Le Polisario considéré comme un mouvement de libération et le plan d’autonomie come une approche parmi d’autres : Les USA assènent deux coups durs au Makhzen

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Le Polisario considéré comme un mouvement de libération et le plan d’autonomie come une approche parmi d’autres : Les USA assènent deux coups durs au Makhzen

Par Amar R.

Par deux fois, le département d’Etat américain a assené des coups durs aux thèses expansionnistes du Makhzen sur le Sahara occidental, en restituant une position de la première puissance mondiale, qui se situe aux antipodes de celle exprimée par un tweet de l’ancien président Donald Trump.

Le dernier rapport du département d’Etat américain sur les droits de l’homme considère le front Polisario comme un mouvement de libération, rappelant aussi que le plan d’autonomie marocain était une «approche potentielle» pour satisfaire les aspirations du peuple du Sahara occidental.

Le Polisario est un mouvement de libération

«Le Front populaire de libération de Saguia el Hamra et Rio de Oro (également connu sous le nom de Polisario) conteste la revendication de souveraineté du Maroc et cherche l’indépendance du Sahara occidental», indique le rapport du département d’Etat.

«Le Maroc revendique la souveraineté sur le territoire du Sahara occidental et contrôle environ 80% du territoire. Le Front populaire de libération de Saguia el Hamra et Rio de Oro (également connu sous le nom de Polisario) conteste la revendication de souveraineté du Maroc et cherche l’indépendance du Sahara occidental», ajoute le rapport du département. Et ce, avant de rappeler que «les forces marocaines et du Polisario se sont battues par intermittence à partir de 1975, lorsque l’Espagne a renoncé à l’autorité coloniale sur le territoire, jusqu’à un cessez-le-feu en 1991 et la mise en place d’une mission de maintien de la paix de l’ONU».

En évoquant le mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental, le document susmentionné a qualifié les Sahraouis d’«indépendantistes» et de «militants dans le domaine des droits et de l’indépendance».
Ce rapport qui reprend la dénomination du «Sahara occidental», telle que reconnue par les Nations unies, a choqué plus d’un au Maroc pour la raison qu’il restitue la position des Etats-Unis d’avant la reconnaissance de la pseudo-souveraineté du Sahara occidental proclamée par un tweet de l’ancien président Donald Trump.

Aussi, le document balaie d’un revers de la main la fausse propagande au sujet des prétendus liens du Polisario avec le terrorisme, et/ou avec des puissances étrangères.
Autant de raisons qui ont choqué plus d’un dans le royaume chérifien, comme en témoigne la réaction de Mohamed Saleh Tamek, délégué général des prisons au Maroc, qui a affirmé que le dernier rapport du département d’Etat «n’augure rien de bon».

Il a précisé que «le département d’Etat américain (…) a montré un recul soudain de ses positions positives qu’il a toujours exprimées dans le passé envers le royaume du Maroc, dans un parti pris flagrant en faveur des ennemis de l’intégrité territoriale du royaume».

Selon lui, cette position de l’administration Biden qui reconnaît le Polisario comme un mouvement de libération expliquerait «pourquoi certains des alliés des États-Unis lui tournent le dos et nous sommes conscients de ce que les États-Unis ont fait en Irak, de ce qu’ils se sont abstenus de faire en Syrie et comment ils se sont retirés d’Afghanistan».

Le plan d’autonomie : une «approche potentielle» pour les USA

Cette réaction quasi officielle d’un représentant de l’administration du Makhzen n’est pas liée au seul rapport des droits de l’homme, mais aussi à la position des Etats-Unis qui considère le plan d’autonomie sur le Sahara occidental comme une approche potentielle pour satisfaire les aspirations du peuple du Sahara occidental.

Soit une approche qui n’exclut pas d’autres, parmi lesquelles le référendum d’autodétermination du peuple sahraoui, que réclame le peuple sahraoui, en vertu des résolutions du conseil de sécurité des Nations unies, qui a mis en place une mission pour l’organisation de referendum, qui échoit à l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU, Staffan de Mistura en l’occurrence.

Lors d’une rencontre tenue il y a 4 jours avec le ministre marocain des Affaires étrangères, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a noté : «Nous continuons de considérer le plan d’autonomie du Maroc comme sérieux, crédible et réaliste, et comme une approche potentielle pour satisfaire les aspirations du peuple du Sahara occidental.»

Le secrétaire et le ministre des Affaires étrangères ont exprimé leur ferme soutien au nouvel envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies, Staffan de Mistura, dans la conduite du processus politique dirigé par l’ONU pour le Sahara occidental.

Enfin, le Sahara occidental était au centre de la rencontre du secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, avec l’ambassadrice des États-Unis en Algérie, Elizabeth Moore-Aubin.

Les deux parties ont discuté des derniers développements au Sahara occidental aux niveaux diplomatique et juridique, ainsi que des efforts déployés par l’envoyé personnel du secrétaire général, Staffan de Mistura, pour relancer les négociations politiques entre les parties au conflit, le royaume du Maroc et le front Polisario, de bonne foi et sans conditions préalables, conformément aux résolutions pertinentes de l’ONU.

A. R.