PAR SAMIR LESLOUS
Coup dur pour la société Duro Felguera qui a été suspendue de la Bourse en Espagne par la Commission du marché des valeurs mobilières, CMNV, suite à la réclamation, par le groupe algérien Sonelgaz, d’une indemnisation de 417 millions d’euros dans l’affaire de la suspension du contrat de réalisation de la méga-centrale électrique de Djelfa.
Selon les médias espagnols qui ont rapporté l’information, «la CMNV avait accepté de suspendre par précaution et avec effet immédiat la négociation des titres de Duro Felguera pendant la diffusion d’informations pertinentes sur ladite entité». Pour sa part, Duro Felguera, dont le capital a été racheté par les mexicains Grupo Prodi et Mota Engil México, a confirmé, selon les mêmes médias, que le groupe Sonelgaz lui avait, en effet, adressé une demande d’arbitrage présentée à la Chambre de commerce et d’industrie (CACI) pour demander la levée de la suspension du contrat et sa reprise ainsi qu’une indemnisation d’environ 413 millions d’euros. Toutefois, Duro Felguera annonce qu’elle «présentera son opposition écrite à la demande d’arbitrage avant le 10 décembre prochain et rejettera la demande de Sonelgaz», arguant que «la suspension du contrat par Duro Felguera est conforme à la loi».
La démarche de Duro Felguera s’inscrit, faut-il le souligner, en contradiction avec les propos tenus en juin dernier par son nouveau PDG, Jaime Isita Portilla, qui s’est dit «prêt à négocier» avec Sonelgaz. Une option dont les observateurs ont cru voir un début de concrétisation lorsque, deux semaines plus tard, l’ambassadeur du Mexique en Algérie a été reçu par le PDG du groupe Sonelgaz. Ceci, d’autant que l’ambassadeur, José Ignacio Madrazo Bolivar, qui s’exprimait à l’occasion, s’était dit «déterminé à relancer ce partenariat dans le cadre d’une nouvelle vision reposant sur le principe gagnant-gagnant».
A dire vrai, Duro Felguera ne s’est tout simplement pas départi de ses vieux réflexes qui ont fait naître ce différend avec la société algérienne et aussi de nombreux autres différends dans de nombreux autres pays dans le monde. Des différends qui ont fini par la mettre dans une situation de grosses difficultés financières et même la traîner dans la boue jusqu’à sa reprise par les Mexicains.
Pour rappel, avec l’Algérie, Duro Felguera a signé, en 2014, un contrat de réalisation à Djelfa d’une centrale électrique de 1250 MW, composée de quatre turbines à gaz et deux turbines à vapeur ainsi que quatre chaudières de récupération de chaleur. Seulement, ce projet de 544 millions d’euros qui devait être réalisé en 40 mois n’a pas connu le début de sa réalisation 10 longues années plus tard, et ce, pour des raisons purement internes à cette société espagnole.
Le 20 juin dernier, soit après des années de retard et de négociations infructueuses, le groupe espagnol a annoncé la suspension purement et simplement les travaux de ce contrat en évoquant des «raisons non imputables» à l’entreprise pour ainsi justifier l’abandon du chantier. Ce qui a amené le groupe Sonelgaz à désigner sa filiale, Inerkib, afin d’aller au bout du chantier de ce mégaprojet et ensuite à lancer une action en arbitrage qui voilà rattrape la société espagnole en Bourse.