L’herboristerie au temps du Covid, un commerce à succès

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/Les hôpitaux, les cabinets et centres médicaux, les cliniques ainsi que les pharmacies n’ont pas été les seuls à être pris d’assaut, ces dernières semaines. Face à l’augmentation du nombre de cas de Covid-19, les herboristeries l’ont été également.

Beaucoup se sont tournés vers la médecine traditionnelle en optant pour des tisanes faites à base de plusieurs plantes afin de renforcer leur système immunitaire ou tout simplement pour se soigner du Coronavirus et de la grippe saisonnière. Les herboristes ont fait donc à leur tour le plein et ont vu leur commerce fleurir. Plusieurs d’entre eux ont d’ailleurs profité de cette pandémie mondiale afin de réaliser de jolis chiffres de vente. Alors que ce business n’attirait pas grand monde, l’apparition du virus a changé la donne. La preuve, le nombre de magasins spécialisés dans la vente des plantes médicinales a augmenté. Aujourd’hui, on en trouve dans presque tous les quartiers de la capitale, ce qui prouve que les citoyens optent de plus en plus pour ce genre de traitement qu’ils peuvent se procurer au bout de quelques minutes seulement grâce à des recettes traditionnelles apprises des ancêtres.

Les plantes les plus demandées et leurs prix

Pour avoir une idée précise des plantes qui sont les plus demandées et celles qui se vendent le plus, nous avons pris la direction de l’un des marchés les plus connus de la capitale. Nous nous sommes rendus à Meissonnier et c’est par les employés du magasin Epicia que nous avons été reçus. Une fois sur place, on constate que plusieurs plantes sont disponibles mais pendant la 4e vague du Coronavirus, c’est la verveine, le thym, le gingembre frais, le girofle, la moringa et le costus qui étaient les produits plus demandés. Pour ce qui est des prix, la verveine se vend actuellement à 400DA/100g.  La même quantité de thym coûte 300DA, le gingembre frais 190DA alors que les clous de girofle reviennent à 380DA/100g. La moringa a atteint les 280DA/100g alors que le costus qui est une plante indienne est vendu à 380DA/100g.

«On n’a jamais eu autant de demande que lors de la 4e vague»

Dans le magasin Epicia, nous avons noté la présence de trois vendeurs, mais c’est le gérant qui a bien voulu nous faire visiter les lieux. Ce dernier est revenu sur la charge de travail qu’ils ont eu ces dernières semaines. «C’est vrai que nous n’avons jamais eu autant de clients que lors de la 4e vague du Coronavirus. Plusieurs personnes ont préféré opter pour les plantes médicinales. Il y a eu du coup une ruée sur les produits mais finalement nous avons su gérer la pression et la grande demande. Nos clients ont été bien servis, c’est le plus important à nos yeux. Si nous faisons ce métier, c’est aussi par passion et pour que nous puissions aider tous ceux qui nous sollicitent. Lors des précédentes vagues, il y a eu une forte demande, mais celle de ces dernières semaines étaient la plus difficile à maîtriser tellement le nombre de contaminations a grimpé, les gens voulaient à tout prix s’offrir des cocktails de plantes pour se soigner ou tout simplement se prémunir face à la menace Omicron.»  

«Le thym et la verveine étaient indisponibles, il y a quelques semaines»

A la question de savoir si son magasin a connu des ruptures de stock, notre interlocuteur nous a dit : «Certains produits étaient indisponibles. Le thym ou encore la verveine étaient introuvables mais nous avons fini par nous approvisionner. Maintenant, tout est rentré dans l’ordre. Comme vous pouvez le constater aujourd’hui, toutes les plantes sont disponibles. A l’approche du mois de ramadan, les épices sont aussi disponibles et je peux vous assurer que la situation est sous contrôle, nos clients pourront trouver tout ce qu’ils cherchent chez nous et de notre côté nous tâcherons à être à la hauteur.»

«Les prix ont beaucoup augmenté depuis 2020»

En ce qui concerne les prix, le gérant d’Epicia ne nous a pas donné beaucoup de détails, se contentant de nous dire : «Oui, les prix ont augmenté depuis 2020 et c’est tout à fait normal. Je pense que tous les produits ont augmenté, pas uniquement ceux des plantes. La crise sanitaire a eu des répercussions sur plusieurs domaines notamment le commerce. La demande a augmenté et quand il y a une forte demande, c’est normal que les prix flambent. Je ne peux pas vous dire combien les produits coûtaient avant la pandémie car je ne me rappelle pas bien mais je peux vous dire qu’ils sont augmenté et ils risquent d’augmenter encore plus. Le prix des clous de girofle n’est pas celui d’il y a quelques années, idem pour le thym.» Concernant la moringa et le costus, il nous a dit : «La moringa est une plante qu’on importait mais désormais elle est disponible en Algérie, cette plante est riche en vitamine C. le costus est une plante indienne, c’est des bâtons qu’on passe au mixeur pour obtenir une poudre. Ça sert à traiter la gorge, donc elle a été efficace dans la lutte contre le variant Omicron.»

Médecine traditionnelle, croyances et réalités

Si certains ont préféré se rendre chez le médecin pour avoir leur traitement lorsqu’ils ont été contaminés et affaibli par le virus, d’autres ont choisi la médecine traditionnelle. Plusieurs personnes sont persuadées que prendre des traitements à base de plantes est meilleur que d’opter pour des produits fabriqués dans des laboratoires. «Beaucoup de gens, hommes ou femmes, préfèrent se soigner avec des tisanes plutôt que de prendre des antibiotiques. C’est des choix, chacun a sa façon de voir les choses mais ce qui est certain, c’est que beaucoup trouvent leur bonheur dans les plantes», nous a déclaré un vendeur.

«Il n’y a pas mieux que les traitements traditionnels»

Profitant de notre présence dans ce magasin, nous nous sommes rapprochés de quelques clients. Une dame, la cinquantaine, nous a dit à ce sujet : «Moi, je prends des médicaments mais je me fais aussi des tisanes. Dans tous les cas, les plantes ne peuvent pas être nocives au corps, c’est pour ça que je le fais. Les tisanes, ce n’est pas uniquement pour soigner ou lutter contre le coronavirus. Ça peut guérir du colon, des migraines, des insomnies et d’autres maladies dont souffrent des personnes âgées mais aussi des jeunes.» Une autre dame a enchaîné : «Il n’y a pas mieux que les traitements traditionnels, moi je suis une amatrice de tisanes et les prendre fait mon bonheur. Les plantes peuvent aider le corps à vaincre les virus, donc comme nos parents et nos grands-parents, nous continuerons à nous soigner avec des plantes.»

Mise en garde contre l’usage excessif des plantes médicinales

Ce qu’il faut savoir aussi, c’est que les médecins ont souvent mis en garde contre la mauvaise utilisation des plantes médicinales car certains cocktails peuvent s’avérer mauvais pour la santé. Mettre par exemple beaucoup de girofle dans une tisane peut jouer un mauvais tour pour une personne hypertendue. Au plus fort de la 4e vague de Covid, plusieurs médecins ont alerté contre le recours abusif aux plantes médicinales, sans doute après avoir constaté des dommages collatéraux.

F. C.