Par Samir Ould Ali
Le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, est attendu aujourd’hui à Alger pour participer à un forum d’affaires qui rassemblera les opérateurs économiques des deux pays. Cette visite intervient dans un contexte marqué par l’amélioration remarquable des relations économiques algéro-italiennes ces dernières années, qui placent l’Italie comme principal partenaire économique européen de l’Algérie.
Grâce à la dynamique de coopération impulsée par les autorités des deux pays – notamment en 2022 avec la visite de Abdelmadjid Tebboune à Rome et la venue à Alger du Premier ministre italien de l’époque, Mario Draghi -, les échanges commerciaux avaient explosé cette année-là pour atteindre 20 milliards d’euros, contre 8 milliards en 2021.
En 2024, l’Italie a absorbé 24,4% des exportations algériennes, confirmant sa position de premier acheteur du pays. Les importations algériennes en provenance d’Italie se sont élevées à 2,57 milliards d’euros, dominées par les véhicules automobiles et les machines industrielles. Entre janvier et novembre 2024, le volume total des échanges s’est élevé à 12,5 milliards d’euros, en baisse par rapport aux 15,5 milliards de la même période de l’année précédente.
Les exportations algériennes sont bien entendu dominées par les produits énergétiques, dont le gaz naturel (8,5 milliards d’euros) qui répond à 40% de la consommation italienne. Les produits dérivés du raffinage du pétrole représentent par ailleurs 9% des exportations algérienne (897 millions d’euros), suivis par le pétrole brut (388 millions d’euros), et d’autres produits chimiques de base, le fer et l’acier, le ciment, la chaux et le gypse.
Les importations en provenance d’Italie sont, elles, dominées par le secteur automobile et les machines industrielles (750 millions d’euros), suivie par des importations de produits dérivés du raffinage du pétrole (229 millions d’euros) et d’autres produits comme les engrais, le plastique et les produits chimiques de base… (2,5 milliards d’euros).
Mais cela ne s’arrête pas là. La coopération algéro-italienne a été consolidée par d’autres projets de partenariat dans les secteurs agricole et automobile. On parle ainsi du mégaprojet agricole de Timimoun, qui représente un investissement de 420 millions d’euros, fruit d’un partenariat entre le groupe italien Bonifiche Ferraresi et l’Etat algérien, représenté par le Fonds national d’investissement (FNI). Ce projet s’étend sur 36 000 hectares destinés aux céréales et légumineuses, prévoyant la création de 6700 emplois entre 2024 et 2028. Le projet inclut également la mise en place d’unités de transformation pour la fabrication de pâtes alimentaires et des silos de stockage. Le groupe italien est, par ailleurs, disposé à créer un centre de recherche et de formation en Algérie, pour contribuer à l’augmentation de la production agricole à travers le transfert des technologies modernes de production. Le stock d’investissements directs étrangers italiens dans le pays algérien a atteint 8,53 milliards d’euros en 2023, contre 587 millions d’euros d’investissements algériens en Italie.
Au-delà de la coopération énergétique
Le secteur automobile est également en plein essor, avec l’implantation de Stellantis et la production de la première Fiat 500 made in Algeria en décembre 2023. Le projet prévoit une production annuelle de 90 000 véhicules et la création de 2000 emplois d’ici 2026, avec un taux de localisation dépassant 30%.
Parmi les secteurs de coopération qui ont déjà été évoqués entre les deux pays, les énergies renouvelables. Les deux pays explorent ainsi des opportunités dans le solaire, la géothermie et la valorisation énergétique des déchets. L’Algérie vise à développer ses capacités en énergies renouvelables, avec un programme visant à produire 15 000 MW d’énergie verte d’ici 2035.
L’interconnexion électrique entre l’Algérie et l’Italie est également en cours d’étude. Ce projet prévoit la réalisation d’un câble sous-marin pour relier les réseaux électriques des deux pays, permettant l’échange ou la fourniture d’électricité décarbonée à partir de sources renouvelables.
Autre axe de coopération entre les deux pays, le secteur des PME/PMI qui a fait l’objet, en 2022, de la signature d’un mémorandum d’entente à Rome lors de la visite du président Abdelmadjid Tebboune. Il a pour objectif de renforcer les liens entre les Petites et moyennes entreprises (PME) algériennes et italiennes, en facilitant leur développement et leur intégration dans les chaînes de valeur internationales. L’Italie a une longue expérience dans l’intégration de la sphère informelle au sein de la sphère réelle, ce qui pourrait être bénéfique pour l’Algérie dans le cadre de ses réformes structurelles.
Les deux pays cherchent à diversifier leur coopération économique en donnant la priorité aux secteurs des infrastructures, de l’innovation technologique, et des PME/PMI.
Les échanges culturels et universitaires sont également encouragés, avec des initiatives pour soutenir la recherche conjointe et la mobilité des chercheurs. Rappelons là aussi qu’un mémorandum d’entente a été signé l’année passée entre le ministère algérien de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et le ministère italien des Universités et de la Recherche. L’objectif étant de renforcer la coopération et de créer un réseau universitaire et de recherche commun entre les deux pays. Le mémorandum tend également à opérer la transition d’une université conventionnelle à une université entrepreneuriale pouvant contribuer à la création de richesses.