/La commission d’enquête de l’APN a remis, hier, son rapport sur les pénuries et la hausse des prix de certains produits de large consommation au président de ladite assemblée.
Dans ce rapport rédigé après près d’un mois d’enquête approfondie menée dans de nombreuses régions du pays, les députés enquêteurs ont soulevé 15 points qui sont à l’origine de cette situation. Des constats qui accablent les services du ministère du Commerce qui «ont failli» à leur mission de contrôleurs et de régulateurs du marché. «Faillite dans le système de contrôle périodique, faillite dans le système d’information, absence de données réelles, retard dans le versement des subventions aux opérateurs, faillite du système de facturation», sont les points soulevés par les députés enquêteurs qui accablent le ministère du Commerce. D’après le président de la commission d’enquête, Smaïl Kouadria, les services du ministère du Commerce cherchent à «se dédouaner en imputant la responsabilité des pénuries aux seuls producteurs et consommateurs. Le ministère du Commerce est, en grande partie, responsable de ces pénuries», accuse-t-il.
Problème d’approvisionnement
S’agissant du rôle joué par les producteurs dans l’aggravation de cette crise, le représentant de la ladite commission affirme que ses membres ont constaté que «certains producteurs ne respectent pas les règles en matière d’approvisionnement. Ils se contentaient uniquement d’approvisionner leurs points de vente, ce qui est à l’origine de ce dérèglement de la chaîne de distribution». Ce n’est pas le seul reproche qui a été fait aux opérateurs. Le rapport en question fait état également du «refus de certains opérateurs de procéder à l’augmentation de leur production en raison de la faiblesse de la marge bénéficiaire et le retard dans le versement des redevances par le ministère du Commerce», explique-t-il.
Faillite du système de facturation
Pour garantir la traçabilité du produit, le ministère du Commerce avait exigé aux producteurs, distributeurs et grossistes la vente par facturation. Une décision qui a désormais démontré ses limites dans la résolution de la crise d’après les députés, au contraire elle a encore aggravé la situation du marché. «L’adoption de la facturation comme moyen de suivre l’impact et de garantir la transparence et la traçabilité du produit a rendu la taxe sur l’activité professionnelle égale à la marge bénéficiaire des distributeurs, grossistes et détaillants», constate-t-il, avant d’ajouter : «Cette marge bénéficiaire des distributeurs, qui ne dépasse pas 15 DA pour une bouteille de 5 litres, reste décourageante.»
Les subventions n’arrivent pas aux producteurs
Pour ce qui est du versement des redevances aux opérateurs économiques activant dans la filière de l’huile de table, les députés affirment avoir «découvert que les subventions destinées aux producteurs selon les quantités autorisées dans les factures ne reflètent pas la réalité des chiffres enregistrés dans les registres commerciaux des distributeurs». Selon les députés, «les producteurs ont refusé d’augmenter les quantités de production sous prétexte que la valeur de compensation pour la différence entre le coût de la production et le prix à la vente n’était pas versée». Pour étayer ses dires, le président de la commission parlementaire chargée de cette enquête affirme : «Nous avons constaté qu’il existe certains producteurs qui n’ont pas reçu leurs redevances, depuis le mois de janvier 2021.»
L’huile de table disponible et en des quantités suffisantes
Pour ce qui est du volume de production et sa capacité de couvrir les besoins du marché national en matière d’huile de table, le rapport de la commission constate que les quantités disponibles peuvent couvrir largement les besoins de la population en la matière, avec même un surplus. Pour rappel, la consommation quotidienne des Algériens en matière d’huile de table est de 16.000 tonnes d’après les données du ministère du Commerce.
- B.