L’euro pique du nez au square Port-Saïd

0
102607
éradication du marché de change parallèle

Par R. Akli

Après une certaine euphorie qu’il a connue ces quelques dernières semaines, sous l’effet notamment de la réinstauration effective des importations de voitures de moins de trois ans, le marché parallèle des devises semble replonger à nouveau dans la morosité et la volatilité, l’euro évoluant ces derniers jours en léger recul par rapport à la monnaie nationale sur le marché parallèle.

Début mars courant, faut-il en effet rappeler, le cours de la monnaie européenne unique, qui fait office de devise essentielle sur le marché informel, caracolait à 225 DA pour un euro, un niveau historiquement haut selon des cambistes du Square, impulsé, selon eux, par le feu vert officiel donné par les autorités au dédouanement de véhicules usagers au profit de particuliers.

En bout de course, cette espèce de bulle quelque peu inattendue semble s’éloigner aussi vite qu’elle est apparue, l’euro retrouvant à nouveau une courbe baissière ces quelques derniers jours en fluctuant autour d’un cours moyen de 220 DA.

Dans l’ensemble, des cambistes du Square Port-Saïd, haut lieu du commerce informel des devises au niveau de la capitale, évoquent surtout un état de morosité générale habituellement indissociable de cette période de début du mois de ramadan où l’activité générale connaît une certaine stagnation et où les ménages et les particuliers réservent plutôt leurs bourses à leurs besoins de consommation immédiate.

Les cambistes nous expliquent aussi que durant ce mois de ramadan, les voyages des trabendistes vers la Turquie et la Chine sont en nette baisse, sachant que ce sont eux les plus gros «consommateurs» de devises

Tendance baissière

Au-delà cependant de ces facteurs baissiers liés aux circonstances passagères qui caractérisent ordinairement ce mois de jeûne, les avis divergent quant aux évolutions à venir du marché parallèle des devises, les uns anticipant un regain de vigueur des principales devises échangées dès la fin du ramadan, tandis que d’autres, plus nombreux, pronostiquent plutôt un ralentissement durable et structurel de l’activité du marché évoquant surtout un net recul de la demande avec la libération des importations.

Un facteur essentiel de baisse des cours, auquel s’ajoutent, selon ces cambistes, un recul de la demande liée habituellement aux périodes de pèlerinage à La Mecque, et ce, expliquent-ils, du fait de «la cherté de la vie en Arabie Saoudite, ce qui pousse les pèlerins à faire l’essentiel de leurs achats en Algérie avant même leur départ».

Quant à l’impact attendu des importations de voitures de moins trois ans sur la valeur des devises, les courtiers du marché informel redoutent déjà un essoufflement prématuré de l’engouement ressenti lors de l’annonce de cette mesure, car, estiment-ils, «les prix de l’occasion en Europe sont actuellement très élevés et les procédures de dédouanement de ces véhicules risquent finalement d’être très compliquées, voire carrément dissuasives».

Cela, d’autant plus que des voitures neuves sont désormais disponibles sur le marché. C’est dire toute l’incertitude et la morosité qui règnent actuellement sur les circuits parallèles du change, bien que les termes d’échange et les cours y demeurent suffisamment attrayants, en l’absence surtout d’alternatives suffisantes en termes d’offre et d’accès aux devises fortes sur le marché officiel.

R.A.