Par Brahim Aziez
«Dans la politique générale du gouvernement pour l’année 2023, il était question de porter la production nationale de céréales à 3 millions de tonnes, pour des besoins annuels estimés à 11 millions de tonnes en blé seulement», clamera le député Abdelhamid Zekkour, lors de la séance de questions adressées au ministre de l’Agriculture, s’interrogeant sur les moyens envisagés pour combler ce déficit, outre l’extension des surfaces irriguées et les aides accordées aux agriculteurs pour les encourager à s’orienter encore plus vers cette filière. Ce à quoi le ministre répondra : «En vertu des orientations du Conseil des ministres du 15 juillet 2024, la mise en œuvre d’un plan national ambitionne d’atteindre l’autosuffisance dans trois cultures stratégiques, à savoir le maïs, l’orge et le blé dur pour baisser la facture d’importation». Youcef Chorfa soulignera que pour ce plan, plus de 3 millions d’hectares ont été mis en valeur cette année, réaffirmant que son secteur entend atteindre l’autosuffisance en orge et en blé dur à l’horizon 2025-2026 à travers, notamment, l’augmentation des surfaces irriguées au niveau des wilayas du Sud. Pour ce qui est du maïs jaune, le secteur de l’agriculture ambitionne de porter les surfaces agricoles à 35 000 hectares avec un pôle qui lui sera dédié à In Salah.
«L’autosuffisance en blé dur, orge et maïs est prioritaire»
Le ministre rappellera, par ailleurs, que 495 000 hectares répartis sur 54 périmètres ont été mis à la disposition de l’Office de développement de l’agriculture industrielle (ODAS), dont plus de 92 000 hectares ont été attribués à 4 entreprises publiques que sont Madar, Cosider, Agrodiv, Sonatrach. «Ces dernières ont commencé l’exploitation de ces superficies avec comme objecti de mettre en place un programme agricole allant de 2024 à 2027 pour la culture des oléagineux, des légumes secs et des semences», précisera t-il en ajoutant que plus de 13 600 hectares ont été affectés à des entreprises algériennes privées ou partenaires d’opérateurs étrangers.
A propos des investissements étrangers, le ministre évoquera celui de l’italien Good Food qui a bénéficié de 30 000 hectares à Timimoun pour la production de céréales et de légumes secs, et l’autre italien Boniface Ferrarezi à Timimouni, et pour lequel 36 000 hectares ont été dédiés. «A ces investissements vient se greffer celui issu du partenariat avec le qatari Baladana qui, en plus de la production de lait et de viandes rouges, produira le blé dur et les oléagineux au niveau de la wilaya d’Adrar, pour lequel 117 000 hectares ont été dégagés», indiquera-t-il.
Loin de se suffire de ce qui a été réalisé, le ministre rappellera que durant le Conseil des ministres du 15 juin dernier, il a été retenu l’implication des walis pour la mobilisation de 500 000 hectares supplémentaires pour les cultures stratégiques, indépendamment de la décision prise par les hautes autorités du pays de convertir les fermes pilotes en unités de production des semences pour les céréales et le maïs.
«Ceci, nonobstant le raccordement à l’électricité de plus de 41 000 exploitations agricoles et la construction de nouveaux silos pour l’augmentation des capacités de stockage des céréales et les porter à 4 millions de tonnes», ajoutera-t-il.
A la question du député Rabah Djeddou sur le devenir d’un vieux projet de production de lait en poudre, en partenariat avec des étrangers, et qui n’a jamais vu le jour à cause des lobbies du lait qui ont tout fait pour maintenir les importations en l’état, le ministre se contentera de dire que la réponse se trouve dans la question, sans plus de détails, préférant, plutôt, évoquer le projet Baladna réalisé avec le partenaire qatari, et qui permettra de couvrir jusqu’à 50% des besoins nationaux en matière de lait en poudre (200 000 litres/jour), mais aussi une partie des besoins nationaux en lait pour bébés et en viande rouge.
A une autre question sur le lait, se rapportant au projet d’une unité d’1 million de litres/jour à Alger, le ministre confirmera que le projet qui a été confié à Giplait est toujours d’actualité à travers la création d’une nouvelle entreprise qui s’appellera «La Laiterie de Rouiba», et pour lequel tous les moyens ont été mobilisés, qu’ils soient financiers ou fonciers (4 hectares au niveau de la zone industrielle de Rouiba). Les deux unités (production de lait pasteurisé et LPC et l’UHT) dont les travaux ont été confiés à Cosider auraient atteint un taux de réalisation de 95%, selon le ministre, et il ne resterait que le montage des équipements relatifs à la production. La laiterie de Rouiba devrait, ainsi, entrer en production fin février 2025.
Une autre laiterie publique entrera en production le 15 novembre, dans la wilaya de Bouira, avec une capacité de 250 000 litres/jour, sans oublier la laiterie de Bordj Badji Mokhtar qui commencera à produire à partir du 1er novembre.