Le monde en quête d’un nouvel ordre

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Le monde en quête d'un nouvel ordre

PAR R. AKLI

C’est sur fond de crises multiples et de tiraillements géopolitiques plus que jamais exacerbés que se sont ouverts, hier, à New York (États-Unis), les travaux de la 78e session
de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU). Au cœur des débats, autant de questions brûlantes que celles liées au réchauffement climatique, au retard dans
la réalisation des fameux Objectifs de développement durable fixés pour 2030, à la réforme
du Conseil de sécurité de l’ONU et, bien entendu, à la guerre en Ukraine et aux bouleversements qu’elle charrie quant au devenir de l’actuel ordre mondial.

Plus de 140 chefs d’État ou de gouvernements y prennent part, mais un seul est présent parmi les dirigeants des cinq pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU, en l’occurrence le président américain, Joe Biden, signe déjà, pour certains observateurs, de clivages et de rivalités plus que jamais marquées entre les puissances anciennes et celles émergentes qui participent à redéfinir l’ordre actuel du monde.

Un tournant de l’histoire postGrande-Guerre que même l’oncle Sam ne cherche plus à escamoter, tant les chamboulements géopolitiques nés du conflit ukrainien ont fini de rendre trop évident le fossé qui s’est creusé ces dernières années entre l’Occident d’une part et les pays dits émergents et ceux du Sud d’autre part.

Plus que jamais, la planète se cherche désormais un nouvel ordre, plus équilibré, moins nuisible au climat, plus multipolaire et moins tributaire des actuelles institutions multilatérales, dont presque tout le monde reconnaît aujourd’hui l’urgence d’une réforme en profondeur pour les rendre plus adaptées aux nouvelles réalités économiques et géopolitiques en présence.

Réforme du Conseil de sécurité

« Un flot d’inégalités, d’injustice et une incapacité à faire face aux défis, alors que les tensions géopolitiques s’accentuent », a résumé en ce sens le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, en évoquant notamment les inondations qu’a connues tout récemment la région libyenne de Derna.

Dans un discours prononcé hier à l’ouverture des travaux de l’Assemblée générale de l’ONU, Guterres a ainsi tenté de tirer la sonnette d’alarme quant à la gravité des périls qui
pèsent aujourd’hui sur le monde, indiquant à cet égard que « le changement climatique change la vie sur notre planète, affecte tous les aspects de notre travail, tue des personnes et détruit des sociétés ».

Aussi, a-t-il tranché, « nous ne serons pas en mesure de résoudre efficacement les problèmes si les institutions ne reflètent pas le monde tel qu’il est ». Citant, en ce sens, les cas du Conseil de sécurité des Nations unies et des institutions financières de Bretton Woods, le FMI et la Banque mondiale en l’occurrence, Guterres n’a pas manqué de déplorer une gouvernance internationale qui vit encore dans le passé, « alors que le monde a changé », a-t-il dit, en réitérant la nécessité de repenser la structure financière internationale et de réformer le Conseil de sécurité de l’ONU.

Une urgence que même Joe Biden n’a pas manqué de reconnaître, de son côté, en affirmant à travers son discours, être tout à fait ouvert et favorable à un élargissement du Conseil de sécurité à de nouveaux membres, mais également à une réforme de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

« Les institutions vieilles de plusieurs décennies doivent être adaptées pour relever des défis plus complexes et interconnectés », a ainsi admis le Président américain. Au-delà, cependant, des usages diplomatiques et des discours de circonstance, la nécessaire réforme de l’institution onusienne dépendra sans doute des nouveaux équilibres géopolitiques qui façonneront l’ordre mondial à venir.

Tout comme, du reste, la concrétisation escomptée des Objectifs de développement durable, de la lutte contre le réchauffement climatique et de la réadaptation de la gouvernance financière et économique mondiale…

R. A.