L’État sera plus regardant sur l’efficacité de ses dépenses : Faïd détaille les enjeux de la réforme budgétaire

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Faid

Tout en continuant à placer au rang de priorité le financement de ses actions sociales et économiques, l’Etat sera désormais plus regardant sur l’efficience et la transparence de ses dépenses budgétaires, à la faveur de la réforme mise en place à cet effet à travers la nouvelle loi organique relative aux lois de finances qui induit de nouveaux paradigmes quant à la gestion de l’argent public.

PAR R. AKLI

Invité hier au forum du quotidien El Moudjahid, le ministre des finances Laâziz Faïd a ainsi fait état d’un « changement radical » dans les modes de gouvernance et de gestion des finances de l’Etat, en passant d’une approche basée sur « les budgets moyens » à une nouvelle méthodologie de fonctionnement axée sur « des budgets-programmes ». Avant la réforme budgétaire induite par la nouvelle loi 18-15 relative aux lois de finances, le budget de l’Etat, a-t-il rappelé, était réparti entre « dépenses de fonctionnement et dépenses d’équipement ». Désormais, a-t-il précisé, « avec l’entrée en vigueur en 2023 de cette loi, les
dépenses seront ventilées en 50 portefeuilles de programmes et 309 sous-programmes pour 33 ministères et 17 institutions publiques », ce qui charrie, a-t-il relevé, « une véritable restructuration du schéma et de la nomenclature budgétaire par rapport à 2022 ».

«Constitution financière»

Aussi, a-t-il assuré, la nouvelle loi relative aux lois de finances tient lieu d’une véritable « constitution financière » qui instaure « une autre façon de gérer les finance publiques avec l’introduction des nouvelles notions de performance, de résultat et de coût réel du service public ». En ce sens, a-t-il indiqué, la nouveauté induite par cette loi qui renvoie également à d’autres textes comme celui relatif à la comptabilité publique, « est de passer désormais d’une logique de comptabilité de caisse », observée auparavant, « à une approche basée sur une comptabilité budgétaire générale, patrimoniale et analytique ». A travers ces trois
niveaux de comptabilité qui seront appliqués à la gestion de l’argent public, l’objectif
premier, a avancé le ministre, « est de mieux connaître et mieux gérer le coût réel du service public ». A l’image de ce qui se fait dans une entreprise économique, a-t-il illustré, il
s’agit ainsi de mieux évaluer « combien coûte un patient, un étudiant, un mètre cube d’eau, un mètre linéaire de route ou d’autoroute » et tout autre équipement ou prestation financés sur le budget de l’Etat. « Tout cela sera donc retracé dans le détail et l’on pourra ainsi avoir une qualité d’information plus transparente, plus judicieuse, plus réaliste » sur les dépenses budgétaires, a affirmé le premier argentier du pays en soulignant que « c’est là une réforme très très importante, dont les effets ne sont pas encore connus, mais qui seront bien plus visibles dans les deux ou trois prochaines années ».

«Nouvelle architecture»

Il est question, a-t-il développé, « de changer de mode de gestion et de travail, ce pourquoi il faudrait laisser le temps aux acteurs de la dépense publique de s’approprier ces nouveaux instruments », l’enjeu premier dans cette première phase, a-t-il jugé, étant « de bien mettre en place cette nouvelle architecture pour laquelle il y a encore tout un travail de formation et de suivi permanent à accomplir ». Les changements, a fait observer le ministre, s’accompagnent parfois de résistances mais, a-t-il fait valoir, « cette réforme budgétaire a
désormais atteint un stade de non-retour et nous sommes déjà aujourd’hui à la deuxième année de la mise en œuvre de la nouvelle loi relative aux lois de finances ». Et de souligner en définitive que cette démarche intègre les enjeux d’une réforme de l’Etat « en profondeur pour aller vers de nouvelles notions de contrat de performance, d’objectifs et d’évaluation », celle-ci pouvant être, at-il rappelé, synonyme de sanctions positives ou négatives.

R. A.