L’Espagne a peur pour son activité portuaire

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/Suite au revirement de Madrid sur la question du Sahara, la presse espagnole s’attend à la multiplication des sanctions par l’Algérie.

Outre la révision à la hausse des prix du gaz algérien et l’exclusion de la destination Espagne du nouveau plan d’Air Algérie qui a beaucoup affecté la compagnie Iberia, le journal espagnol L’Informaçion évoque d’éventuelles sanctions commerciales par l’Algérie et qui auraient des conséquences drastiques sur l’activité portuaire, notamment dans le port de Valence qui est le point d’entrée et de sortie des marchandises dans le pays avec 85 millions de tonnes (5,6 millions de conteneurs) en 2021. «C’est le port naturel de Madrid, les deux Castilles, Séville, Murcia et Almeria qui représentent 55% du PIB espagnol» rappelle le journal.

Ce serait un coup dur

«Une punition pourrait également être étendue au commerce de marchandises, pour sanctionner l’attitude de Sanchez qui poursuit sa feuille de route puisqu’il est attendu à Rabat en fin de semaine pour acter la réconciliation avec Mohamed 6», lit-on dans les colonnes du journal dans son édition d’hier.  En fait, l’Algérie se positionne à la 6e place en matière d’échange commerciaux avec l’Espagne et d’éventuelles sanctions algériennes pourraient compromettre l’activité dans les principaux ports du pays. «L’Algérie est le sixième pays avec le plus d’activité dans le port de Valence, en matière de chargement, le déchargement et de transit. Au cours des deux premiers mois de l’année 2022, ce qui a été le plus échangé, ce sont les produits agricoles et d’élevage, les produits chimiques, le papier, les pâtes, les fruits, les légumes et les légumineuses ou les matériaux de construction. Alors que dans le port de Sagunto, où se trouve l’usine de regazéification qui abrite le GNL du territoire algérien, dans la même période, l’échange a été de cinq millions de tonnes, derrière les États-Unis», explique le journal L’Informacion qui cite des sources au sein des autorités portuaires espagnoles. En effet, «aujourd’hui, tout est normal avec les ports d’Oran et de Ghazaouet. Ce que nous avons, pour le moment, c’est de l’inquiétude, jusqu’à ce que l’Algérie confirme quelque chose», a souligné Jesus Caicedo, président de l’Autorité portuaire d’Almeria, cité par le journal.

L’opposition tire la sonnette d’alarme

D’autres ports qui seraient également touchés par les relations tendues avec le voisin nord-africain sont tous ceux qui complètent la côte est et sud-est, comme Barcelone, Carthagène ou Motril. Les biens que l’Espagne exporte principalement vers l’Algérie sont très variés ; et ceux-ci vont des machines et dispositifs mécaniques au papier, carton, combustibles minéraux et matières plastiques. «En revanche, dans les importations, moins diversifiées, il convient de souligner les hydrocarbures (92% de nos achats totaux), les engrais et les produits chimiques inorganiques.» Enfin, face à un avenir incertain, la classe politique espagnole n’a pas tardé à réagir à la position du Premier ministre espagnol qui, selon elle, agit en solo en engageant l’avenir du pays dans une bataille «perdue» à l’avance en particulier durant cette période des plus cruciales où l’inflation a atteint des niveaux très inquiétants pour se stabiliser à 10%. Il y a quelques jours, le nouveau chef de l’opposition, Alberto Nunez Feijoo, s’est écrié devant ses partisans : «Il faut respecter la politique étrangère, elle n’appartient pas à un seul homme, mais à tous les Espagnols.»

A. B.