Par R. Akli
Intensification des opérations de contrôle sur le terrain, plafonnement des prix de vente de produits de première nécessité, nouvelles mesures pour fiscaliser des activités commerciales non- déclarées, limitation de l’usage du cash, déblocage de domiciliations bancaires pour certaines importations… Ce sont autant de mesures et d’actions déployées ces quelques derniers mois par les pouvoirs publics aux fins d’accélérer la réorganisation de la sphère commerciale domestique, de garantir une stabilité des prix et des approvisionnements des marchés internes en divers biens de consommation et de lutter efficacement contre les pratiques spéculatives et les activités commerciales informelles. De fait, les agents de contrôle relevant des différentes directions du commerce intérieur à travers le pays n’ont cessé ces dernières semaines d’intensifier les opérations d’inspection à même le terrain, ciblant tout autant la saisie de produits importés illégalement et revendus dans les commerces de proximité que les contrôles sur la disponibilité et le respect des prix de certains produits de large consommation soutenus par l’État, tel que le café et autres. Des campagnes de contrôle et d’inspection qui prennent une ampleur inédite et qui ne manquent pas de mettre sous pression les commerçants indélicats, tenus désormais au strict respect des lois censées régir l’exercice de l’activité commerciale, dont surtout le respect des prix plafonnés par l’État sur les produits subventionnés, l’étiquetage, la facturation, l’affichage des prix et autres règles de base. Parallèlement, de nouvelles mesures d’ordre organisationnel et législatif sont également initiées à travers une nouvelle approche multisectorielle visant à normaliser pour ainsi dire la sphère commerciale nationale, en renforçant la lutte contre l’informel prédateur d’une part, et en favorisant l’insertion de l’informel de survie dans les circuits économiques légaux d’une autre part. C’est la cas notamment des nouvelles mesures mises en place dès le début de l’année en cours pour bannir l’usage du cash pour le règlement de transactions commerciales dans certains domaines réputés pour être des lieux privilégiés pour le blanchiment et la fraude fiscale, à l’instar notamment de l’immobilier. C’est le cas par ailleurs des nouvelles dispositions édictées tout récemment pour favoriser la fiscalisation de certaines activités commerciales non-déclarées en vue de leur intégration dans les circuits officiels, à savoir les transactions à but lucratif opérées entre particuliers de manière répétitive et qui devraient désormais être soumises aux impôts et taxes prévues par la législation fiscale, en vertu d’un nouvel arrêté interministériel publié tout récemment dans le journal officiel. Dans l’ensemble, une stratégie pragmatique et de longue haleine semble désormais être privilégiée par les pouvoirs publics pour réorganiser et normaliser graduellement la sphère commerciale domestique, en mettant l’accent non seulement sur le renforcement de l’arsenal «répressif» contre les pratiques spéculatives, le fraude et le blanchiment, mais également sur les solutions structurelles visant la canalisation d’activités informelles vers les circuits officiels à travers, entre autres, des mesures de recensement de la population fiscale, de simplification des procédures fiscales et de développement de moyens de paiement modernes et traçables pour limiter l’usage du cash et favoriser ainsi la bancarisation de l’importante part de la masse monétaire qui continue à graviter hors banques. A plus court terme, l’activation attendue pour la fin du mois en cours d’un nouveau dispositif de régulation du commerce extérieur à travers la mise en place de deux nouvelles agences pour gérer l’import-export, devrait également contribuer grandement à améliorer l’organisation de la sphère commerciale domestique en garantissant surtout une meilleure gestion des programmes d’ importations, de sorte à stabiliser les approvisionnements du marché national et mettre ainsi fin aux ruptures et pénuries intempestives en certains intrants et biens de consommation essentiels.