Le plaidoyer du Président pour l’agriculture saharienne

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Agriculture saharienne

PAR BRAHIM AZIEZ

LE PRÉSIDENT de la République qui rencontrait avant-hier les responsables de la presse nationale, a abordé, entre autres sujets, l’agriculture que l’Etat entend « renforcer pour l’équilibre des forces économiques du pays ». Sur le sujet du stress hydrique qui frappe le pays, le président de la République, qui s’est voulu rassurant quant à l’alimentation de la population en eau potable, préconisera que le secteur de l’agriculture s’adapte à cette réalité en adoptant les moyens modernes, comme l’utilisation du goutte-à-goutte, le recours aux plantes rustiques qui ne consomment pas beaucoup d’eau, ou encore l’utilisation des eaux épurées pour l’irrigation dans le nord et les régions littorales. L’occasion de décrier la déperdition des eaux épurées qui ne sont pas exploitées, ou encore des eaux usées qui ne sont pas traitées, regrettant les pertes qu’enregistre le pays en la matière.

Reconnaissant que ces aléas hydriques empêcheraient, probablement, l’atteinte des objectifs fixés cette année, ceci d’autant qu’il est, à ses yeux, impossible de cultiver l’ensemble des produits agricoles, Abdelmadjid Tebboune estimera qu’il faut produire ce qui peut l’être et importer ce qui ne peut pas l’être. En évoquant ce secteur, Abdelmadjid
Tebboune révélera « avoir toujours été intéressé par l’agriculture, parce que c’est un hobbie, mais aussi parce que j’ai souvent exercé dans des régions où j’ai eu à prendre en charge les problèmes de la profession ». Le chef de l’Etat réitérera la volonté de l’Etat de renforcer davantage ce secteur pour créer un équilibre de la force économique du pays. L’occasion de rappeler que la production agricole a avoisiné les 35 milliards de dollars en 2022. « L’agriculture, ce n’est pas uniquement les prix qui flambent ou qui baissent, notre agriculture évolue », soulignera-t-il en rappelant que ce secteur est aujourd’hui pris en main par des agronomes, des spécialistes du domaine. Pour ce qui est de l’élevage, Abdelmadjid Tebboune déplorera qu’un pays aussi vaste que l’Algérie importe le bétail. « J’ai vu passer plusieurs gouvernements, et à chaque fois je découvrais un chiffre », avouera-t-il en affirmant que cela est passé de 15 millions à 29 millions de têtes de bétail, et que « la seule fois où on a effectué un recensement, il s’est avéré qu’on disposait de 17 millions de têtes seulement ». Sur l’alimentation de bétail, le président Tebboune a manifesté sa conviction que quelques recherches permettraient de satisfaire les besoins locaux. Et à ce sujet, il citera l’exemple du maïs qui « gagnerait à être cultivé au Sud où les superficies agricoles sont disponibles avec une abondance de l’eau, au point que toutes nos céréales pourraient y être produites, pour consacrer le Nord pour les légumineuses et les fruits ».

La mafia du maïs pointé du doigt

Et le Président de reconnaître que « nous ne nous sommes jamais véritablement intéressés, scientifiquement et techniquement, au Sud ». Et de révéler que le Sud est exploité à 40% en matière d’irrigation, alors qu’il aurait fallu que les céréales, les fourrages et les élevages viennent du sud du pays. L’occasion de pointer du doigt « la mafia du maïs » qui a voulu maintenir la situation en l’état, et de souligner qu' »entre Adrar et Aïn Salah, près de 9 millions d’hectares sont prêts à l’exploitation, sachant qu’un hectare irrigué au Sud donne le rendement de 2,5 ou 3 hectares au Nord ». C’est dire que l’exploitation d’une partie de cette superficie compenserait, selon Abdelmadjid Tebboune, l’ensemble de la production du Nord.

«Un nouveau démarrage pour l’agriculture»

« Aujourd’hui, nous essayons un nouveau démarrage de l’agriculture. Et nous n’avons pas honte de dire que nous avons demandé un renfort étranger. Des fermes mixtes seront lancées avec des pays qui ont de fortes expériences agricoles, pour aboutir à de grandes fermes de 10 000 ou 15 000 génisses, et de grandes fermes pour produire les céréales », indiquera le président de la République, qui relèvera que les terres irriguées dans le Sud ne produisent pas moins de 70 quintaux à l’hectare. Et d’affirmer que « l’agriculture et une science, et non pas des traditions », une manière d’en finir avec la classification du fellah comme un cas social, tel que cela a été le cas durant la décennie noire, préférant le classer comme un producteur, citant l’exemple de la région de Boumerdès où la viticulture s’est implantée, au point où l’importation de raisin n’est plus envisagée.

B. A.