Par M. Mansour
Les facultés de sciences médicales à travers l’Algérie sont en ébullition ces derniers jours. A l’origine de cette agitation, la publication de l’arrêté interministériel du 9 octobre 2024 portant sur l’ouverture des postes de résidanat pour l’année universitaire 2024-2025. Ce texte, qui fixe le nombre de postes disponibles pour l’examen de spécialité, a suscité une vague de colère parmi les étudiants en sciences médicales, notamment en raison du faible nombre de places par rapport aux besoins et à la demande croissante.
Des vidéos montrant des mouvements de contestation à l’intérieur de diverses facultés de médecine en Algérie ont été publiées sur les réseaux sociaux ces dernières heures. Dans ces séquences, les étudiants s’adressent directement aux autorités, scandant des slogans exigeant des réponses rapides à leurs préoccupations. Aux revendications concernant le nombre de postes de résidanat, d’autres réclamations sont venues s’ajouter, entre autres une amélioration notable des conditions de vie et d’études des étudiants en sciences médicales.
L’élément déclencheur
La genèse de ce mouvement remonte donc à la publication des annexes des arrêtés portant sur l’ouverture des postes de résidanat. Les étudiants jugent insuffisant le nombre de places disponibles, qu’ils estiment bien en deçà des besoins réels et des aspirations à la spécialisation. Un exemple marquant de cette crise est la Faculté de médecine d’Alger, où 864 postes de résidanat en médecine et 52 en médecine dentaire ont été ouverts. Bien que ce chiffre puisse paraître conséquent, les étudiants soutiennent qu’il est insuffisant au regard de l’augmentation significative des effectifs ces dernières années. La situation est encore plus critique dans des facultés comme celle de Sétif, où seulement 92 postes de résidanat en médecine et 10 en pharmacie ont été attribués. Pour les étudiants, ce manque de places met en péril leurs chances de spécialisation et n’est pas à la hauteur des besoins des hôpitaux dans ces régions.
Face à cette situation, les étudiants en sciences médicales, regroupés au sein du Caucus national, ont décidé de lancer un mouvement de grève illimitée à compter d’hier, 16 octobre. Leur communiqué met en lumière plusieurs problèmes majeurs : un manque criant de services de formation, des stages insuffisants, et une augmentation massive des effectifs ces dernières années, ce qui, à leur sens, a accru la pression sur les infrastructures de formation. En outre, les internes dénoncent l’absence de carnet de stage en septième année, pourtant indispensable à la validation de leur formation.
Par ailleurs, une nouvelle mesure imposant une exclusion de trois ans en cas de renoncement à un poste de résidanat a exacerbé la colère. Les étudiants jugent cette décision «injuste», soulignant qu’elle risquerait d’aggraver le chômage au sein de la profession médicale. Cette décision vient ajouter à la frustration d’une génération déjà confrontée à une pénurie de postes et à des conditions de formation difficiles.
Un problème structurel
Interrogé sur les tenants et les aboutissants de cette affaire, le Dr Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique, a partagé son point de vue. «Bien que je ne maîtrise pas parfaitement tous les détails de cette situation, qui se déroule en dehors des murs des hôpitaux et ne relève pas directement de mes compétences, le constat que tout le monde partage est que la cadence à laquelle les étudiants sont injectés dans les différentes filières médicales – qu’il s’agisse de médecine générale, dentaire ou de pharmacie – a fini par créer un sérieux problème de recrutement.» Et d’ajouter : «Nous faisons face à un grand nombre de diplômés cherchant à être recrutés dans un contexte où les postes budgétaires disponibles ne suivent pas. Maintenant, la crise atteint un niveau encore plus critique avec les postes de spécialité. C’est un symptôme des retombées d’une gestion mal calibrée, qui a commencé il y a des décennies», a-t-il estimé.
Ce qu’il faut retenir de l’intervention du Dr Merabet, c’est que ce mouvement de contestation reflète un malaise profond. Bien que les étudiants reconnaissent les efforts du gouvernement pour améliorer l’enseignement supérieur et la santé, ils exigent des réponses concrètes et rapides à leurs revendications et une réforme en profondeur du circuit de formation.