Le secteur du nucléaire médical fait sa mue

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Reportage au SHFJ

PAR MANSOUR M.

Le secteur du nucléaire médical en Algérie traverse une phase de transformation. L’engagement des secteurs public et privé, soutenu par les investissements dans les infrastructures et la formation, illustre la volonté nationale de propulser ce domaine. Un accord de coopération signé hier entre le Commissariat à l’énergie atomique (Comena) et Saidal vient concrétiser cet objectif, visant à renforcer la production, le contrôle et la commercialisation des radiopharmaceutiques, avec pour ambition d’atteindre l’autosuffisance en médicaments et traitements anticancéreux.

 

Production, contrôle et commercialisation

Une étape décisive a été franchie avec la signature de cet accord de coopération. Celui-ci vise avant tout à renforcer la production, le contrôle, l’enregistrement et la commercialisation des produits pharmaceutiques radiopharmaceutiques. Lors de cette cérémonie, le ministre d’Etat, Mohamed Arkab, et le ministre de l’Industrie et de la Production pharmaceutique, Sifi Grieb, ont souligné que cet accord s’inscrit dans la stratégie nationale du pays pour atteindre l’autosuffisance en médicaments et produits médicaux avancés, en particulier dans le domaine des traitements du cancer.

Dans ce sens, M. Ghrib a précisé que l’initiative «s’inscrit dans le cadre du développement de l’industrie pharmaceutique, conformément aux orientations du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, et à son souci de promouvoir la coopération et l’échange d’expertise entre les différents secteurs nationaux, ce qui renforcera les capacités de l’industrie pharmaceutique locale». Et d’ajouter que «le développement de la production de produits pharmaceutiques radiopharmaceutiques, particulièrement utilisés dans le traitement des cancers, fait partie d’une stratégie nationale globale visant à atteindre l’autosuffisance nationale en médicaments et produits médicaux avancés, réduisant ainsi la dépendance aux importations dans ce secteur sensible.»

 

Le nucléaire à usage médical : une priorité

Cet accord représente indéniablement une avancée pour notre pays, qui, selon les déclarations du chef de l’Etat en 2023, a fait de l’investissement dans les applications nucléaires à usage médical une priorité nationale. Il constitue également un levier pour renforcer les capacités de l’industrie pharmaceutique locale, en favorisant l’échange d’expertise entre le Comena et Saidal. De plus, il garantit la production nationale d’isotopes médicaux, essentiels pour le développement du nucléaire médical, consolidant ainsi l’autonomie du pays dans ce domaine.

 

Indépendance en matière de santé, et développement de la compétitivité

Le partenariat entre Saidal, fort de son expertise pharmaceutique, et le Comena, acteur clé de la recherche nucléaire en Algérie, promet donc de concrétiser la production locale de radiopharmaceutiques pour le diagnostic et le traitement de maladies lourdes comme le cancer. Lors de sa prise de parole, M. Arkab a précisé que «ce partenariat est le fruit de l’intégration entre deux institutions de premier plan. Le Comena, fort de son expertise reconnue et de ses infrastructures, se prépare à garantir la production nationale des isotopes médicaux, tandis que le groupe Saidal, grâce à son expertise et sa connaissance du secteur pharmaceutique, assurera la commercialisation de ces produits vitaux pour les citoyens», soulignant que «ce partenariat ouvre de grandes perspectives pour renforcer notre indépendance en matière de santé et développer une industrie pharmaceutique compétitive et durable par le biais de l’innovation scientifique et des capacités industrielles nationales.»

 

Le secteur privé n’est pas en reste

Dans cette dynamique, les investissements dans les infrastructures, tels que l’installation de cyclotrons pour la production de radio-traceurs comme le Fluorodésoxyglucose (FDG), ainsi que la qualification des unités de production, témoignent de la montée en puissance du secteur privé, à l’instar du laboratoire Biopharm, qui a décidé de s’engager dans ce domaine.

Parallèlement, des collaborations multisectorielles entre le Comena, l’Agence nationale des produits pharmaceutiques (ANPP) et le ministère de l’Industrie et de la Production pharmaceutique visent à établir une réglementation claire et stricte pour la production, la distribution et l’utilisation des radiopharmaceutiques. Cette question a d’ailleurs été soulevée par des experts, tels que le Dr Mohamed Nibouche, qui a souligné, lors de son intervention à la 4e édition du Biopharm Scientific Annual Meeting (BSAM) en juin 2024, que «la réglementation actuelle reste incomplète et nécessite une meilleure coordination pour assurer la sécurité et l’efficacité des produits radiopharmaceutiques.

Ces efforts réglementaires viennent compléter le renforcement des compétences locales dans le domaine du nucléaire médical. En effet, des institutions comme le Centre Pierre et Marie Curie et le Centre de nucléaire médical de Bab El Oued sont devenues des pôles régionaux de formation, soutenus par des initiatives de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Lors de la Conférence internationale du nucléaire médical, qui s’est tenue le 13 décembre dernier à l’hôtel El Aurassi à Alger, le rôle de l’Algérie en tant que leader régional a été souligné, avec des projets visant à intégrer le pays dans des réseaux scientifiques et industriels africains.