Les ratés de la diplomatie marocaine et ses réseaux de lobbying

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Il ne fait de doute pour personne que la diplomatie marocaine est en difficulté pratiquement sur tous les continents, où ses réseaux de lobbying volent de revers en déception dans leurs tentatives de faire admettre au monde un fait accompli sur le Sahara occidental contraire à la légalité internationale.

Les grosses sommes d’argent dépensées par le Makhzen pour l’achat des consciences et les tentations multiples proposées aux diplomates des pays étrangers pour les corrompre n’ont eu souvent pour résultats que des tweets éphémères. Les exemples ne manquent pas. Le plus récent nous vient du Kenya, où lors de l’investiture de son nouveau président, le chef du Polisario et non moins président de la RASD a bien été reçu avec les honneurs qui siéent à un chef d’Etat, mais coup de théâtre de dernière minute, à peine la cérémonie terminée, le président de ce pays de l’Afrique de l’Est, Wiliam Samoei Ruto, a posté un tweet pour le moins inattendu. À savoir le retrait de la reconnaissance par son pays à la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Certes, le président kenyan a dû succomber aux chants des sirènes, lorsqu’il avait reçu en audience le MAE marocain Nasser Bourita, qui lui a promis monts et merveilles, notamment des projets économiques dans divers domaines. Cependant, l’effet de la magie a été de courte durée et l’euphorie du Makhzen l’a été tout autant, puisque dans la soirée même, le président Ruto se ravise, supprime le post en question et le remplace par un autre rappelant la position de principe d’attachement aux résolutions des Nations unies prévoyant un processus d’autodétermination du peuple sahraoui.

Le vice-président kenyan réitère la position ferme de son pays au sujet des relations diplomatiques avec la République sahraouie.

Échec de la diplomatie du tweet

Le ministère des Affaires étrangères du Kenya fait officiellement référence au soutien du pays à la résolution 690 (1991) du Conseil de sécurité de l’ONU qui appelle à l’autodétermination du Sahara occidental par le biais d’un référendum libre et équitable administré par l’ONU et l’UA, et gifle le Makhzen : «Le Kenya ne mène pas sa politique étrangère sur Twitter.»

«Il convient également de noter que le Kenya ne mène pas sa politique étrangère sur Twitter ou sur tout autre plate-forme de médias sociaux, mais plutôt par le biais de documents et de cadres officiels du gouvernement», ajoute le même document dans une réponse cinglante au royaume alaouite. Question de lui rappeler la faillite de sa diplomatie basée sur des tweets, comme cela a commencé avec Trump pour annoncer la reconnaissance de la pseudo-souveraineté marocaine qui n’a pourtant rien changé sur le terrain. Mais le Makhzen a prouvé encore une fois qu’il était «mauvais élève» en diplomatie, puisqu’il aurait dû tirer les leçons de sa mauvaise aventure au Pérou.

La leçon du Pérou

En s’aventurant dans une Amérique latine totalement acquise à la cause sahraouie, l’apprenti-diplomate Bourita était certainement loin de s’attendre à récolter un échec supplémentaire à sa diplomatie improvisée. Le retrait de la reconnaissance de la RASD par le MAE péruvien – obtenu à coups de soudoiements dont 120.000 t de phosphate et une enveloppe financière conséquente reçue à Lima – n’a pas fait long feu. Une vingtaine de jours seulement sont passés avant que le chef de l’Etat du pays sud-américain ne recadre son chef de la diplomatie en rappelant la position de soutien à la RASD et réitère sa décision de rétablir des relations diplomatiques avec la République sahraouie, conformément aux principes et exigences de la légitimité internationale. Désavoué, le MAE quitte le navire du gouvernement et démissionne de son poste

De revers en revers, la diplomatie marocaine n’en est pourtant pas à son dernier, en dépit des tentatives de corrompre les diplomates africains. Un document du MAE du régime alaouite datant de 2015, et qui circule sur le net, en apporte la preuve. Il ordonne à ses représentations de distribuer des enveloppes individuelles de 5000 euros et des prises en charge des frais d’hôtellerie pour les délégations de 30 pays «amis». Tout ça pour ça. La République sahraouie continue d’enregistrer des victoires diplomatiques, car après le Kenya, le président angolais reçoit le président sahraoui Ibrahim Ghali. Le premier ministre marocain Akhannouch était contraint de prendre place non loin d’Ibrahim Ghali, lors de la cérémonie de nomination du nouveau président de l’Angola.

Déboires tous azimuts

Et le régime chérifien n’en est pas au bout de ses déboires. La résistante sahraouie a bien été reçue au parlement français, et le journal « L’Humanité » met en lumière la lutte de l’activiste sahraouie et sa résistance pacifique contre l’occupation marocaine. La France interdit aussi l’importation des produits agricoles (tomates et melon) des territoires sahraouis, conformément à un jugement rendu par la Cour de justice européenne au Luxembourg ayant annulé les accords des échanges commerciaux et des produits halieutiques européens-marocains.

Même la Ligue arabe s’est mise de la partie, en déclarant qu’elle n’a pas de position sur la question du Sahara occidental depuis l’émergence du conflit, battant en brèche les assertions au sujet de prétendus soutiens de la Ligue arabe au Maroc sur la question de Sahara occidental.

A. R.