plomb et sera réalisée en partenariat avec la compagnie australienne «Teramine». Le début de l’exploitation de ce projet minier est prévu en octobre 2026.