Les modalités d’exercice syndical en débat : Objectif, séparer l’exercice syndical de la politique

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Belabed

/Le ministre de l’Education nationale, Abdelhakim Belabed, a appelé les partenaires sociaux de son secteur à séparer l’exercice syndical de l’activité politique, en affirmant que les syndicats du secteur seraient associés à l’élaboration de mécanismes juridiques permettant d’évaluer les résultats des syndicats.

Cela a lieu dans le sillage de l’instruction du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui a ordonné dimanche l’ouverture d’un large débat sur les propositions relatives à l’exercice des droits syndicaux conformément à la Constitution, aux lois en vigueur de la République et au droit international, et compte tenu du fait que le travail syndical, tel qu’il est consacré dans la Constitution, comme un pilier de la démocratie. Au cours de sa présidence du Conseil des ministres, le président de la République a également souligné la nécessité de rétablir les normes internationalement reconnues du travail syndical, à savoir la défense des droits des travailleurs, l’amélioration des conditions de travail et la promotion de l’égalité des chances entre les hommes et les femmes. Et de s’éloigner -conformément à la loi- des pratiques politiques, et des liens organiques entre les syndicats et les partis politiques.

Zoubir Rouina (CLA) : «Nos  revendications sont conformes à la loi»

Appelé à donner son commentaire à ce sujet, le porte parle du Conseil des lycées d’Algérie (CLA), Zoubir Rouina, a, en s’adressant au ministre de tutelle indiqué : «Nous avons toujours œuvré dans le cadre de la loi et nos  revendications sont conformes aux exigences de la loi». Et d’ajouter, que vu son caractère revendicatif, le partenaire social a toujours œuvré pour la défense des droits socioprofessionnels du travailleur, mais aussi d’autres préoccupations qui  concernent les problèmes de gestion des directeurs de l’Education, notamment l’abus de pouvoir et les doléances liés à la non prise en charge dans les délais des divers dossiers. Cependant, la raison d’être d’un syndicat est de préserver son pouvoir d’achat, lui fournir les conditions de travail adéquates et aussi de réaliser un équilibre dans la relation entre employé et employeur. Un équilibre qu’on voit autrement du côté de l’administration, dont le point de vue est contradictoire avec la vision d’un syndicat.» S’agissant aussi des conclusions du Conseil des ministres, notamment  le point relatif aux modalités d’exercice du droit syndical, le porte-parole du CLA a estimé que le problème réside dans la non application des lois en vigueur, en voulant pour preuve les dépassements, à l’instar du licenciement abusif des syndicalistes pour cause d’exercice des activités syndicales. Il a cité pour autant l’exemple des syndicalistes des postes et télécommunications, qui en dépit des décisions de justice n’ont pas été réintégrés dans leurs postes, depuis des années. Or, le règlement de ces conflits est de nature à éviter le recours aux instances internationales du travail, dans le cadre des conventions paraphées et auxquelles on veut se conformer.

L’application des lois en question

D’autre part, M. Rouina  a posé le problème de l’actualisation des lois, notamment dans le volet inhérent aux critères de la représentativité des syndicats qui exige de toute organisation de prouver l’affiliation de 20% des travailleurs. Selon lui, cela constitue un frein au multi syndicalisme, en raison du nombre important des syndicats -33 dans le secteur de l’éducation- par rapport au faible taux d’affiliation des travailleurs pour cause de perte de confiance dans les syndicats et des dépassements dont font l’objet ses principaux acteurs. L’ouverture du champ des libertés syndicales doit primer sur toute action pour juger de sa représentativité, a-t-il estimé. 

Enfin, en adhérant au principe de la séparation de l’activité syndicale de la politique, cela n’empêche pas le syndicaliste d’avoir une appartenance politique à titre individuel, ou s’abstenir de revendiquer des questions à caractère économique ou en rapport avec la politique économique, conclut-il.

Pour rappel, lors d’une réunion présidée récemment par le Premier- ministre et ministre des Finances, Aïmene Benabderrahmane, le Gouvernement a examiné un projet de loi sur l’exercice des droits syndicaux. Au cours de la réunion, un projet de loi modifiant et complétant la loi n° 90 – 14 du 2 juin 1990 relative à l’exercice des droits syndicaux a été présenté et dont l’objectif est de mettre ses dispositions en conformité avec la Convention internationale du travail no 87 sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical.

A. R.