Par M. Mansour
Lors de sa visite de travail hier dans la wilaya de Constantine, le ministre du Commerce et de la Promotion des exportations, Tayeb Zitouni, a manifesté son mécontentement et exprimé son indignation à l’égard de certains importateurs et transformateurs de grains de café non torréfiés. Il a dénoncé des pratiques spéculatives visant à manipuler les prix, malgré l’instauration de mécanismes de compensation dans le cadre des mesures de plafonnement des prix au détail. Dans ce contexte, M. Zitouni a mis en garde certains opérateurs tentés de jouer avec les prix de ce produit, affirmant que «le gouvernement n’hésitera pas à prendre des mesures exemplaires contre quiconque tenterait de porter atteinte au pouvoir d’achat des citoyens.»
Depuis le début de l’été dernier, les prix du café ont fortement augmenté à l’échelle nationale en raison des perturbations climatiques mondiales et des tensions géopolitiques ayant affecté les récoltes. Le prix d’un paquet de 250 grammes a doublé, atteignant parfois plus de 400 DA, tandis qu’une tasse dans les cafétérias a grimpé à 60 DA. Pour protéger le pouvoir d’achat des consommateurs, le président de la République a instauré en août dernier un plafonnement des prix du café, et un décret exécutif a, par la suite, été publié au «Journal officiel» n°57, fixant le prix maximum à 1250 DA par kilo pour le café Arabica et 1000 DA pour le Robusta.
Afin de mettre en œuvre cette mesure, un arrêté interministériel commun aux ministères du Commerce et des Finances a été émis quelques jours plus tard pour fixer les modalités de compensation, couvrant la différence entre le prix de revient réel et les prix plafonds. Ce mécanisme, qui vise à compenser les coûts de vente, fixe les prix hors taxes à 748,16 DA/kg pour le Robusta et 935,20 DA/kg pour l’Arabica. L’Etat prend également en charge le différentiel de TVA acquitté par les importateurs, permettant une compensation plus équitable.
Le processus de compensation prévoit un délai de traitement de 30 jours : les demandes sont d’abord soumises à la Direction du commerce de la wilaya concernée, puis examinées par une brigade mixte de contrôle avant d’être transmises au comité de compensation du ministère du Commerce pour évaluation. Dans ce cadre, les marges bénéficiaires des opérateurs sont plafonnées à 3% de la valeur en douane pour les importateurs et à 4% du prix de revient pour les transformateurs, conformément au décret exécutif n°24-279 du 20 août.
Des manœuvres de manipulation des prix
Malgré l’instauration du dispositif de compensation, qui offre pourtant toutes les garanties aux opérateurs, certains d’entre eux n’ont pas respecté leurs engagements, selon les propos du ministre hier, invoquant un prétendu manque de garanties. Cette justification a été fermement rejetée par M. Zitouni, qui a assuré que toutes les mesures nécessaires avaient été mises en place pour garantir le bon fonctionnement de ce mécanisme. «Cette affaire a fait tomber les masques de certains transformateurs et importateurs», a-t-il déploré, accusant ces opérateurs indélicats d’avoir réduit volontairement leurs importations, qui sont passées de
29 000 tonnes à seulement 3000 tonnes par mois. Le ministre a également souligné que d’autres pratiques douteuses avaient été mises en lumière lors des enquêtes préliminaires. «Certains opérateurs injectent du café destiné à la transformation sur le marché noir et appliquent des marges bénéficiaires excessives», a-t-il souligné, dénonçant par là même le fait que ces acteurs persistent à refuser de délivrer des factures.
«L’Etat n’acceptera pas que le café devienne un instrument de chantage»
En réaction aux dépassements signalés, M. Zitouni a réaffirmé que la protection du pouvoir d’achat des citoyens est une priorité pour le président de la République. «Les décisions visant à soutenir le pouvoir d’achat font partie des engagements du Président, tant lors de son premier que de son second mandat», a-t-il déclaré, ajoutant que «l’Etat n’acceptera pas de voir un produit de première nécessité comme le café devenir un instrument de chantage économique.»
Pour faire face à cette situation, le gouvernement a pris des mesures pour garantir la disponibilité du café et diversifier les importations. Des entreprises publiques, telles qu’Agrodiv, ont été intégrées dans le processus d’importation. S’agissant de la facture d’importation de ce produit, le ministre a révélé que celle-ci s’élevait actuellement à 701 millions de dollars et a souligné la nécessité de «rationaliser l’importation pour répondre aux besoins des citoyens tout en évitant le monopole.» Il a également précisé que durant le premier mandat du Président, la facture globale des importations avait été réduite de 60 milliards de dollars à 42 milliards, un montant que le gouvernement prévoit de maintenir si nécessaire.
Dans ce contexte d’engagement ferme des pouvoirs publics, M. Zitouni a assuré que «le marché sera inondé de café» et que des actions résolues seront prises contre les «manipulateurs du marché.» En s’appuyant sur les mêmes procédés ayant permis le rétablissement de l’approvisionnement en produits de première nécessité comme les lentilles et le lait, il a annoncé que l’Etat s’attaquera désormais au café pour garantir un accès équitable aux produits de consommation courante.
Enfin, pour conclure sur une note rassurante, M. Zitouni a déclaré : «L’Etat est fort et les individus responsables des perturbations, en particulier concernant le café, ont été identifiés.» Il a également assuré que toutes les précautions avaient été prises pour préserver l’alimentation des Algériens et que les mesures nécessaires seront mises en œuvre contre les spéculateurs, précisant que la loi sur la spéculation illicite est claire.