Par Adel C.
Les prix des moutons ont fait jaser durant les nombreuses semaines qui ont précédé l’Aïd El Adha. Ils le font encore plus ces derniers temps à cause de la hausse spectaculaire enregistrée, surtout qu’on est encore loin de la prochaine fête du sacrifice, ce qui laisse les citoyens craindre le pire à l’approche de cet événement religieux.
Cette nouvelle flambée, inexplicable, fait trembler les réseaux sociaux. Dans des séquences vidéo filmées dans le marché de Hassi Bahbah, dans la wilaya de Djelfa, on pouvait voir que le prix des brebis a atteint les 200 000 DA par tête, alors que le propriétaire du troupeau avait reçu une offre de
182 000 DA sans qu’il accepte de les céder. «Je suis venu d’Oum El Bouaghi pour les vendre. J’ai déjà eu quelques propositions, mais je n’ai pas voulu les céder pour la simple raison que leur prix ne m’a pas plu. Je ne veux pas les vendre en dessous de 195 000 DA. Le top sera d’empocher 200 000 DA pour chaque brebis ; on verra si je parviendrai à recevoir des bonnes propositions», a-t-il ainsi déclaré. Alors que de nombreux éleveurs étaient également sur place mais aussi des clients potentiels, le jeune homme en question semblait être confiant et guère gêné par le prix exigé pour ses moutons. Dans le même marché, un autre vendeur venu de Ksar Chellala, une commune de la wilaya de Tiaret, a assuré que le prix de ses moutons était de 172 000 DA. Des brebis qu’il espère vendre au meilleur prix possible. Interrogé sur la raison qui a fait que le prix grimpe de cette manière, sa réponse a été la suivante : «C’est simple, c’est à cause du fourrage. Le fourrage est cher». Une réponse contradictoire puisque quelques secondes auparavant il assurait que ses moutons pâturent dans les champs et qu’ils étaient nourris uniquement d’herbe fraîche.
Un agneau de trois jours estimé à… 35 000 DA !
L’autre vidéo qui a été largement commentée est celle où l’on voit un vendeur présenter un agneau de trois jours, réclamant la somme de 35 000 DA pour le vendre. «J’ai reçu une proposition à 25 000 DA, mais je n’ai pas voulu le vendre car sa valeur est supérieure à mes yeux», a-t-il notamment lâché. Un autre est allé plus loin en réclamant entre 40 000 et 50 000 DA pour des agneaux nés il y a quelques jours. Quant à leur prix, il a assuré que s’ils sont élevés, c’est à cause de leur nourriture qui lui revient cher. Une réponse qui n’a pas convaincu grand-monde.
«Les éleveurs ne sont pas responsables de ces prix»
Afin de connaître la raison de cette hausse des prix spectaculaire et incompréhensible, nous avons pris attaque avec Djelloul Azaoui, le président de la Fédération nationale des éleveurs (FNE). A propos de ce qui se passe dans les marchés aux bestiaux, il nous a dit : «Les éleveurs ne sont pas responsables de cette hausse des prix. Ce sont plutôt les spéculateurs et intermédiaires qui en sont à l’origine. Ils ont créé l’anarchie, mais une telle situation ne devra pas durer. Le ministère est à cheval, je vous rassure, le marché ne restera pas ainsi. Les prix ne seront pas les mêmes d’ici le prochain Aïd El Adha, surtout si l’importation de viandes rouges se poursuit». M. Azaoui a ajouté : «Ce sont les spéculateurs et les intermédiaires qui font grimper les prix, il suffit juste de voir que les moutons de 50 000 DA se vendent à 80 000 DA et plus pour le confirmer». En guerre contre les intermédiaires et les spéculateurs, les responsables du ministère du Commerce semblent avoir encore du pain sur la planche pour réguler le marché aux bestiaux.