Par Djilali B.
Face à la persistance du chaos en Libye, entretenu, faut-il le rappeler, par les diverses ingérences étrangères mais aussi par les différends parmi les membres du Conseil de sécurité de l’ONU, l’Union africaine se distingue par son initiative pour la réconciliation nationale impliquant les différentes parties au conflit et la population.
Au début de cette semaine, soit les 10, 11 et 12 du mois en cours, une délégation de haut niveau de l’Union africaine, conduite par le président en exercice, M. Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani et Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’UA ainsi que Jean Claude Gakosso, ministre des Affaires étrangères congolais qui préside le Comité de haut niveau de l’UA sur la Libye, était à Tripoli dans le cadre de l’initiative africaine pour la réconciliation interlibyenne ; un processus devant aboutir à la tenue d’élections générales. L’initiative de réconciliation se veut un moyen de rencontre entre non seulement les acteurs politiques du pays, mais aussi la société civile et les personnalités influentes pour l’adopter. D’ailleurs, le chef de la diplomatie congolaise, président du Haut comité de l’UA pour la Libye, était plutôt optimiste après cette mission à Tripoli. «Le processus est en bonne voie», a indiqué à l’AFP M. Jean Claude Gakosso. Il s’agissait, selon lui, de rallier toutes les parties autour d’une charte de la réconciliation ; une charte qui serait un prélude à la tenue des autres processus politiques, les élections, présidentielle et législatives. «La mission que nous venons d’accomplir en Libye avait pour but de susciter l’adhésion massive à la charte de réconciliation qui a été élaborée par les Libyens eux-mêmes et qui devrait en principe être signée au cours d’une cérémonie solennelle à Addis-Abeba, au siège de l’UA», avait-il souligné, selon RFI.
Baliser le chemin des élections
Par ailleurs, la délégation de l’UA a rendu public un communiqué dans lequel elle évoque les contours de sa mission à Tripoli. «Dans le cadre des efforts que déploie l’Union africaine pour renforcer la solidarité avec le peuple libyen pour surmonter les défis conjoncturels qu’il affronte, et soutenant le processus de réconciliation nationale, une mission de l’UA présidée par El Ghazouani, président de la Mauritanie, et le ministre des Affaires étrangères du Congo, président du Comité de haut niveau sur la Libye, ont effectué les 10 et 11 octobre courant une visite à Tripoli», mentionne le document. Il est précisé que la délégation a rencontré «le président du Conseil présidentiel, M. Mohamed El Menfi, et le chef du gouvernement de l’Union nationale, Abdelhamid Debeiba». «Les deux parties ont abordé, selon la même source, le dossier de la réconciliation nationale et la nécessité de l’appuyer, dans une rencontre à venir, par l’approbation de la charte de réconciliation nationale dont les grands axes ont été présentés».
Le communiqué a annoncé «des discussions similaires avec les autres parties, dont les autorités de Benghazi, en second lieu».
«La charte est en quelque sorte un code de bonne conduite. Nous avons accompli la première étape et la seconde étape sera d’aller à Benghazi et ce sera dans quelques semaines. On va voir avec les agendas des uns et des autres, du maréchal Haftar et d’Aguila Saleh, le président du Parlement libyen à Tobrouk», a ajouté le diplomate.
«Le but est de baliser le chemin des élections à venir parce que le processus électoral s’est enlisé en 2021. Il faut absolument passer par des élections générales. Or, les élections peuvent être source de violences. Donc, il faut composer avec tout le monde, il faut de la patience, il faut de la subtilité dans le langage. Sans être dans un optimisme béat, je pense que le processus est en bonne voie», a affirmé le diplomate congolais.
Il est utile de souligner encore que l’initiative africaine, inspirée de l’esprit de la réconciliation nationale algérienne, se veut, avant tout, une jonction entre deux démarches, d’abord africaine de réconciliation entre toutes les parties libyennes, et onusienne, plutôt administrative liée essentiellement à l’organisation des élections générales. L’UA s’active pour dépasser les clivages entre les membres du Conseil de sécurité de l’ONU de telle sorte à ne laisser pour la communauté internationale que l’organisation des élections. Et l’Union africaine est optimisme à ce propos.