Les intempéries continuent de faire peur aux habitants limitrophes de Oued Saoula touchés il y a un an par le même phénomène météorologique et laissant derrière elles 5 morts.
Il y a plus d’une année, plus exactement lors de la dernière semaine du mois d’octobre 2021, de fortes pluies se sont abattues sur la capitale ainsi que sur d’autres régions du nord du pays causant des pertes humains et matérielles.
A Alger, parmi les quartiers les plus touchés figure Saoula. Se situant dans la banlieue sud, cette commune, connue pour la rivière qui la traverse, a été inondée suite aux importantes quantités de pluies tombées.
Des axes routiers coupés, des habitations cernées par les eaux et des véhicules submergés, le bilan a été lourd puisqu’il y a eu cinq morts, tous repêchés d’Oued Saoula où leurs voitures ont été emportées par les flots, et une quarantaine de personnes sauvées par les membres de la Protection civile.
Alors qu’ils n’ont toujours pas été oubliés par ceux qui les ont vécus de près, nous nous sommes rendus sur les lieux où ces drames se sont produits. Notre premier arrêt a été fait au niveau de l’un des lotissements basé à quelques mètres du ruisseau.
Les intempéries de retour à Alger
C’est vers 11h donc que nous avons croisé le premier habitant de ce quartier. Informé de la raison de notre présence, il a accepté de faire la visite avec nous et nous parler de ce qui s’est passé en octobre 2021.
«L’une des voitures repêchées par les membres de la Protection civile a été retrouvée une vingtaine de mètres seulement de là où nous sommes actuellement. Comme vous pouvez le constater par vous-même, il n’y a pas eu beaucoup de changements depuis ces tristes incidents. Il y a eu certes quelques travaux d’aménagement et de nettoyage, mais la question que tout le monde se pose est la suivante : est-ce suffisant pour nous éviter un scénario similaire ? Nous espérons que le pont qui est toujours en cours de construction réglera ce problème une fois pour toute.»
Ayant dépassé la trentaine, le jeune homme croisé à l’entrée de ce quartier, a été rejoint par un autre un peu plus âgé. Ce dernier nous a dit : «Depuis les inondations, nous avons droit à une opération de goudronnage. L’éclairage public a été également installé comme il a été ordonné par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune. Par contre, nous ne disposons toujours pas du gaz de ville. L’hiver approche, nous en avons besoin. Nous ne souffrons pas que des inondations, mais aussi des moustiques et des mauvaises odeurs en été, du froid durant cette période de l’année. Nous espérons donc que ces problèmes seront réglés, que les travaux au niveau de l’oued vont s’accélérer pour ne plus revivre d’autres moments difficiles.»
Selon les informations dont nous disposons, les travaux pour que trois ponts reliant les quartiers au bord de l’Oued à la route nationale 63 soient bâtis mais jusqu’au moment où nous mettons sous presse, ces projets n’ont toujours pas été bouclés alors que la période des pluies est déjà arrivée. Une situation qui inquiète les citoyens comme nous avons pu le constater.
Par la suite, c’est la direction du centre ville de Saoula que nous avons prise. Une fois sur place, l’un de ceux qui nous ont reçu dans leur quartier nous a déclaré : «Il ne faut pas être un génie pour déceler les raisons des inondations ».
« Le bouche d’évacuation de l’eau de la rivière est trop petite, elle se bouche facilement et c’est en ce moment là que le niveau d’eau déborde. Tout est clair, il faut la refaire et procéder à un nettoyage avant la saison des pluies. Seulement, comme vous pouvez le constater, ça n’a pas été bien fait, donc le risque de vivre des scènes comme celles de l’an passé n’est pas à écarter », a-t-il détaillé.
« C’est malheureux car à chaque fois qu’il y a de fortes pluies nous ne sommes plus tranquilles. Plusieurs maisons ont été touchées lorsqu’il y a eu une montée des eaux. Dieu merci, il n’y a pas eu de pertes humaines mais nous n’en étions pas loin. Nous profitons de votre présence pour lancer de nouveaux appels aux autorités locales, il faut trouver des solutions pour que nous ne soyons plus victimes des inondations », s’est-il indigné.
« Plusieurs quartiers ont été touchés et risquent de l’être une nouvelle fois si les chargés de ce projet ne réagissent pas. Il faut être à notre place pour connaître ce que nous ressentons. Nous sommes toujours en état d’alerte lorsqu’il y a des fortes chutes de pluie, nous ne voulons plus vivre une telle situation », s’est-il alarmé.
Un an après les inondations
Apres quelques coups de fil de la part de la personne croisée au centre-ville de Saoula, une autre résident de cette localité a tenu à nous faire visiter sa maison pour nous montrer ce que les inondations ont causé.
«Après plus d’un an, nous sommes toujours sinistrés. Prenez des photos pour qu’on sache ce que nous vivons», nous a-t-il lancé. Une fois rentrée à son domicile, le temps a semblé s’être arrêté en octobre 2021.
«Ce que vous voyez là, c’est censé être une cour où les membres de la famille se retrouvent en temps normal. Depuis les inondations, cette maison est inhabitable.»
Ensuite, il a enchaîné : « Le niveau d’eau est montré à plus d’un mètre, nous avons eu du mal à évacuer tous les occupants de la maison notamment les enfants. Nous avons tout perdu, on nous a fait des promesses pour qu’on nous accorde de nouveaux logements mais hélas elles n’ont pas été tenues. Le wali a été clair pourtant, mais on a fini par nous oublier. Je ne peux pas faire de travaux de rénovation puis revivre de nouvelles inondations. Mon épouse est toujours sous le choc, les enfants aussi. Nous ne sommes pas les seuls dans une telle situation, qu’on nous aide à surmonter cette épreuve, on a droit à un nouveau départ.»
Selon d’autres témoignages des gens rencontrés lors de cette sortie à Saoula, il y a eu plusieurs effondrements partiels des faux plafonds, murs extérieurs et habitations précaires dans plusieurs quartiers qui se situent près de l’oued.
Alors qu’une vague de froid s’abat sur la capitale et plusieurs wilayas du pays, ceux qui ont été touchés par les intempéries espèrent qu’il y aura moins de dégâts. Pour ça, ils attendent que plus d’efforts soient faits sur le terrain afin de régler les problèmes d’évacuation.
Par Fodil C.