Les 700 km qui transformeront le paysage énergétique

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Par M. Mansour

L’Algérie déploie une ambitieuse stratégie énergétique avec un projet titanesque : l’interconnexion des réseaux électriques nord-sud. S’étendant sur 700 km, ce vaste chantier d’un coût de 470 milliards de dinars a pour but d’assurer la sécurité énergétique du pays, tout en ouvrant de nouvelles perspectives d’exportation régionale. Ce projet colossal vise à connecter le sud algérien à la région du nord, en créant une infrastructure capable de soutenir une croissance économique durable et de répondre aux besoins croissants en électricité.

«470 milliards de dinars»

En plus de renforcer le déploiement du réseau électrique interne, cette initiative permettra à l’Algérie de jouer un rôle clé dans le secteur énergétique au niveau continental, mais également avec ses partenaires de la rive nord de la Méditerranée, ce qui fait de ce projet ambitieux un levier crucial pour soutenir les projets agricoles et industriels du pays, tout en répondant à la demande croissante en électricité dans le sud du pays, notamment durant l’été.

La première phase de l’interconnexion entre les réseaux électriques nord-sud a débuté dans le sud, précisément à Hassi R’mel, pour s’étendre vers Timimoun en passant par Ghardaïa et El-Menéa. Ce projet ambitieux se déploiera en cinq étapes, avec une finalisation prévue pour 2035. Quarante kilomètres de réseau électrique de moyenne tension ont déjà été construits, offrant une alimentation électrique à environ 10 000 logements, comme l’a précisé Ahmed Eddou, directeur de wilaya de l’entreprise nationale de transport d’électricité et du gaz d’El-Menéa, au micro de la télévision nationale.

Dans sa globalité, le projet repose sur l’installation de 1689 pylônes, pesant au total 35 000 t, fournis par l’entreprise SAIEG, une filiale de Sonelgaz, qui regroupe aujourd’hui plusieurs anciennes entreprises telles que Rouiba Éclairage, AMC et MEI, spécialisées respectivement dans le matériel d’éclairage public, la fabrication de compteurs et la maintenance des équipements industriels. Ces pylônes soutiendront un câblage électrique de quelque 8500 km, entièrement fabriqué en Algérie.

Stimulation de divers secteurs d’activités dans le sud

Cette infrastructure stratégique, basée sur l’installation d’une double ligne électrique de 400 kW pour relier les réseaux électriques du nord et du sud, transformera profondément le paysage énergétique du pays. Elle stimulera ainsi divers secteurs d’activités dans le sud. En parallèle, les pouvoirs publics misent fortement sur l’électrification des lignes ferroviaires et des exploitations agricoles. Le gouvernement prévoit de connecter environ 100.000 exploitations au réseau électrique, dans le but de dynamiser le développement économique des régions méridionales. L’électrification du réseau ferroviaire dans les wilayas du grand sud s’inscrit dans une stratégie globale de développement, visant à soutenir les nouvelles initiatives économiques et agricoles grâce à une infrastructure énergétique robuste et fiable.

L’exportation fait partie des perspectives

Ainsi, en renforçant son réseau électrique national avec l’objectif clair d’assurer la sécurité énergétique, l’Algérie vise à consolider sa position de leader régional dans le secteur énergétique tout en établissant des connexions avec le reste de l’Afrique et l’Europe. La mise en place de lignes de transport d’électricité à haute et très haute tensions, combinée à l’expansion du réseau ferroviaire, a pour but de créer un réseau électrique africain intégré. Cette initiative répond aux besoins énergétiques de millions d’Africains encore privés d’électricité et ouvre de nouvelles perspectives pour la coopération internationale.

A terme, ce projet ambitieux représente une avancée majeure pour l’Algérie, particulièrement sur le plan économique, et démontre la volonté du pays de devenir un acteur clé dans le domaine énergétique. Grâce à ces investissements stratégiques, l’Algérie se positionne pour relever les défis énergétiques futurs, tout en soutenant le développement économique de ses régions les plus éloignées.